Mort de Kamilya à Vallauris: l’expert conclut à une "conduite dangereuse" du jeune motard et contredit sa version

L’expert en accidentologie mandaté par la juge a rendu ses conclusions sur les causes du drame qui a coûté la vie à une fillette de 7 ans, le 29 août 2024 à Vallauris. Elles contredisent la version du jeune motard.

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Christophe Cirone Publié le 03/06/2025 à 06:30, mis à jour le 03/06/2025 à 07:02
L’expert en accidentologie mandaté par la juge a rendu ses conclusions sur les causes du drame qui a coûté la vie à une fillette de 7 ans, le 29 août 2024 à Vallauris. Elles contredisent la version du jeune motard. Photo Frantz Bouton

Désormais, la juge d’instruction a toutes les cartes en mains.

Quelques jours après l’analyse du téléphone du jeune motard, un autre rapport d’expertise est parvenu à la magistrate grassoise qui enquête sur la mort de la petite Kamilya à Vallauris.

Ce document de près de 90 pages est au cœur du dossier.

Or ses conclusions, que BFM Nice Côte d’Azur et Nice-Matin ont pu consulter, contredisent en tous points la version de Mattéo.

Ce Vallaurien de 19 ans venait de quitter son travail au Lidl voisin, le 29 août 2024 peu avant 19h, quand il a percuté Kamilya, 7 ans, sur un passage protégé, avenue du Tapis-Vert. Il avait remonté une file de voitures à l’arrêt et levé la roue avant de sa Yamaha 700. La fillette est décédée trois jours plus tard. Sa mort a suscité une vague d’émotion dans la France entière, mais aussi indignation et incompréhension.

La moto a-t-elle pu se cabrer accidentellement? Mattéo a-t-il été surpris? Pouvait-il rouler à 30km/h comme il l’a affirmé? Ces questions ont été soumises à l’expert en accidentologie mandaté par la juge.

Ce professionnel niçois s’est appuyé sur les images de vidéosurveillance de la ville de Vallauris, sur l’analyse de la moto, et sur la reconstitution réalisée le 17 avril dernier. Il a rendu son rapport à la mi-mai. Ses conclusions sont sans ambiguïté.

"Une maîtrise certaine"

Kamilya s’est éteinte le 1er septembre 2024 à l’âge de 7 ans.

La Yamaha était dans "un état mécanique ne souffrant d’aucune défaillance", constate l’expert. Il décrit un "roadster léger et vif, même bridé", une moto "agile et maniable à souhait". Effectuer un cabrage sur la roue arrière "ne pose pas de difficulté", et peut "survenir maladroitement à la surprise d’un pilote qui serait inexpérimenté, ou plus particulièrement novice".

C’est le scénario qu’avait décrit Mattéo, le 11 septembre dernier, devant la chambre de l’instruction d’Aix-en-Provence. "La moto s’est levée. J’ai commencé à perdre l’équilibre." Mais pour l’expert, sa version se heurte à la réalité des images. Or celles-ci montrent "un lever de roue avant parfaitement dosé", "stabilisé".

Mattéo aurait déboîté "avec adresse et souplesse", accéléré, déclenché une impulsion et positionné son corps de façon à réaliser "une figure acrobatique réussie telle que le wheeling". L’expert conclut à "la maîtrise certaine et la parfaite aisance du pilote", tout le contraire "d’une personne affolée qui perd le contrôle". Il relève en outre la présence d’une paire de leviers courts sur la moto. Un équipement ajouté au modèle d’origine, "particulièrement adapté à la pratique du stunt" (acrobaties).

"Vitesse inadaptée"

L’avenue du Tapis-Vert a récemment été dotée d’équipements de sécurité. L’expert préconise de surélever les passages protégés. Photo Patrice Lapoirie.

La vitesse de la moto est estimée entre 46 et 52km/h, et 49km/h au moment de l’impact. Soit juste en-dessous des 50km/h autorisés avenue du Tapis-Vert. Mais cette vitesse était "inadaptée aux circonstances", au trafic dense, à la circulation en sens inverse et à l’approche d’un passage piéton. Dès lors, ce drame découlerait de "la conjonction de plusieurs facteurs", et plus particulièrement "d’une conduite dangereuse (inconséquente et proscrite) du motard".

A l’instant où Kamilya s’engage sur le passage protégé avec son frère, la voiture en tête de file s’est arrêtée. "Les deux enfants ont adapté une attitude des plus prudente en s’arrêtant devant le passage protégé pour signaler leur présence", souligne l’expert. "La petite Kamilya (...) ne pouvait se douter (...) qu’un autre véhicule pouvait surgir parallèlement." La fillette sera projetée 21,80mètres plus loin.

La colère des parents

Sa disparition a plongé sa famille dans "une tristesse quotidienne", "sans plus de goût à rien", soupire son père. Pour Slim Oussaya, "ce rapport montre bien qu’il était en maîtrise de sa moto, et qu’elle était équipée pour ce genre d’acrobatie. Ni ma fille, ni son frère n’ont participé à cette tragédie. Seul son comportement sur la route a causé sa mort." A l’heure où les députés planchent sur la création d’un délit d’homicide routier, Slim Oussaya n’hésite pas à parler de "meurtre".

Son avocat, Me Nabil Boudi, témoigne de "l’immense colère des parents. L’expert vient d’enterrer la thèse du mis en examen, qui indiquait que la roue arrière était un acte involontaire".

Contactée, l’avocate de Mattéo n’a pu être jointe. Son client est présumé innocent. Il appartiendra à la juge d’instruction de le renvoyer en correctionnelle. Et au tribunal de Grasse de le juger pour "homicide involontaire".

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