Mathieu Messina, l’homme au cœur du scandale politico-financier qui agite Menton depuis septembre 2023, a été interpellé mardi matin vers 6 heures, à Porto-Vecchio, où il était en vacances.
Le Corse de 39 ans, ancien adjoint aux Finances d’Yves Juhel, a été placé en garde à vue à Bastia. Les enquêteurs l’ont interrogé sur le dossier de détournements de fonds, de recel, de faux et usage de faux et de blanchiment présumés, jusqu’à mercredi soir.
À 22 heures, Mathieu Messina a été relâché sans qu’aucune charge ne pèse sur ses épaules à ce stade des investigations. Mais l’enquête est loin d’être terminée. 14 personnes ont été interpellées dans ce coup de filet intervenu mardi matin.
Une vaste opération conduite par le parquet de Marseille et réalisée par les policiers des SIPJ - service interdépartemental de la police judiciaire - des Alpes-Maritimes et de Corse. Le maire de Menton a également été placé en garde à vue, à la caserne Auvare, après avoir été interpellé à son domicile mentonnais, mardi matin. Yves Juhel a été libéré, lui aussi sans aucune poursuite. Pour le moment.
Mathieu Messina a accepté notre demande d’interview, en précisant qu’il ne souhaitait pas trahir les secrets de l’enquête. L’ex-patron des ports a, cependant, des choses à dire. Et il n’a pas sa langue dans sa poche.
Saviez-vous que les enquêteurs avaient prévu de vous interpeller ce mardi, en même temps qu’Yves Juhel, le maire de Menton?
J’ai été surpris qu’ils me trouvent à Porto-Vecchio, alors que j’étais en vacances. Mais, j’ai compris que j’étais filé depuis longtemps. Les enquêteurs ont vraiment mis le paquet dans cette enquête.
Quelle attitude avez-vous adoptée lors de votre garde à vue à Bastia?
Je n’ai pas menti, je n’ai rien minimisé. Je n’ai pas joué au con, pour parler vulgairement. J’ai tout déballé, je me suis mis à table, et j’ai surtout apporté des preuves, j’assume. J’ai assumé devant la police, j’assumerai devant la justice et je serai condamné.
Vous ressortez libre, sans qu’aucune charge ne pèse contre vous, cela peut paraître étrange...
Il me reste encore 8 ou 10 heures de garde à vue à faire, comme pour Yves Juhel. Je pense que l’enquête est bouclée, qu’il leur reste peut-être encore des choses qui sont sorties des interrogatoires à vérifier. Je pense que l’on sera déféré en septembre devant le juge, à Marseille. Mais, je suis serein et je suis content d’avoir pu répondre aux questions des enquêteurs.
Une source proche du dossier assure que les enquêteurs disposent de preuves flagrantes pour étayer le fait que la SPL a mis la main à la poche sur la campagne électorale d’Yves Juhel en 2022, ce dont le maire se défend farouchement...
Ce que je sais c’est que moi je n’ai pas cherché à fuir mes responsabilités. Il n’en est pas pareil de ces lâches qui n’assument rien. Comme le maire qui, je le maintiens, m’a demandé de me débrouiller pour me prendre un salaire, lui donner de l’argent et de payer les administrateurs de la SPL! Tous les leviers de contrôle de la collectivité ont été levés par Yves Juhel, sinon je n’aurai rien pu faire. Je pense aussi à tous ceux qui, si je n’avais pas mis les mains dans le cambouis et payé des dépassements de campagne, ne pourraient pas faire les beaux dans la rue aujourd’hui, serrer des mains, parce qu’ils n’auraient jamais été élus, il n’y aurait pas de mairie "Juhel", tant la campagne a été mal gérée. (1)
Toute cette affaire laisse une impression d’amateurisme: vous avez piqué dans la caisse sans même essayer de vous cacher vraiment, finalement...
On a été pire les pieds nickelés... C’est vrai.
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