Slobodan D., Serbe de 48 ans, se tient droit, du haut de son 1,95m. Un colosse. Son visage, surmonté d’un collier de barbe, est fermé. Très fermé. Il est enserré dans une veste trois quarts dont on voit, de dos, les coudières en cuir. Il comparaissait ce jeudi, devant le tribunal correctionnel de Nice, pour des violences et dégradation de bien, sur personne vulnérable.
Le 2 octobre dernier, à l’angle des rues Delfino et Arson à Nice, ce chauffeur VTC a asséné un coup de tête à une femme enceinte de neuf mois. La banale altercation entre automobilistes venait de dégénérer. La jeune femme victime affirme qu’après une queue de poisson, il lui a fait des doigts d’honneur. Et que, quand elle est descendue de la voiture pour réclamer des comptes, il s’en est pris à elle, non sans avoir au préalable cassé le rétro d’un coup de pied. Dans la voiture, le fils de la victime, âgé de dix ans, était en pleurs.
Un prévenu en récidive
Le prévenu nie les faits. Selon lui, pas de queue de poisson, pas de doigt d’honneur, pas de coup de tête. Le Serbe, qui est aussi videur de nuit au High club, affirme que c’était un geste de défense. En sortant de la voiture, la jeune femme qui fait largement une tête de moins, lui aurait foncé dessus. Il aurait alors baissé le menton dans un geste de défense - il mime à la barre - avant que le choc ne se produise entre eux. L’homme a ensuite pris la fuite.
Ses dénégations cadrent mal avec les faits. La vidéo surveillance atteste de la queue de poisson. Un témoin a assisté au coup de tête et à sa fuite. Pourtant, le Serbe fait bloc. Il affirme même qu’il n’avait pas vu que c’était une femme. Et que, quand il s’en est rendu compte après, il s’est senti mal, qu’il était "sous le choc".
Pour la victime, les dégâts sont là, avec sept jours d’ITT: "Plaie au niveau des lèvres, décalage des dents, luxation avec déplacements de quatre incisives, nécrose probable de deux incisives supérieures", indique l’expert. Elle doit encore suivre de lourds soins dentaires.
Le prévenu est en récidive, ce qui n’arrange guère son cas. La présidente du tribunal Isabelle Demarbaix Joando, s’agace. "Monsieur, vous venez de dire que vous êtes agent de sécurité, la maîtrise de soi, ça s’apprend." Me Marie Seguin, avocat de la partie civile, farouche et déterminée, a estimé les faits "inadmissibles", et s’est inquiétée de la personnalité du prévenu et de ses dénégations. Elle a évoqué un "manque de vérité, de loyauté".
L’avocat du prévenu, Me Vincent Ehrenfeld, a plaidé un geste involontaire, reconnu les faits pour le rétro cassé, mais demandé la relaxe des faits de violence, l’élément intentionnel n’étant selon lui, pas prouvé. Le tribunal a finalement suivi les réquisitions: quinze mois de prison dont cinq avec sursis, aménageables sous bracelet électronique. Ainsi qu’une suspension de permis de conduire. Il devra évidemment indemniser la victime.
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