Le visage blême, la parole heurtée par l’émotion, Amir découvre avec effroi le sort réservé aux (petits) trafiquants de stupéfiants: une audience de comparution immédiate estivale dans la salle numéro 4 du tribunal correctionnel de Draguignan, sa climatisation bruyante, son éclairage blafard et les regards empreints de reproches et de compassion de ses proches.
"Mon père ne va pas me pardonner, souffle-t-il à l’adresse de la présidente Laëtitia Nicolas. Cela va être très compliqué..." Fierté de ses parents, travailleur et plein d’ambition, le jeune homme de 23 ans comparaît pour transport et détention de stupéfiants. Le 22 juillet dernier, aux abords du stade de football de Montauroux, il a laissé tombé au sol son sac à dos à la vue de deux policiers municipaux avant de prendre précipitamment la fuite à bord d’un véhicule conduit par sa cousine.
À l’intérieur du sac, 1,114kg de résine de cannabis et 41 grammes de cocaïne. "Soit une valeur marchande de près de 7.000 euros", note l’auditrice de justice et représentante du ministère public Chloé Moulin.
"Huit à dix joints par jour"
Amir assure ne pas avoir su que son sac contenait "autant" de produits stupéfiants avant de le récupérer dans les vestiaires du stade. "Je devais le donner à quelqu’un, mais j’ai hésité quand j’ai vu qu’il était plus lourd que prévu."
Avouant une forte dépendance au cannabis - "entre 8 à 10 joints par jour" - le jeune homme a accepté de jouer la mule "en échange de consommation et après quelques coups de pressions". "C’est même pour l’argent, mes parents m’ont toujours donné ce dont j’avais besoin. Je suis dans un mauvais groupe... Mais dans le coin, tout le monde se connaît." - "C’est surtout votre dépendance à ce produit qui vous tire vers le fond, le sermonne la future magistrate. Et elle ne va pas disparaître en deux semaines. Il va falloir faire un effort."
"Tout cela, ce n’est pas son monde, soulève Me Eric Scalabrin en défense. Il a une véritable intégration à la loi. Son permis de conduire a été suspendu et depuis, il n’a plus touché un véhicule. Quand les gendarmes l’ont convoqué, il s’est présenté en garde à vue avec son téléphone et a donné ses codes. Il n’avait pas conscience des conséquences de ses actes."
Primo délinquant, Amir profite de la clémence du tribunal pour éviter de passer l’été derrière les barreaux. Il est condamné à un d’emprisonnement dont six mois ferme à effectuer sous bracelet électronique. Au domicile familial. Sous les yeux de son père.
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