Il avait fabriqué un stylo-pistolet façon James Bond: un accusé de 80 ans jugé pour avoir tué son voisin à Antibes

Assises Un accusé âgé de 80 ans est jugé à Nice, depuis ce mardi, pour le meurtre d’un ami avec qui les relations s’étaient dégradées. Un conflit autour d’une place de parking aurait été le déclencheur du drame.

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Christophe Cirone Publié le 23/04/2025 à 08:08, mis à jour le 23/04/2025 à 08:08
L’accusé, vêtu d’un costume et s’aidant d’une canne, est défendu par Me Annabel Marie. Photo Christophe Cirone

"Levez-vous, je vous prie." La présidente de la cour d’assises invite l’accusé à prendre la parole. Louis Haniche, 80 ans, se lève péniblement de son banc. Il va s’avérer volubile. La canne à ses côtés témoigne de son grand âge, un âge exceptionnel dans un procès criminel. Exceptionnelle, l’affaire jugée depuis ce mardi à Nice l’est à plus d’un titre.

Louis Haniche est accusé du meurtre d’Ali B., 45 ans, son ancien voisin et ami. Ce quadragénaire est mort le 16 décembre 2016 à Antibes, devant le 161 chemin des Groules, où habitaient leurs deux familles. Une balle de calibre 22 long rifle lui a perforé le thorax.

Particularité: le projectile a été tiré par un... stylo-pistolet. Une arme de confection artisanale. Louis Haniche l’avait fabriquée lui-même, à l’âge de 16 ans, "à l’époque des James Bond et des stylos-revolvers".

Interpellé sur place, Louis Haniche passera une année en détention provisoire, avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Il aura dû patienter plus de huit ans pour être enfin jugé, libre. Il conteste avoir voulu tuer, et plaide la légitime défense.

"Je n’en pouvais plus!"

Le soir du drame, Louis Haniche arrive du Doubs, où il réside principalement. Impossible de se garer: toutes les places sont prises par les véhicules d’Ali B. Une fois de plus. Il toque à sa porte. Selon lui, son voisin sort "comme un fou".

Louis Haniche fait demi-tour. Il est mis à terre. "Il m’a mis des grands coups de poing dans le thorax et sur la tête. Il a essayé de m’écraser la tête." Louis Haniche sort alors de sa veste le fameux stylo-pistolet. Il tire. Un coup fatal.

"Je n’ai pas voulu la mort de M. B. Jamais!, martèle l’accusé face aux jurés. Si j’ai tiré, c’est que j’étais roué de coups. Je n’en pouvais plus! Le coup est parti. Mais je n’ai absolument pas visé. On ne peut pas viser, c’est impossible!", assure-t-il en mimant le geste. L’arme n’a jamais été retrouvée. Mais elle a bien existé, comme en attestent ses croquis et l’expert balistique.

Plus qu’un conflit de voisinage

À leur arrivée, sapeurs-pompiers et policiers découvrent l’épouse d’Ali B., enceinte, en état de choc. Elle expose d’emblée l’origine du différend: une place de parking. "La pomme de la discorde", convient la présidente Emmanuelle De Rosa. Mais "c’était un alibi". En réalité, l’affaire serait plus complexe...

L’accusé et la victime étaient tous deux originaires du Doubs. Ils se connaissaient depuis des décennies. "On était amis. C’était quelqu’un que j’appréciais. Mais il avait de gros soucis..." L’ancien commerçant aurait fait venir Ali B. à Antibes pour l‘éloigner de la délinquance. Il lui a trouvé un snack à reprendre à Juan-les-Pins. "Il travaillait bien. Mais il a commencé à fréquenter des jeunes de la Zaïne..."

Les nouvelles fréquentations d’Ali B., l’influence de sa femme algérienne, un prêt refusé pour l’achat d’un snack... Tous ces facteurs auraient envenimé leurs relations, selon Louis Haniche. Son épouse avait déposé plainte à plusieurs reprises contre ce voisin menaçant, au physique imposant. "Il est très gentil, mais quand il est en colère, je vous garantis que c’est quelque chose..."

"Il était comme mon fils"

À la barre, la veuve livre un éclairage sensiblement différent. Trois pénalistes parties civiles - Mes Bernard Ginez, Lionel Ferlaud et Eric Scalabrin - s’attachent à défendre la mémoire de la victime. Ils appuient l’accusation portée par l’avocat général Paul-Eloi Hébert.

D’autant qu’en face, Louis Haniche n’en est pas à son premier procès d’assises. Dans les années 80, il a écopé de 8 ans de prison pour avoir participé à une rixe mortelle (ce qu’il nie). Une fois encore, il doit s’expliquer sur des faits criminels. Ses réactions en garde à vue interpellent: "Quand j’ai vu qu’il allait me finir, je lui ai mis un coup. Tant pis pour lui!" "J’en ai rien à foutre!"

"Aujourd’hui, vous ne regrettez pas monsieur?", lui demande la présidente. L’accusé s‘emporte. "Bah, bien sûr que si! Il était comme mon fils, ce gosse!" Il hausse le ton en se tournant vers les parties civiles. "C’est malheureux d’en arriver là! J’aimerais bien comprendre?" La présidente le rappelle à l’ordre. L’audience est suspendue. Le verdict est attendu vendredi.

Un accusé de 80 ans jugé à Nice pour le meurtre d'un voisin avec un stylo-pistolet à Antibes Photo Christophe Cirone.

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