Elle n’était pas dans son état normal quand elle a pris le volant. Elle roulait avec un taux de 1,78 g.
Elle n’est pas non plus en état de répondre clairement aux questions du président du tribunal correctionnel en raison des antidépresseurs qu’elle consomme depuis le drame.
"Carnage"
Virginie, commerciale, a tué un cyclomotoriste dans la nuit du 12 au 13 juin 2021 sur la voie Mathis à Nice. Il s’appelait Jacques Esteben. Un colosse qui avait l’âge mental d’un enfant. Un tonton adoré dans la famille qui l’entourait et appréciait sa gentillesse. "Tout le monde s’en occupait et il s’occupait de tout le monde", témoigne l’une de ses nièces. Malgré son handicap Jacques travaillait, notamment dans les espaces verts.
Cette nuit-là, il rentrait au guidon de son 50cm3 après avoir regardé du foot chez un ami Il n’aurait pas dû emprunter la voie rapide. Il ne pouvait pas atteindre les 70km/h autorisés sur cette route à double voie.
Virginie, elle non plus, n’aurait pas dû conduire. Alcoolisée, elle n’a pas eu le temps de freiner. Elle l’a percuté de plein fouet. La victime est tombée sur le capot, a rebondi sur le toit de la voiture avant d’être éjectée "à 62 mètres du point d’impact", précise Me Tina Colombani, avocate des parties civiles qui parle d’un "carnage".
"Je voulais que mon taux d’alcool baisse"
Le scooter lui, a été retrouvé 75 mètres plus loin. Virginie a continué sa route comme si de rien n’était. "Comment peut-elle dire qu’elle ne s’est pas rendue compte qu’un corps était sur son capot", s’indigne Me Tina Colombani, partie civile. Les caméras de la Ville l’ont retrouvée à Nice Nord, où elle habite, en train de faire le tour de sa voiture pour constater les dégâts. Elle s’est ensuite cachée dans un local technique de sa copropriété. "Je voulais que mon taux d’alcool baisse", indique-t-elle d’une voix à peine audible.
Elle venait de passer une soirée de fête. Une amie a essayé de la retenir. Elle n’a rien écouté. Déférée au tribunal à l’époque du drame, l’automobiliste avait, contre toute attente, été remise en liberté. Et n'a jamais effectué le moindre jour de détention provisoire. La famille du défunt ne comprend toujours pas. Le président Christian Legay non plus.
Le chauffard, tailleur strict et queue de cheval, est aujourd’hui maman d’un bébé de sept mois. Une donnée qui retient le procureur Sébastien Eskandar de demander une peine de prison ferme assortie d’une incarcération immédiate. "Vous avez eu un comportement irresponsable et vous avez cherché à échapper à vos responsabilités", tance le magistrat. "On est bien au-delà de la simple maladresse."
Cinq ans de prison sont requis dont quatre avec sursis, la peine ferme pouvant être effectuée sous le régime du bracelet électronique. Le magistrat du parquet demande également une période probatoire de trois ans avec une obligation de soins. Deux ans d’annulation de permis.
Me Valkenaere décrit en défense une femme fragile, perturbée à l’époque par la perte de son grand-père et les tromperies de son petit ami. "Il était prévu qu’elle rentre en VTC après s’être brouillée avec son amie chez qui elle devait dormir."
L’avocate observe que sa cliente ne roulait pas à une vitesse excessive et que la victime "circulait au ralenti sur une voie où il n’aurait pas dû se trouver". "Laisse-t-on un enfant rouler à scooter", ajoute l’avocate. Le président Legay s’offusque. Les proches de Jacques grondent.
Le jugement mis en délibéré vient de tomber ce mercredi: Virginie a été condamnée à la sanction demandée par le parquet. Cinq ans dont quatre sursis, l'interdiction de passer son permis annulé pendant un an. Un total de 110.000 euros de dommages et intérêts sera versé aux proches du défunt .
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