Presque 8 heures hier matin, devant le lycée Pierre-et-Marie Curie à Menton. Au cours d’un contrôle de police, un élève présente, comme de nombreux autres jeunes, son sac à dos avant de pénétrer dans l’enceinte scolaire, mais il sera arrêté net dans son élan de rentrer, car la fouille exécutée par un agent de la police nationale révélera qu’il est en possession de deux couteaux à lames pliantes, des "crans d’arrêt", précisera, plus tard dans la matinée, le commissaire de Menton, Yannick Dupin.
Pour ce lycéen mentonnais, pas de classe donc en ce premier jour de la semaine, ce sera aussitôt la case "commissariat" – il quitte les lieux, encadré par deux policiers qui le conduisent en centre-ville – pour être présenté devant un officier de police judiciaire. Il sera placé en garde à vue quelques instants plus tard pour 24 heures.
Pas de vive réaction sur le perron du lycée où s’engouffrent en quelques minutes des centaines d’élèves, mais des regards discrets de ses camarades... et juste quelques réprimandes du proviseur, présent durant toute l’opération de police, qui s’adresse à l’adolescent interpellé, et lui demande s’il a une "conscience politique" au regard de la situation actuelle... La récente attaque au couteau au lycée horticole d’Antibes plane dans tous les esprits.
"C’est la quatrième opération dans les établissements scolaires de notre territoire (Menton, Roquebrune-Cap-Martin et Beausoleil) depuis la rentrée, où nous sommes en ordre de marche grâce à la volonté du préfet des Alpes-Maritimes et des directeurs d’établissements", détaille le commissaire, ajoutant que la semaine dernière, des contrôles ont déjà eu lieu dans deux collèges (Vento à Menton et Saint-Joseph à Roquebrune-Cap-Martin), où rien n’est à signaler... "Mais, il suffit d’une dispute ou d’un problème de harcèlement pour que la situation dégénère et se transforme en drame."
Fouilles de sacs, palpations et... sécurité routière
Cette opération de police au lycée Curie avait commencé un peu plus tôt, vers 7h30, dans un premier temps aux abords de l’établissement scolaire, où deux équipes de la police nationale de Menton (soit cinq hommes et une femme), accompagnées de deux agents de la police municipale, procédaient aux premières fouilles des lycéens sur le parking extérieur. Certains attendaient l’ouverture des portes dans leur véhicule, tandis que d’autres restaient assis sur leur deux-roues.
"Sur réquisition écrite du procureur de la République et conformément à l’article 78-2-2 du Code pénal, nous procédons à des contrôles d’identité, à des palpations et à des fouilles de sacs pour vérifier que les lycéens ne sont pas en possession d’armes ou de stupéfiants", explique le capitaine Harold Hamel, en charge de cette opération. "Nous vérifions leurs papiers d’identité, permis de conduire et l’intérieur des véhicules pour contrôler qu’ils ne détiennent rien d’illégal qu’ils auraient pu cacher en nous voyant intervenir..."
L’occasion aussi de rappeler les règles de sécurité routière, en passant au crible, dès leur arrivée sur le parking du lycée, les engins trafiqués avec des pots d’échappement bruyants, ou encore le (non) port obligatoire du casque ou des gants, etc.
De nouveaux contrôles inopinés dans quelques jours
Mais hier matin, quelques jours seulement après le drame azuréen et bien d’autres sur le territoire national au cours de l’année écoulée, les policiers prennent ces contrôles dans les établissements scolaires de leur secteur – ils étaient déjà prévus depuis la rentrée – avec beaucoup de rigueur et de sérieux.
"Nous allons faire ces contrôles dissuasifs régulièrement toute l’année et de façon aléatoire, en ciblant un maximum de sacs, dans les lycées et collèges de notre territoire", annonce le capitaine Hamel, précisant que "ces fouilles permettent de mieux vérifier le contenu des sacs que lorsqu’ils sont présentés ouverts..."
Les élèves s’exécutent sans broncher... un peu abasourdis d’être fouillés de si bonne heure sur le perron de leur lycée par un groupe de policiers ! Mais les réactions restent positives: "C’est plutôt bien, au moins on se sent en sécurité !" s’exclame un jeune après avoir été contrôlé en sortant de son véhicule.
D’autres, plus perplexes, obéissent "puisqu’ils n’ont pas le choix" ou tentent d’esquiver la file en se frayant un chemin plus discret le long des escaliers... Mais tous doivent s’attendre à vivre cette même expérience à un autre moment de l’année. De prochains contrôles sont prévus ailleurs dans quelques jours et la semaine prochaine...
"Nous ne lâcherons pas notre territoire", prévient le commissaire.
commentaires