"Difficile de donner un favori": coach de Bruges puis de Monaco, Philippe Clement parle du face-à-face en Ligue des champions
Coach de Bruges (2019-22) puis de Monaco pendant un an et demi (2022-23), le Belge Philippe Clement pose son regard sur le duel d’après-demain (18h45).
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Rafael PerrotPublié le 16/09/2025 à 11:00, mis à jour le 16/09/2025 à 11:00
Le Flamand a été sacré deux fois champion de Belgique sur le banc du Club Bruges (2020 et 2021). Il a aussi remporté deux fois le titre en tant que joueur avec son club de cœur (2003, 2005). Photo DPA
Comment présenter le Club Bruges?
C’est une équipe qui est toujours très bien préparée à l'adversaire, très disciplinée. Elle sait jouer les transitions avec des ailiers qui ont beaucoup de qualité et de vitesse. Les latéraux sont rapides également, avec une grande endurance.
Quelles sont ses faiblesses?
Elle est encore dans une transition concernant certains joueurs. Elle a perdu Ardon Jashari (le milieu défensif transféré pour 36 millions d'euros au Milan AC). Il était très important, il a réalisé un très grand championnat la saison dernière. Ils ont acheté deux joueurs à cette position pour le remplacer et il faut encore qu’ils s’améliorent. C'est normal après seulement quelques semaines. Stankovic a été le meilleur à cette place, mais il est là depuis peu. Il a seulement 19 ans et moins d'expérience (c’est le fils de l’ex-international serbe, Dejan Stankovic). En défense centrale, ils avaient une paire très forte avec Ordonez et Mechele, mais Ordonez a reçu beaucoup d'intérêts durant le mercato.
Et il va devoir se remobiliser…
Oui, il n'a pas joué les dernières semaines (il a disputé ses 45 premières minutes de la saison, samedi en entrant à la pause lors de la défaite 1-0 à La Louvière). Sa tête était dans d'autres clubs, mais il devait rester. C'est aussi la force de Bruges, qui n’a pas besoin d’argent et a pu dire non. Ils avaient déjà vendu beaucoup de joueurs cette année, autour de 80 ou 90 millions d'euros. Quand Spileers et Mechele jouent, c'est moins fort qu'Ordonez-Mechele, mais c'est possible qu'Ordonez revienne contre Monaco.
Pourquoi craindre Hans Vanaken?
Il n'a pas eu de chance qu'un certain Kevin De Bruyne soit en équipe nationale (rire). Hans a une vision incroyable, presque du même niveau que Kevin dans la dernière passe. Il marque beaucoup dans la surface. Il est très fort dans le timing et son jeu de tête est bon. C'est lui qui dirige le jeu. Il peut jouer haut ou bas. Il peut courir sans problème 12km à chaque match et tous les trois jours. Il n'est jamais blessé. Il n'a pas beaucoup de vitesse, mais il voit le jeu beaucoup plus vite que les autres.
Pourquoi est-il encore à Bruges?
Le club a eu beaucoup de chance et c'est dû à Hans. Il aime vivre à Bruges, tout près de sa famille. Il ne veut pas changer pour ses enfants et gagner un peu plus d'argent. Il a un bon contrat et il joue chaque année la Ligue des Champions.
Un mot sur l’ailier Tzolis, autre talent…
Il a une faim énorme, il veut marquer des buts, mais il travaille aussi très fort pour l'équipe. Il a beaucoup d'énergie et de qualités physiques. Il est très fort dans la surface. Il aime venir du côté gauche et repiquer dans l’axe pour frapper du droit.
Comment gêner Vanaken et Tzolis?
Je ne peux pas tout vous dire et aider Monaco. J'ai des amis à Bruges (rire). Le staff de l’ASM a beaucoup de qualité pour faire ses choix.
Que pensez-vous du début de saison de Monaco (3e de L1)?
Il y a beaucoup de qualité dans l'effectif, plus d’expérience et de leadership. Ce dont nous manquions lors de mes derniers mois à Monaco. Nous avons beaucoup parlé de ça avec le président mais ça a changé après mon départ. Zakaria était le choix numéro 1 pour succéder à Aurélien (Tchouameni), mais le faire venir n’était pas possible. Entraîneur, tu as aussi besoin d’un peu de chance, d’être là au bon moment. Aujourd’hui, Monaco a Dier et Pogba, qui a clairement besoin de temps après être resté si longtemps sans jouer. Ce sont des joueurs qui ont déjà prouvé à tous les niveaux. Je suis aussi très content de voir Eliesse (Ben Seghir) signer à Leverkusen ou Maghnes (Akliouche) arriver en équipe de France. Ils ont connu un superbe développement. Maghnes a toujours eu une grande mentalité et du respect. Il voulait tout faire pour devenir un grand joueur et maintenant il se montre.
Monaco joue en 4-4-2. Que pensez-vous de l’association Biereth-Balogun? Sont-ils complémentaires?
C'est très intéressant. Nous avons aussi joué en 4-4-2 avec des combinaisons qui comprenaient Wissam (Ben Yedder) et d'autres joueurs autour de lui. Balogun et Biereth sont deux opportunistes. Ils peuvent marquer des buts et l'ont déjà fait à Monaco comme ailleurs. Ça, c'est clair. Balogun a la vitesse pour lui. Maintenant, dans ce système, il faut bien régler les choses défensivement et rester organisé. Tu ne peux pas garder deux attaquants tout le temps. Ils ne peuvent pas seulement attendre le ballon devant, sinon tu peux avoir des problèmes au milieu. C'est quelque chose qu'ils devront développer ensemble dans les prochaines semaines. Tu dois avoir un bon équilibre.
Le départ de Breel Embolo inquiète. Vous l’avez entraîné à l’ASM. Partagez-vous ces inquiétudes?
Breel était important dans le vestiaire et en dehors. C'était une personnalité très positive, l’ami de tous les joueurs, mais c'est la vie d'un club. Il y a toujours des départs et des arrivées. Beaucoup de possibilités existent pour le remplacer dans cette position autour d'un attaquant. Tout le monde disait que c'était un attaquant, mais il n’en était pas vraiment un pour moi. Il ne marquait pas beaucoup, ce n'était pas un opportuniste mais quelqu'un qui gardait le ballon pour les autres.
Peut-il manquer à Mika Biereth?
D'autres peuvent le remplacer. Taki (Minamino) peut vraiment bien jouer autour de l’attaquant. Il ne faut pas s'inquiéter. Il y a certainement de quoi faire une belle saison. Monaco a l'un des plus beaux effectifs du championnat.
L’ASM souffre dans la gestion des matchs depuis plusieurs saisons…
Ce n’est pas propre à Monaco. C’est toujours un problème individuel. Mais je ne pense pas que Monaco ait eu beaucoup de difficultés ces dernières années en ayant fini 2e et 3e de L1. Qu’est-ce qu’on dirait alors des autres clubs? L’ASM a pris des joueurs d’expérience comme Zakaria et Dier. Ils vont endosser cette responsabilité, ça va venir.
Il a signé 37 victoires, 15 nuls et 21 défaites en 73 matchs sur le banc de l’ASM. Photo Dylan meiffret
Philippe Clement est un pont entre Bruges et Monaco. Le Belge a entraîné les deux clubs et porté les couleurs brugeoises lorsqu’il était un défenseur notamment réputé pour son jeu de tête. Invité au match après-demain par le président des Blauw en Zwart (Bleu et Noir), il va retrouver le stade Jan-Breydel pour la première fois depuis son départ de la Venise du Nord en 2022. Il avait rejoint l’ASM après deux titres de champion de Belgique avec le Club. Avant ce duel, il a accepté de passer à la loupe les deux formations.
Opéré de la hanche cet été et sans club depuis qu’il a été démis de ses fonctions par les Glasgow Rangers en février, il vit toujours dans la ville écossaise, en attente d’un nouveau challenge. Pendant le mercato, son profil aurait séduit en Arabie saoudite, en Chine, à Anderlecht (qu’il n’imagine pas diriger en tant qu’ancien Brugeois), à La Gantoise et au Sparta Prague. Des rumeurs qu’il ne confirme et n’infirme pas. Le Flamand a seulement évoqué des contacts avec des écuries allemandes, anglaises et françaises qui ne se sont pas concrétisés. "Ces clubs ont préféré des entraîneurs locaux, explique-t-il. Je vais prendre mon temps pour faire le bon choix". S’il apprécie toujours la Premier League, il n’en fait pas une obsession. "Je pense au projet et à la possibilité d’avoir des résultats, confie-t-il, serein. Si je n’y entraîne pas, je ne vais pas mourir malheureux (sourire)."
Philippe, comment imaginez-vous ce match?
Il est très intéressant. C'est difficile de donner un favori pour le moment. Bruges a vraiment bien fait les choses en Coupe d’Europe (éliminations de Salzbourg et des Rangers en tours préliminaires). On ne peut pas dire que c’est une équipe facile à jouer pour Monaco. Ce serait dangereux de penser ça. Son effectif a beaucoup d'expérience avec Mignolet, Mechele ou Vanaken, des joueurs qui jouent là-bas depuis pas mal d'années. Autour d'eux, il y a des jeunes avec beaucoup de talent aussi. D’autres ont 24-25 ans et sont dans un entre-deux, comme Onyedika. Pour moi, c’est un milieu de terrain qui jouera dans un championnat plus grand dans le futur.
Votre cœur battra pour Bruges?
Oui, je suis toujours honnête. J'ai passé 16 années là-bas (ex-joueur puis entraîneur, il s’y verrait revenir un jour sans savoir exactement dans quel rôle). Mais Monaco a encore une place spéciale pour moi. J’ai passé du bon temps là-bas, j’y étais heureux. J’avais une bonne relation avec le président. On ne parlait pas seulement de foot et c'était très intéressant avec lui. Je serai content de retrouver les personnes qui travaillent encore au club.
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