"Avalanches de notifications", moyens de contrôle "dérisoires"... Ce rapport pointe le risque d'addiction aux paris sportifs chez les jeunes

Les jeunes, en particulier de milieux populaires, sont la cible d'un "marketing agressif" des opérateurs de paris sportifs en ligne, notamment promus par des influenceurs sur les réseaux sociaux, dénonce ce mardi 16 septembre dans un rapport l'association Addictions France, qui demande un encadrement plus strict.

AFP Publié le 16/09/2025 à 10:45, mis à jour le 16/09/2025 à 12:03
L'association Addictions France pointe le "marketing agressif" des opérateurs de paris sportifs. Photo Nice-Matin

Le marketing des opérateurs de paris sportifs rend-t-il les jeunes accros? C'est en tout cas ce que pointe, ce mardi 16 septembre, un rapport de l'association Addictions France

Pendant deux ans, de mars 2023 à mars 2025, l'association a analysé quelque 3.000 contenus (publications, stories, vidéos, lives...) sur des réseaux sociaux (TikTok, Instagram, Snapchat) et plateformes en ligne (Youtube, Kick, Twitch), un projet financé par le Fonds de lutte contre les addictions.

Au vu des nombreuses "dérives" constatées, en particulier en 2024, année riche en événements sportifs (Euro de football, JO de Paris...) où les opérateurs ont investi un record de 670 millions d'euros en publicité, Addictions France juge "urgent de renforcer la régulation du marketing des jeux d'argent" pour mieux protéger les jeunes de l'addiction.

Car pour "attirer de nouveaux joueurs et fidéliser ceux déjà actifs", les opérateurs - Parions Sport, Winamax, PMU Sports, Betclic, VBET...- ont multiplié publicités et "offres promotionnelles alléchantes" incitant "à rejouer", via une "avalanche de notifications quotidiennes" sur les applications de paris.

Les moins de 17 ans, résidants des quartiers populaires ciblés

Celles-ci "ciblent en priorité" les jeunes hommes - 20% des garçons de 17 ans ont parié dans l'année contre 2,7% des filles - et les "habitants des quartiers populaires", activant certains ressorts psychologiques: "promesse d'enrichissement rapide, valorisation sociale de la prise de risque, illusion d'un contrôle sur le hasard grâce à des connaissances sportives", a constaté l'association.

"On voit dans ce marketing énormément de références à la culture urbaine, de célébrités, de musiques, d'humour: ceux qui jouent le plus ont moins de 35 ans, ils ont commencé à parier quand ils étaient mineurs. Or les mineurs sont surexposés à cette publicité", déclare à l'AFP Myriam Savy, directrice du plaidoyer chez Addictions France.

Si "l'addiction, évidemment, touche toutes les classes sociales, toutes les classes d'âge, elle touche davantage les plus jeunes et les personnes déjà vulnérables socialement, du fait de leur parcours de vie", a constaté le sociologue Thomas Amadieu, auteur de "La fabrique de l'addiction aux jeux d'argent" (éditions du Bord de l'eau).

Six fois plus de joueurs excessifs

"Outre les campagnes publicitaires, il y a aussi toutes les offres de bonus, de free bet qui donnent l'impression que parier, c'est gratuit, les notifications push sur téléphone, les mails qui incitent à jouer: nous demandons la suppression de ces gratifications financières, qui représentent près de 60% de l'investissement publicitaire prévu en 2025 par les opérateurs", ajoute Mme Savy.

En France, il y a 1,2 million de joueurs "problématiques" - dont la pratique risque de basculer dans l'addiction - aux paris sportifs. Parmi eux 360.000 jouent excessivement (5,6%, 6 fois plus que pour la loterie), selon l'Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT).

Or le régulateur, l'Autorité nationale des jeux (ANJ), dotée de moyens de contrôle "dérisoires" selon l'association, peine à contenir l'"explosion des stratégies promotionnelles agressives" des opérateurs.

Ainsi, "plus de 80%" des contenus produits par les influenceurs n'affichent pas, ou pas correctement, le message sanitaire requis sur les risques d'addiction.

Un encadrement strict de la publicité réclamé 

L'ANJ n'a interdit qu'une publicité - elle les contrôle désormais en amont -: la campagne de Winamax "Tout pour la daronne", qui "glorifiait la réussite sociale grâce aux paris sportifs", ce que le régulateur proscrit.

Depuis, des slogans comme "Grosse cotes, gros gains, gros respect" qui "suggère clairement un ascenseur social par le jeu" prolifèrent, dénonce Addictions France.

L'association demande un encadrement strict du contenu des publicités et l'interdiction des stratégies marketing valorisant les paris - ambiance festive, de suspense, mise en scène d'athlètes-, "accompagnée des moyens nécessaires pour lutter contre ces dérives" et de condamnations pénales.

Selon l'OFDT, 63% du produit brut des jeux (PBJ) des paris sportifs provient de joueurs en situation d'addiction ou de perte de contrôle.

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver pour soutenir la rédaction du groupe Nice-Matin qui travaille tous les jours pour vous délivrer une information de qualité et vous raconter l'actualité de la Côte d'Azur

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Si vous souhaitez conserver votre Adblock vous pouvez regarder une seule publicité vidéo afin de débloquer l'accès au site lors de votre session

Monaco-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.