Comme l’annonçait Nice-Matin en juin, le commissaire Rabah Souchi, qui avait ordonné la charge de police durant laquelle une septuagénaire, Geneviève Legay, avait été gravement blessée en mars 2019 à Nice, sera jugé le 13 octobre prochain. Et ce, devant le tribunal correctionnel de Lyon.
Le 23 mars 2019, la militante d’Attac avait eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne en étant projetée au sol lors d’une charge de policiers ordonnée pour disperser une manifestation interdite de "gilets jaunes". Bilan: six heures de coma et un pronostic vital engagé durant 48 heures.
Le commissaire divisionnaire Rabah Souchi était le responsable des opérations de maintien de l’ordre ce jour-là. Pour Geneviève Legay, 73 ans à l’époque, c’est un soulagement. Depuis l’annonce de la date du procès, elle s'inscrit dans l’action. "Avec Attac, la Ligue des droits de l’homme, Solidaires, les gilets jaunes de Lyon, nous prévoyons des actions dès la rentrée et évidemment à la date du procès. Nous aurons prochainement des réunions sur ce sujet. Je suis contente que la justice passe. Depuis 51 mois, nous attendions. Je ne suis pas très satisfaite que seul le commissaire Rabah Souchi réponde de ses actes au tribunal. J’aurais voulu que le préfet de l’époque, et Christophe Castaner, qui donnaient les ordres de ces violences policières, comparaissent également."
Geneviève Legay entend faire de ce moment judiciaire une prise de parole politique. "Ce que je voudrais, c’est que ce procès serve à faire éclater le fait, qu'en France, il y a des violences policières et que ce soit reconnu par la justice. Et je veux évidemment que les violences policières envers moi soient reconnues."
Une ordonnance de renvoi pour "complicité par ordre de violence par personne dépositaire de l’autorité publique" ayant "entraîné une ITT supérieure à de 8 jours" a été rendue par le magistrat instructeur en charge de ce dossier le 20 juin dernier.
Pour le parquet lyonnais, les éléments constitutifs de l’infraction relevée sont "parfaitement caractérisés » avec « une charge ordonnée par le commissaire Souchi" qui "n’était ni proportionnée, ni nécessaire à la situation en cause".
La militante estime que, depuis des années, l’image de la police a changé. Mais elle se refuse à l'amalgame. "Loin de moi l’idée de dire que toute la police est pourrie. Mais dans un commissariat, ceux qui sont bons se font réprimander par les autres." Elle estime que la police de sa jeunesse avait une image protectrice. "Aujourd’hui, les gens en ont peur." Geneviève Legay continue d’estime que Rabah Souchi aurait dû être suspendu. "J’espère que ce procès ne donnera pas lieu à un non-lieu."
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