Achats de matériaux, péages et pleins de carburant… Michel Guidi, ancien maire de Cantaron, jugé pour détournement de fonds publics

Le tribunal correctionnel de Nice a examiné la gestion des deniers communaux de Cantaron entre 2012 et 2017, période durant laquelle Michel Guidi, figure locale, en était l’édile.

Elodie Madoré Publié le 06/07/2025 à 15:30, mis à jour le 08/09/2025 à 20:19
Michel Guidi a été maire de Cantaron de 1998 à 2017. Photo d’archives V.L.

C’est un homme affaibli, âgé de 68 ans, qui s’est présenté devant la justice. Michel Guidi a dirigé la commune pendant près de 20 ans avant de démissionner en 2017, à la suite d’un désaccord sur le vote du budget municipal. Un an plus tard, son successeur, Gérard Branda, déposait plainte auprès du procureur de la République avec la volonté d’éclaircir ce qu’il décrit comme "des bruits de couloir".

Une gestion jugée "autocratique"

Environ 7.800 euros d’achats divers (peinture, objets de décoration, pétrole...), une somme équivalente en frais de carburant, ainsi que 2.200 euros de péages autoroutiers, ont-ils été dépensés à des fins personnels? La commune, partie civile dans ce dossier et représentée par Maître Sandy Brunet-Manquat, fustige "un fonctionnement autocratique" et accuse le maire d’avoir "confondu les caisses communales avec les siennes". Le préjudice global est estimé à environ 18.000 euros..

La défense plaide la relaxe

Face à ces accusations, Michel Guidi reste droit dans ses bottes: "Je me suis toujours considéré comme un gestionnaire, pas comme un élu. J’en ai peut-être trop fait." L’ancien édile se chargeait de faire les pleins des voitures de service, mais aussi d’effectuer les achats pour le compte de la mairie. Il affirme également s’être occupé lui-même de certaines dépenses dans le cadre d’actions sociales - comme les lotos - organisées par le CCAS (Comité communal d’action sociale), sans qu’aucune ligne budgétaire ne l’atteste dans les comptes municipaux.

Ce que ne manque pas de souligner le président du tribunal, Christian Legay. Quant à l’usage du badge de télépéage, il le justifie par des déplacements pour obtenir des subventions. Des trajets souvent réalisés le week-end, dont un certain nombre vers le Muy dans le Var, avec un départ le vendredi soir et un retour le lundi matin.

Son avocate, Maître Florence Massa, dénonce un procès bâti sur des "rumeurs de village" et une volonté de faire de M. Guidi un bouc émissaire. Elle souligne l’absence de preuves formelles et plaide la relaxe: "Pendant 20 ans, il a essayé de faire des économies, et aujourd’hui on lui reproche d’en avoir trop fait. Ce dossier c’est finalement la montagne qui accouche d’une souris".

Un an avec sursis requis

Lent dans sa diction, car atteint d’une pathologie cardiaque, Michel Guidi parfois confus dans ses explications, n’avait jusqu’ici qu’une seule condamnation datant de 2012 pour des travaux réalisés sans permis de construire. Pour le procureur Anthony Carello, pas de place aux doutes: "Ce ne sont pas des oublis ou des maladresses, ce sont des détournements. Monsieur Guidi trouve des parades, des pirouettes, mais pendant tout ce temps il a failli à sa fonction d’élu qui est une obligation et pas un privilège." Il a requis un an d’emprisonnement avec sursis, une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans, et cinq ans d’inéligibilité.

Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 5 septembre.

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