"Pas un jour ne se passe sans qu’un confrère ne se retrouve au commissariat": des dizaines de syndics azuréens sur le gril pour des cadeaux luxueux contre des marchés

Justice Le parquet de Nice confirme l’ouverture d’une enquête préliminaire visant les pratiques de certains syndics de copropriété qui auraient accepté des « cadeaux » de la part d’entreprises du BTP.

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Eric Galliano Publié le 01/03/2025 à 08:15, mis à jour le 03/03/2025 à 09:44
Les relations d’affaires entre les syndics et les entreprises du BTP passées au crible. Photo d’illustration Dylan Meiffret Signature Web uniquement

"Pas un jour ne se passe sans qu’un confrère ne se retrouve au commissariat", souffle, sous couvert de l’anonymat, un syndic niçois qui se demande bien quand viendra son "tour".

Discrètement mais sûrement, depuis la fin de l’année dernière, les auditions se succèdent. Selon nos informations, plus d’une cinquantaine d’administrateurs de copropriétés ayant pignon sur rue à Nice, Cannes ou encore Menton, auraient déjà été convoqués par la police.

 

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Le procureur de la République de Nice "confirme l’existence d’une procédure". Mais refuse, "à ce stade", de commenter l’enquête en cours, qui a tout l’air d’une opération mains propres au sein de cette profession réglementée par la loi Hoguet.

Voyages, voitures de luxe et cadeaux de mariage

L’article 66 de ce texte promulgué le 2 janvier 1970 interdit justement aux syndics "de percevoir des rémunérations de la part des fournisseurs de copropriétés dont ils assurent la gestion, sauf à les restituer à la copropriété ou à être expressément autorisés à les conserver par une convention". Or, ce serait là que le bât blesse.

Les investigations qui avaient commencé par une série de perquisitions au printemps dernier laisseraient supposer l’existence d’un véritable système de rétributions en nature.

Plusieurs entreprises du BTP, façadiers, sociétés d’étanchéité ou de travaux acrobatiques, sont suspectées d’avoir offert régulièrement des "cadeaux" à des cabinets de gestion. Et non des moindres.

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"Devis de couverture"

Le montant global de ces gratifications pourrait s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Le prix à payer pour obtenir des marchés dans les copropriétés azuréennes? "C’est comme ça que ça marche", avance un entrepreneur local ravi de "l’agitation" que n’a pas manqué de provoquer ce qu’il qualifie de "coup de pied dans la fourmilière".

Lui affirme n’avoir "jamais accepté d’entrer dans le jeu". "Résultat, j’étais souvent retoqué même en étant le moins-disant", déplore-t-il.

Pour biaiser la mise en concurrence, certains de ses confrères n’auraient pas hésité à avoir recours à des "devis de couverture", réalisés en réalité par une seule et même entreprise!

Abus de confiance, escroquerie, voire corruption?

Ces pratiques, si elles devaient être avérées, pourraient être qualifiées de faux et usage de faux, d’abus de confiance, voire d’escroquerie et même de corruption. Ce que contesteraient pour l’heure, presque unanimement, les professionnels entendus par la police.

"Ma cliente a parfaitement respecté ses obligations légales et fiscales", martèle, pour l’une d’elles, Me Franck de Vita. La société que je représente n’a commis aucune infraction pénale », insiste-t-il.

Même si, à ce stade de l’enquête préliminaire, aucun des syndics ou entrepreneurs auditionnés n’a été mis en cause judiciairement, il est clair que leurs pratiques sont actuellement passées au crible sur la Côte d’Azur.

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