"Je voulais lui donner une leçon, en aucun cas le tuer": aux assises, les regrets partiels du gérant de bar qui a enseveli un client dans du béton

Assises à la suite d’une rixe, il avait coulé le corps d’un client dans un « sarcophage en béton », en février 2022 à Nice. Hier, ce gérant de bar a regretté son geste "atroce", sans pour autant admettre un meurtre.

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Christophe Cirone Publié le 06/05/2025 à 06:45, mis à jour le 06/05/2025 à 11:42
Le cousin et l’oncle de M'hand Goumiri viennent faire vivre sa mémoire au procès d’assises, avec leur avocate Me Juliette Pappo. Photo Christophe Cirone

"Je m’en veux beaucoup. J’ai énormément de regrets. C’est affreux! C’est atroce, ce que j’ai fait..."

Abdelkrim Kacimi, 59 ans, regretterait-il d’avoir ôté la vie d’un client, même involontairement? L’affaire n’est pas si simple. Hier, au premier jour de son procès devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, l’accusé bat sa coulpe pour une autre raison: il a dissimulé durant près de cinq mois un cadavre dans une cave, à l’arrière de son bar-restaurant L’Atrium, après l’avoir coulé dans un "sarcophage en béton".

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La découverte du corps momifié de M’hand Goumiri à Nice avait marqué les esprits. Son cadavre a été exhumé le 29 juin 2022, dans l’arrière-cour du 66 rue de France. Cet Algérien de 32 ans avait disparu le 7 février. Sa famille l’a cherché désespérément, jusqu’aux perquisitions décisives de la crim’.

Un cousin et un neveu de la victime, visage marqué, tiennent son portrait sur le banc des parties civiles. Face à eux dans le box, Abdelkrim Kacimi est jugé pour meurtre. H. B., l’autre accusé, vient à la barre. Ce trentenaire répond de non-assistance à personne en danger et modification de scène de crime. Il conteste le premier délit, admet le second a minima.

"Giflettes" et coups fatals

M'hand Goumiri, la victime tuée au bar L'Atrium en 2022 à Nice DR / Nice Matin.

Ce boxeur de haut niveau, catégorie poids lourd, est présent à l’Atrium le soir où arrive M’hand Goumiri. Ici, on l’appelle "Dallas", référence au tatouage qui orne son avant-bras droit. "Dallas" vient s’expliquer avec Abdelkrim Kacimi. Entre le gérant et ce client, un différend se serait exacerbé au fil des mois.

Une rixe éclate. Le boxeur aurait tenté de calmer "Dallas" à coups de "giflettes". Quelques instants plus tard, Kacimi, hors de lui, vient lui porter les coups fatals, armé d’un pistolet qui s’avérera factice.

Entendu par la sûreté départementale, Kacimi nie d’abord toute implication. Il finit par avouer quand les enquêteurs découvrent le corps. "Je reconnais l’avoir tué, bien sûr, déclare-t-il aux jurés. Je reconnais l’avoir descendu à la cave. Je voulais lui donner une leçon. à aucun moment je n’ai voulu lui donner la mort!"

La scène s’est jouée à proximité de la promenade des Anglais, dans un bar de quartier prisé par la communauté kabyle. Abdelkrim Kacimi l’avait ouvert en 2019. Un accomplissement pour cet expatrié, qui se sent "plus français qu’algérien". "Je n’avais jamais eu de problème. Je gérais bien mon bar-PMU. J’avais une bonne clientèle. Jusqu’à ce drame..."

Aveux contraints

Ce père de quatre enfants veut renvoyer l’image d’un travailleur exemplaire, qui a tout perdu dans cette sombre affaire. Il a brossé un portrait peu flatteur de la victime, qui lui aurait mené la vie dure, qui l’aurait même racketté à ses dires. "La victime, aujourd’hui, c’est moi!", a-t-il affirmé au psychologue Danny Borgogno. "Une appréciation un peu égocentrée des faits...", constate l’expert.

La présidente de la cour, Anne-Valérie Lablanche, et l’avocat général Sébastien Eskandar livrent d’autres clés de lecture de l’accusé. "Vous n’avez pas avoué tout de suite, rappelle la présidente. Il a fallu, pour le dire trivialement, que vous soyez au pied du mur!"

Abdelkrim Kacimi voulait-il la mort de M’hand Goumiri? A-t-il mis le boxeur sous pression pour taire un crime? Bien des zones d’ombre subsistent autour du "sarcophage en béton" de la rue de France. La cour devrait rendre son verdict dès mercredi soir.

"Notre cousin est la seule victime"

"Merci de nous donner l’occasion de parler de notre cousin. La seule victime dans cette affaire." éprouvé, calme et digne, le cousin de M’hand Goumiri montre aux jurés la photo de "ce charmant jeune homme", qu’il a "toujours considéré comme [s]on petit frère. C’était quelqu’un de sérieux, de calme, aimé de tous. Il a beaucoup le sens de l’humour."

Après sa disparition, ses proches l’ont cherché partout. Ils ont sondé les hôpitaux, les morgues... et le gérant de l’Atrium. "Il était perturbé par la photo. Il savait très bien ce qu’il s’était passé..." Le cousin de M’hand Goumiri songe à sa mère, qui refuse de croire à la mort de son fils unique. Ou au fils du disparu, 6 ans à l’époque, répétant: "Il est où mon papa?"

La gorge nouée, le cousin et l’oncle de la victime racontent "la torture" des mois d’incertitude, le "vrai drame familial", "une plaie ouverte à jamais". Du procès, des accusés, ils attendent des réponses. La première d’entre elles: "Pourquoi lui avoir fait ça?"

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