"Je suis un footballeur mais je reste un être humain": rejugé à Aix, l’ex joueur de l’OGC Nice Youcef Atal admet une erreur mais réfute tout antisémitisme

Condamné à Nice pour provocation à la haine en raison de la religion, l’ex-footballeur de l’OGC Nice Youcef Atal s’est défendu en appel à Aix hier. Il admet une erreur mais réfute tout antisémitisme. Décision le 30 avril.

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Christophe Cirone, à Aix-en-Provence Publié le 02/04/2025 à 20:20, mis à jour le 09/04/2025 à 14:18
Youcef Atal à la sortie de la salle d’audience, ce mercredi, à Aix-en-Provence. Christophe Cirone

Cette fois-ci, Youcef Atal a pu venir. L’ancien défenseur de l’OGC Nice a pourtant match avec Al-Sadd, samedi, au Qatar. Son nouveau club n’entendait pas le libérer. C’est pour ce motif que son procès en appel avait été renvoyé, le 5 mars. "Je voulais être là pour me défendre, assure le footballeur de 28 ans. Car je ne mérite pas ça..."

Voici donc l’international algérien de retour devant une juridiction française, ce mercredi après-midi, à Aix-en-Provence. Quinze mois plus tôt, le tribunal correctionnel de Nice l’a condamné à 8 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d’amende pour provocation à la haine en raison de la religion. Youcef Atal a interjeté appel. Il revient défendre son honneur. Avec les mêmes arguments qu’à Nice. Mais sans l’effet de loupe médiatique.

Repris de volée par le Gym

Le 12 octobre 2023, le monde est encore sous le choc des attaques terroristes du Hamas en Israël, qui viennent de faire plus de 1400 morts. Ce jour-là, Youcef Atal partage sur Instagram la story du cheikh Mahmud Al Hasanat. Dans une vidéo de 35 secondes, ce prédicateur palestinien appelle Dieu à envoyer "un jour noir sur les juifs" et à "accompagner la main des habitants de Gaza" "s’ils jettent la pierre".

L’OGC Nice reprend de volée son latéral droit. Youcef Atal supprime la publication sulfureuse. Il se fend d’un message d’excuse envers ses trois millions de followers. Mais le mal est fait.

À la barre, tout de noir vêtu, Youcef Atal précise son intention. "Ce n’était pas d’envoyer un message de guerre mais un message de paix, de soutien à la Palestine". Il admet avoir agi sous le coup de l’émotion. Mais il conteste avoir visionné la vidéo jusqu’au bout. Il n’aurait pas entendu les propos incriminés. Si tel avait été le cas, jure-t-il, il ne "l’aurait pas partagée..."

"Un faux naïf"

La cour présidée par Fabrice Naudé pousse le défenseur dans ses retranchements. Elle lui rappelle ses responsabilités en tant que footballeur professionnel. "On peut tous faire des erreurs, répond Youcef Atal. Je suis un footballeur, mais je reste un être humain." Cette affaire a fait de lui "une figure de l’antisémitisme en France", déplore son conseil, Me Tom Michel. "Ça me fait mal, réagit l’intéressé. Je n’ai jamais été antisémite. Ce n’est pas moi!"

Contrition sincère? Ou texte bien appris? Les arguments du prévenu ne convainquent pas les six parties civiles. Pour Me Salomon, avocat de l’Organisation juive européenne, "M. Atal est un faux naïf. Il sait très bien de quoi il parle, et il adapte son discours selon les juges et le moment. Il a déjà été averti une fois..." L’avocate générale Valérie Tavernier rappelle ce fâcheux précédent.

À l’automne 2020, Youcef Atal avait "liké" un post haineux du champion russe de MMA Khabib Nurmagomedov, publié après l’attentat en la basilique Notre-Dame à Nice. Il avait déjà été rappelé à l’ordre. Cruelle ironie, relève Me David Rebibou, le conseil du Crif Sud-Est: la dernière vidéo consultée par le terroriste de Nice était signée... Mahmud Al Hasanat.

"On ne joue pas avec l’Histoire"

"Lorsqu’on relaie, on s’approprie les termes", assène l’avocat niçois, convaincu que Youcef Atal a partagé le message post-7 octobre "en connaissance de cause". Pour Me Benhamou, conseil de l’Observatoire juif de France, le footballeur a partagé un appel à la vengeance auprès d’un public jeune et influençable, dans un contexte inflammable. "Les réseaux sociaux ne sont pas un no man’s land! On ne joue pas avec l’Histoire, surtout quand elle saigne encore..."

À Aix, l’émotion née de cette affaire s’est estompée, laissant la place à des débats apaisés. Me Michel conteste néanmoins la traduction des propos incriminés, et une confusion entre la morale et le droit. "Or le droit doit vous conduire à la relaxe de M. Atal. Vous devez vous résigner à ne pas le condamner!"

Youcef Atal sera fixé sur son sort le 30 avril. D’ici là, il retourne au Qatar. Il assure être "heureux là-bas". Cette affaire a pourtant fait basculer sa carrière, l’éloignant du haut niveau européen, d’un transfert à l’OM et du Gym, qui l’avait mis à pied. "J’aime bien Nice, c’est une belle ville, soupire-t-il. Mais après tout ce qui m’est arrivé, j’ai plus peur qu’avant."

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