"C'est souvent par le langage qu'on prépare le terrain du pire", a déclaré Nathalie Godard, directrice de l'action chez Amnesty International France lors d'une conférence de presse lundi à Paris.
Ces discours "de rejet des droits humains" sont relayés "en partie par certains médias", a-t-elle aussi déploré.
L'organisation de défense des droits humains dénonce "un discours raciste assez décomplexé (...) anti-migrants, islamophobe et antisémite" qui se diffuse largement en France.
Ces propos "mettent dans le débat des propositions qui ne sont pas encore mises en œuvre, mais qui sont banalisées progressivement alors qu'elles sont vraiment très clairement contraires aux droits humains", selon Amnesty.
Et de citer les propositions d'interdiction du port du voile à l'université, de la suppression de l'Aide médicale de l'État (AME) ou du regroupement familial, "pas encore mises en œuvre" mais bien présentes "dans le débat public".
Des débats qui ont des conséquences directes, notamment sur la politique migratoire "brutale" de la France, souligne l'ONG.
"Une remise en cause de l'indépendance de la justice"
"Ces dernières années, les personnes exilées en France ont été ciblées par une frénésie de nouvelles lois, dont les débats préalables ont été systématiquement accompagnés d'un déluge de fake news et de déclarations politiques xénophobes", dénonce aussi Anne Savinel-Barras, présidente d'Amnesty International France, dans un communiqué.
"Ces discours et politiques ont des conséquences funestes", ajoute-t-elle, rappelant que plus de 70 personnes migrantes sont décédées en 2024 alors qu'elles tentaient de traverser la Manche en bateau.
Amnesty International déplore également la montée d'"un discours critique sur l'Etat de droit" dans le pays.
"Nous sommes très inquiets de voir qu'il y a dans le discours d'un certain nombre de responsables politiques, une remise en cause de l'indépendance de la justice avec des critiques de l'État de droit" et l'emploi de "termes comme celui du 'gouvernement des juges'" qui sont "extrêmement dangereux", explique Nathalie Godard.
Or "l'État de droit est un garant de la protection des droits et des libertés", insiste-t-elle: "Sans respect de l'indépendance de la justice, mais aussi sans respect du droit en général et notamment du droit international, il ne peut pas y avoir d'exercice complet des droits et libertés".
"C'est très important de pouvoir résister à cette rhétorique qui, finalement, laisserait entendre que les juges sont contre le peuple", conclut-elle.
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