Trois heures et 23 minutes. Voilà le temps qu’il aura fallu à Massimiliano Mordenti pour relier Monaco à l’île Gallinara (allerretour), au nord de l’Italie, en Ligurie. À l’aide de son scooter des mers, ce résident monégasque depuis 14 ans a avalé 160 kilomètres avec un moteur qui fonctionne au bioéthanol, un alcool éthylique obtenu à partir de biomasse végétale.
Un carburant vert que l’Italien souhaite promouvoir autant que possible pour ses bienfaits: faible coût et moins polluant notamment. "Je voulais promouvoir ce carburant durable, glisse le principal intéressé. Nous sommes membre de la Fondation Prince Albert I I dont nous partageons les valeurs, et c’est un petit geste que nous faisons mais il est très important pour nous de communiquer dessus."
Le hors-piste, un état d’esprit philosophique
Ainsi, Massimiliano Mordenti, à l’origine de l’Offroad Club Monaco, vient d’établir un record du monde*, même s’il insiste sur le fait qu’il ne court pas après la performance mais plutôt le progrès. C’est d’ailleurs l’idée derrière ce club qu’il a fondé il y a quelques années avec sa femme Erminia Fezia Mordenti. Un concept philosophique qui consiste à créer de nouvelles "routes", loin des sentiers battus, grâce à l’innovation au service de l’environnement.
"La première fois que vous faites du hors-piste, c’est quelque chose de rare voire exceptionnel. Mais une fois que vous l’avez fait, cette route devient quelque chose de presque banal", résume le résident monégasque. Comprendre: parcourir 160 km en scooter des mers avec un carburant durable peut paraître quasiment impossible, mais une fois réalisé, cet
exploit pourrait faire bouger les lignes et entrer dans les mœurs.
Un bouchon de ravitaillement sur-mesure et novateur
Pour autant, son défi aura nécessité beaucoup de travail. Entre deux et trois années d’étroite collaboration avec le Yacht-club de Monaco et son mécanicien, ainsi que l’ingénieur Andrea Pezzini pour aboutir au résultat final. Ajoutez à cela une autre dimension novatrice, celle du ravitaillement. Car pour parcourir 160 kilomètres, Massimiliano Mordenti a eu besoin de se réapprovisionner en carburant au moment de faire demi-tour autour de l’île Gallinara.
Alors, pour rester fidèle à sa philosophie du progrès et de la créativité, l’Italien a fait concevoir un bouchon imprimé en 3D conçu en plastique recyclé et en laiton, avec un système de pompage de bioéthanol qui permet le ravitaillement sans renverser de carburant dans l’eau. Une pollution encore largement répandue ailleurs. En une poignée de minutes seulement, l’Italien a pu refaire le plein et repartir à une vitesse d’environ 30 nœuds (une cinquantaine de km/h).
Le principal défi auquel a dû faire face l’entrepreneur des mers? "On a eu beaucoup de vagues. Les conditions n’étaient pas totalement favorables mais c’était compliqué pour nous de tout décaler."
Un prochain défi plus ambitieux?
L’exploit n’en était que plus beau à l’arrivée dans le port Hercule, salué par les équipes du Yacht-club de Monaco aux alentours de 15h30 ce lundi. "Tout s’est très bien passé. J’étais très ému de voir autant de monde à mon arrivée. C’est bien plus que ce à quoi je m’attendais. J’étais aussi bien entouré pendant le défi puisque deux bateaux et une dizaine de personnes m’accompagnaient."
Son premier défi en appelle d’autres. Même si l’Italien préfère garder le secret avant d’officialiser son prochain exploit, il se murmure que celui-ci pourrait se
dérouler, encore une fois, du côté de nos voisins transalpins où il tenterait de rallier Portofino (au sud de Gênes), soit une distance bien plus grande que précédemment. Avant un autre défi du côté de la Corse?
*Le record est en cours d’homologation par l’Union internationale motonautique
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