Portée par Louis Ducruet, une exposition retrace le destin croisé des familles Napoléon et Grimadi

De l’échange entre Honoré V et Bonaparte à Golfe-Juan à l’amitié entre Albert Ier et l’impératrice Eugénie, l’exposition au Grimaldi Forum réunit les deux familles sur fond d’histoire franco-monégasque.

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Cédric VERANY Publié le 10/07/2025 à 08:45, mis à jour le 11/07/2025 à 10:06
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Les fastes du Second Empire, évoqués devant les portraits de Charles III et Napoléon III. Photo Cyril Dodergny

Alexandre Dumas l’a romancée dans ses écrits, mais la rencontre a bien eu lieu. Le 1er mars 1815, Bonaparte revient de son exil sur l’île d’Elbe et pose le pied sur le sol français, à Golfe-Juan, bien décidé à reprendre son trône. Sa route croise celle du prince héréditaire Honoré futur Honoré V, descendant de Paris pour, lui, rejoindre la Principauté où il entend lui aussi retrouver le trône monégasque, perdu par les Grimaldi en 1793 à la Révolution française.

Deux destinées se rencontrent, point de départ historique qui construit l’exposition "Monaco et les Napoléon (s), destins croisés" qui s’ouvre ce vendredi et jusqu’au 31 août au Grimaldi Forum.

À l’intérieur, deux cents objets racontent un pan de l’histoire du XIXe siècle entre la France et Monaco. Un projet porté par Louis Ducruet qui s’est appuyé sur l’expertise de David Iakobachvili, collectionneur russe établi à Monaco et passionné des Napoléon depuis l’achat d’une tabatière, premier objet d’une collection de milliers de pièces. Et qui tenait à raconter comment ces deux dynasties se sont croisées.

Le prince Albert II a inauguré l’exposition ce jeudi soir en présence de Jean-Christophe Napoléon, descendant des Bonaparte. Photo Cyril Dodergny.

Le prince Honoré soldat de l’Empire

Quand Napoléon Ier rencontre le prince Honoré V à Golfe-Juan, l’Empereur retrouve un de ses soldats. "En effet, en 1793, Bonaparte est un capitaine de l’armée en pleine ascension. En parallèle, c’est la fin provisoire de la Principauté. Le Palais devient bien national français du fait de la déchéance des princes de Monaco qui deviennent, eux, simples citoyens français", rappelle Thomas Fouilleron, directeur des Archives du Palais princier et co-commissaire de l’exposition. La déchéance pousse le jeune prince héritier Honoré, quand il a atteint ses vingt ans en 1798, à s’engager dans les armées de l’Empire, alors que Bonaparte prend le pouvoir en France en 1799.

"Il aurait pu se faire remplacer, il a pleinement répondu à l’obligation légale de passer sous les drapeaux. Il connaîtra le feu pour la première fois en 1800 à la bataille de Hohenlinden." Napoléon le choisit ensuite comme premier écuyer de l’impératrice Joséphine, et le fait baron d’Empire. L’exposition en uniformes, breloques et objets de voyage replace le contexte. On y retrouve aussi bien les caractéristiques de la Principauté restaurée de l’époque sur des toiles… que le lien tendre entre Bonaparte et Joséphine avec leurs lettres manuscrites reproduites.

"Un tiers des pièces n’ont jamais été montrées au public", souligne Pierre Branda, historien de la Fondation Napoléon et commissaire général qui a souhaité une exposition "pédagogique et ambitieuse pour raconter une histoire assez peu connue".

Le deal est respecté à travers les salles présentant des objets historiques et des pièces exceptionnelles d’artisanat d’art comme une série de pendules automatisées. Ou ces bustes signés du sculpteur monégasque François-Joseph Bosio qui a beaucoup travaillé pour la Cour impériale.

En traversant le XIXe siècle, l’exposition s’attarde aussi sur le lien entre Napoléon III et le prince Charles III.

Un uniforme de Bonaparte, taillé pour son mètre 69. Photo Cyril Dodergny.

Napoléon III artisan de la souveraineté de Monaco

À la cour parisienne, le prince monégasque – alors simplement héritier du trône – est un habitué des fêtes impériales et tisse une relation avec l’Empereur pour défendre sa cause. En 1848, Menton et Roquebrune ont fait sécession et les communes ne sont plus terres monégasques. À lui de casser cette décision ou d’obtenir compensation de la France. Ce à quoi il accède en 1861 en co-signant avec Napoléon III le traité de renonciation définitive aux deux communes "contre quatre millions de francs, et la reconnaissance de la souveraineté monégasque", souligne Thomas Blanchy co-commissaire de l’exposition.

L’accord promet aussi le passage du chemin de fer et d’une route carrossable jusqu’à Monaco pour désenclaver le territoire. Ce qui sera une aubaine pour développer le quartier de Monte-Carlo.

L’exposition met enfin en lumière, l’amitié entre le prince Albert Ier et l’impératrice Eugénie, veuve de Napoléon III installée au cap Martin, dans la villa Cyrnos qu’elle a fait construire. Elle oriente le prince monégasque vers sa première épouse, Marie-Victoire Douglas Hamilton, qui est la petite fille de Stéphanie de Beauharnais, fille adoptive de Joséphine et Napoléon Ier.

Le mariage ne durera pas mais donnera naissance à un fils, le prince Louis II, symbole des arbres généalogiques de deux dynasties qui se croisent à sa naissance en 1870.

Les souvenirs de l’époque de l’impératrice Eugenie. Photo Cyril Dodergny.

Louis Ducruet: "Nous voulions nous différencier avec ce projet"

Vous êtes ambassadeur de cette exposition, mais surtout l’un de ses artisans. Comment est né ce projet?

Avec le collectionneur David Iakobachvili, nous discutons depuis longtemps sur des passions communes, notamment le sport. Et nous nous sommes découvert tous les deux une fascination pour Napoléon. De là est venue l’idée de l’exposition, mais nous voulions nous différencier, et pas proposer une énième exposition Napoléon. Nos échanges avec Thomas Fouilleron et Thomas Blanchy au Palais nous ont permis de découvrir cette histoire commune entre les Napoléons et la Principauté. Et le sujet nous semblait sympa, d’évoquer ces destins croisés.

Pourquoi Napoléon vous fascine?

Cela date de l’école, quand j’ai appris l’histoire de Napoléon Ier, je connaissais un peu moins Napoléon III. Ce sont deux personnages qui ont fait beaucoup pour la France, pour le monde. Bonaparte aujourd’hui est un personnage clivant, mais ça m’intéresse d’échanger les points de vue sur lui, notamment par cette exposition. Le projet mûri depuis quelques années et son envergure montre qu’il fallait du temps pour la préparer.

Vous avez appris des choses sur les relations, finalement très proches entre votre famille et la dynastie napoléonienne?

Oui, notamment sur le prince Honoré V. La période de Charles III est un peu plus connue pendant le Second Empire. Mais j’ai été surpris de voir qu’Honoré V avait pris part aux campagnes de Bonaparte. 

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