Découvrez l'art de la baignade au XIXe siècle à Monaco
"Pas de bonnet en toile cirée ni de bain de plus de cinq minutes": les recommandations étaient strictes pour ceux qui voulaient s’aventurer jadis sur les plages de la Condamine ou du Larvotto.
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André PeyregnePublié le 29/06/2025 à 12:30, mis à jour le 29/06/2025 à 12:30
Représentation des Thermes de la Condamine au XIXe siècle.DR
Au milieu du XIXe siècle on commença à voir les premiers touristes s’aventurer sur les plages de la Condamine ou du Larvotto. Les femmes, coiffées de chapeaux à voilettes, portaient des pantalons à volants retroussés à mi-jambe.
Les hommes arboraient des maillots rayés qui leur couvraient le torse et les mollets. Ils se hasardaient dans l’eau jusqu’aux genoux, étaient parfois accompagnés de gouvernantes qui géraient leur temps et regardaient leur montre. Depuis le rivage, des promeneurs en habits clairs et robes longues observaient leurs exploits sous leurs ombrelles.
En fin d’après-midi, tous se retrouvaient à la terrasse de l’Hôtel de Paris pour commenter les événements de la journée: " - Mon cher, l’eau était très bonne aujourd’hui ! M’accompagnerez-vous demain ? - Certainement pas ! Je n’aurai pas l’impudeur de m’exposer comme vous au regard des gens. Moi, j’irai à la roulette. Je sens que la chance est avec moi. D’ailleurs j’ai déjà un rendez-vous au casino avec le comte von Mulhausen… "
Il fallait lire les gazettes mondaines du XIXe siècle. Elles abondaient de scènes de ce genre. Peu à peu le plaisir du bain de mer prit de l’ampleur.
Les premiers thermes
Du haut de son Rocher, la Principauté estima qu’il était temps de s’intéresser aux amateurs de plaisirs balnéaires. Au milieu des années 1860, furent construits les Thermes de la Condamine. Ils firent rapidement parler d’eux au-delà des frontières. Les Thermes de Monaco ! Dans les capitales nordiques, ce seul nom suscitait des rêves de plaisirs aquatiques et de mondanités ensoleillées.
Un envoyé spécial du grand journal L’Illustration de Paris - un certain Méry - fut dépêché sur place pour raconter ce qui se tramait dans le petit Etat méditerranéen de Monaco. L’article parut le 17 mars 1866 : " Le premier établissement qui frappe les regards de l’étranger est l’édifice des bains. Sa position est charmante au fond du golfe, qui est le port naturel de Monaco et dont les eaux limpides sont sans cesse renouvelées dans le mouvement qui les refoule vers la haute mer. Une forêt de citronniers et d’orangers envoie aux baigneurs ses effluves de parfum et des montagnes circulaires à pic les protègent contre les vents. "
Les forêts de citronniers et d’orangers en lisière de la Condamine, on croit rêver ! La fréquentation de la mer, peu à peu, entra dans les mœurs. À partir de 1863, elle eut sa société - la Société des Bains de Mer.
Trois heures après les repas
Mais le tout n’était pas d’avoir des équipements de bain de qualité, encore fallait-il avoir des bons principes de baignade. C’est ce que proposait à ses lecteurs le Journal de Monaco du 8 juin 1875 - il y a cent cinquante ans.
Quand et comment se baigner ? " Il faut bien attendre trois heures après le repas pour se mettre à l’eau. Pour entrer dans l’eau on n’attend pas que le corps se soit refroidi ; il ne faut pas craindre un peu de moiteur de la peau, signe que l’organisme a conservé assez de chaleur pour réagir contre la fraîcheur de l’eau. Le tout, c’est d’entrer d’emblée et résolument dans la mer. "
Comment se vêtir ? " Il est déconseillé de porter le bonnet de toile cirée que l’on porte généralement et qui est une mauvaise chose, parce qu’il s’oppose à la transpiration de la tête. Ce qui convient le mieux, c’est un foulard léger, ou un réseau à larges mailles. Il est très important, particulièrement pour les femmes, que les cheveux soient promptement et complètement séchés. Le meilleur moyen, c’est de les faire sécher soit avec une flanelle, soit avec un linge très sec puis de rester un moment au grand air, les cheveux épars. Pour le corps, il ne faut pas chercher à se sécher exactement et se frotter avec acharnement : il est bon qu’il reste sur la peau ces particules salines qu’y dépose l’eau de mer et qui sont pour beaucsoup dans l’effet salutaire qu’elle produit. "
Quelle durée pour la baignade ? " Les enfants, les femmes ne doivent pas rester dans l’eau plus de cinq ou six minutes, un quart, d’heure au plus, surtout pour les premiers bains. Les hommes bien portants peuvent aller jusqu’à une demi-heure au plus… Quand on est rhabillé, on fait une petite promenade en plein air, ou, si le mauvais temps s’y oppose, on prend chez soi un peu d’exercice. Enfin, il est bon d’attendre au moins une demi-heure avant de manger. "
Les Thermes de Monaco à la fin du XIXe siècle.DR.
Un climat tempéré appréciable
Fallait-il craindre la chaleur? Le Journal de Monaco, dans la même édition du 8 juin 1875 réfutait l’idée de canicule sur nos côtes et citait un auteur nommé J. Verne sans préciser s’il avait un rapport avec le célèbre écrivain: "Nous trouvons dans une récente publication de M. J. Verne, une explication très concluante des privilèges de température dont jouissent les lieux enserrés entre la mer et les Alpes. La mer emmagasine la chaleur et, en hiver, réchauffe l’air dont la température est inférieure, tandis qu’en été elle rafraîchit cette même atmosphère dont la température est plus élevée. Cela justifie le mot tempéré que l’on applique à notre climat."
L’idéal est là: Monaco bénéficie d’un "climat tempéré".
Et c’est ainsi que la Principauté peut satisfaire tous les tempéraments.
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