"Balle Perdue", "Aka", "GTMax"... Si vous avez Netflix, vous n'avez pas pu passer à côté de ces films d'action à la française, aux cascades spectaculaires et millimétrées, qui confirment que le savoir-faire tricolore possède de nombreux atouts pour faire face sans complexe aux blockbusters américains.
Après la sortie du dernier volet de la trilogie "Balle Perdue", Rémi Leautier revient à Cannes avec un film destiné cette fois aux salles obscures, avec "Les Orphelins", film réalisé par Olivier Schneider. Dans ce long-métrage qui sortira au cinéma le 20 août prochain, on retrouve évidemment Alban Lenoir, son acteur emblématique, dans un duo explosif avec Dali Benssalah.
Et le festival phare de la Croisette n'est pas qu'un simple événement pour ce cinéphile qui rêvait déjà enfant de longs-métrages, de cascades et d'effets spéciaux plus vrais que nature. Comme il le dit lui-même: "les marches du Palais des Festivals ont été pour moi un très long escalier".
Mais de ces rêves de jeune garçon aux côtés de son ami d'enfance et réalisateur de "Balle Perdue", Guillaume Pierret, Rémi en a fait une aventure symbolique et une "success story" digne de celles que l'on nous présente généralement outre-Atlantique.
De la distribution de flyers et de DVD sur la Croisette à la montée des marches du Festival de Cannes... Il se confie aujourd'hui sur ce parcours atypique et sur cette volonté de vivre de sa passion tout en suivant ses convictions.
Un tandem de choc dès l'enfance
L'envie de faire du cinéma et de devenir réalisateur n'est pas vraiment arrivée par hasard. "Si je remonte aux racines, je suis devenu cinéphile quand j’ai commencé à regarder toutes les VHS de mes parents. "Star Wars", "Indiana Jones"... Un jour avec mon ami d’enfance Guillaume Pierret (ndlr: réalisateur de la trilogie "Balle perdue"), nous sommes allés voir Jurassic Park au cinéma.
C'est la révélation: "on prend une énorme claque, on a l’impression que les dinosaures vont sortir de l’écran et qu’ils sont réels. Après ça, on a acheté le DVD et on est tombés sur le "making of", on a découvert comment on peut faire croire que le T-Rex est réel. En voyant tous ces métiers on s'est dit: "c'est ça que l'on veut faire"."
Des autodidactes passionnés
Rémi et Guillaume sont deux autodidactes. "Je n'ai pas fait du tout d'école de cinéma, je l'ai appris par moi-même". Ils passent à l'action avec un premier court-métrage en 2004: "on pratiquait les arts martiaux alors on a commencé par des scènes de combats. C'est de manière instinctive que Guillaume a pris place derrière la caméra, il avait déjà une vision", confie Rémi.
"Mon objectif c'est de donner envie aux gens de participer au film et faire en sorte que cette idée devienne concrète. C'est là que j'ai compris que mon rôle était producteur".
Mais alors pourquoi les films d'action? "C'est vraiment le cinéma que l'on aime regarder et surtout celui qu'on aime faire le plus. C'est en créant notre société de production, Inoxy films que le premier "Balle Perdue" est né."
"Je crois que les meilleures leçons sont tous les refus qu'on m’a imposé"
Croire en leurs projets et en leur savoir-faire a été déterminant dans la carrière de ce duo. "À chaque fois, c'était non pour que des mauvaises raisons donc au fur et à mesure, on ne lâche pas la rampe et puis on finit par convaincre", affirme-t-il.
"Je suis arrivé la première fois avec mes flyers sur la Croisette, un costume trop grand et une cravate élastique"
Cela fait plus de 20 ans que Rémi Leautier vient quasiment chaque année au Festival de Cannes. Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'accès au tapis rouge et à ses mythiques marches a été long.
"Pour moi le Festival de Cannes résonne comme quelque chose de très particulier. Je suis arrivé avec Guillaume il y a 21 ans avec les DVD de mon court-métrage "Surrender", des flyers, un costume beaucoup trop large et une cravate élastique", confie-t-il avec humour.
"On est arrivés au "short film corner" sans savoir vraiment comment ça marchait. On avait imprimé pas loin de 2.000 flyers de notre court-métrage, avec nos numéros de portables dessus. Tout le monde nous disait: à Cannes, il faut rentrer dans les soirées c'est comme ça qu'on rencontre des gens, mais on ne connaissait strictement personne."
Une arrivée chaotique et des premières éditions du Festival qui se sont parfois souvent ressemblées. "Avant la sortie de "Balle Perdue", tous mes premiers Cannes ressemblaient à ça", précise-t-il.
"Peu à peu tu as l'impression de franchir une petite marche. Pour moi les marches du festival de Cannes c’est un escalier très long"
"En 2018, je suis à Cannes avec Alban Lenoir qui est notre acteur principal sur la trilogie "Balle Perdue" avec qui on a beaucoup développé le scénario et lui il a une actualité au festival. Cette année-là, il joue dans Gueule d'Ange, aux côtés de Marion Cotillard. Il avait une montée des marches et là tout a changé", se souvient-il avec précision.
Au fil des années, les portes se sont ouvertes et Rémi a pu constater le chemin parcouru: "un de mes plus beaux souvenir, c'est une invitation sur un bateau au large de la Croisette, pour une soirée en compagnie d'Omar Sy. Je me souviens l'écouter pendant notre discussion et voir en toile de fond Cannes et le Palais des festivals. C'est là que l'on se rend compte de la progression."
Une émotion non dissimulée pour un rêve de gosse devenu réalité.
Cannes et le cinéma d'acion
"Il y a de la place pour tout le monde au Festival de Cannes". Avec "Top Gun: Maverick" en 2023 et le dernier "Mission Impossible: The final reckoning" pour cette 78e édition, les stars de film d'action étaient au rendez-vous ces dernières années sur le tapis rouge.
Une production Inoxy films pour une montée des marches en hors compétition serait une consécration non seulement pour Rémi Leautier et ses équipes mais également pour le cinéma d'action français en général.
Quelle est la place des films d'action aujourd'hui en France?
"C'est une place encore fragile. Aujourd'hui le cinéma d'action français est relégué aux plates-formes. Dans les salles de cinéma, c'est encore inconnu. Avec "Les Orphelins", on espère réconcilier le public français avec cette thématique".
"Même si nous n'avons pas le même budget que les américains, notre savoir-faire français apporte quelque chose en plus aux longs-métrages."
Rendez-vous en salles, le 20 août prochain dans les cinémas pour découvrir "Les Orphelins", film réalisé par Olivier Schneider et produit par Rémi Leautier.
commentaires