78e Festival de Cannes: "à la base, il y avait l’idée de parler de l’endroit où j’ai grandi", Hubert Charuel plonge en Haute-Marne avec "Météors"

Dans "Météors", présenté dans la section "Un Certain Regard", Hubert Charuel et Claude Le Pape racontent une histoire d’amitié assez rare au cinéma. Après "Petit paysan" dans le milieu agricole, le duo plonge en Haute-Marne, auprès d’autres invisibles.

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Amélie Maurette Publié le 21/05/2025 à 10:00, mis à jour le 21/05/2025 à 15:45
Hubert Charuel et Claude Le Pape. Photo Sébastien Botella

"Je cherche quelqu’un qui comprend ce qu’on fait…" Avec cette phrase anodine, lancée à un supérieur et restée sans réponse, Mika (Paul Kircher), un des trois antihéros de Météors, résume bien le mal-être ambiant des jeunes, et moins jeunes. Avec ses amis, Tony (Salif Cissé) et Daniel (Idir Azougli), à Saint-Dizier, Mika travaille à la construction d’une "poubelle nucléaire".

Un sarcophage de béton pour contenir les déchets radioactifs des centrales françaises. Un non-sens, une nécessité, toute une économie. La question de Mika, beaucoup d’employés, quel que soit le secteur, pourraient la poser. Et ils n’auraient pas plus de réponse. Alors face à ce monde à la fois étriqué et trop grand pour eux, les trois copains de Météors se serrent les coudes. L’un ferme les yeux pour avancer, l’autre boit pour ne pas penser, le dernier se débat avec sa lucidité.

"À la base, il y avait l’idée de parler de l’endroit où j’ai grandi et des gens avec qui j’ai grandi, explique le réalisateur marnais, Hubert Charuel, à qui l’on doit Petit paysan, inspiré du monde de ses parents agriculteurs, trois fois césarisé en 2018. Les gens comme Tony, Daniel et Mika, je les connais."

À l’opposé du "buddy movie"

Dans le film, tous se soutiennent, mais les choses ne s’arrangent pas forcément. Et dans ce décor d’apocalypse annoncée, Météors est une très belle histoire d’amitié, comme on en raconte peu au cinéma. " l’écriture, on s’est demandé: est-ce qu’il pourrait y avoir une fille? Bien sûr, mais ça modifiait beaucoup de choses. Et moi, dans ma jeunesse, c’était un groupe de garçons. C’est vrai que sociologiquement, à cet endroit-là, les loisirs, etc. sont très genrés." Mais à l’opposé du "film de potes" dont on a l’habitude, ces trois garçons font preuve d’une tendresse qui surprend. Tant elle est peu mise en avant d’ordinaire.

"Les conflits ne viennent jamais de leur rivalité. C’est eux trois ensemble face à l’adversité. Nous voulions montrer des gens qui veulent le bien de l’autre, et ça peut être entre garçons. Il y a plein de jeunes gens comme ça, c’est bien de le montrer", ajoute la coscénariste Claude Le Pape, déjà à l’écriture aussi pour Petit Paysan. Des météores, donc, qui auraient pu briller très forts, mais qui risquent de filer bien vite et de s’éteindre.

Parce que malheureusement, si gentil soit-on, la galère parfois s’accroche. Et si ces personnages ne sont pas maudits non plus, rien dans leur environnement ne viendra les aider.

"Des choses pas justes qui influencent tout un destin"

"Il y a un truc que je ne supporte pas, c’est le ‘‘quand on veut, on peut’’. Et bien non, pas du tout, vraiment pas du tout, poursuit Claude Le Pape. Sociologiquement, quand on est né à Saint-Dizier, ce n’est pas du tout la même chose que d’être né à Paris, dans une famille bien construite. Il y a des choses qui ne sont pas justes et qui ont une influence sur tout un destin."

"Des gens comme Daniel [le personnage dont l’alcool est la soupape, ndlr] on en connaît, et on se dit que s’ils n’étaient pas nés là où ils sont nés… Il y a parfois un acharnement de malchance, et pas seulement, il y a un système qui, quand même, ne fait pas de cadeau à beaucoup de gens", résume Hubert Charuel. Qui explique aussi le lien entre les deux fils rouges de Météors. Ces trois amis et ce chantier d’enfouissement de déchets nucléaires. "Nous avions fait évoluer le scénario et on se demandait comment faire vivre ces deux histoires, un ami nous a dit: ‘‘Je trouve ça beau, cette histoire de personnes et de territoires qui s’intoxiquent pour survivre’’. C’était exactement le point de croisement."

En salles le 8 octobre.

Dans "Météors", présenté dans la section "Un Certain Regard", Hubert Charuel et Claude Le Pape racontent une histoire d’amitié assez rare au cinéma. Photo Sébastien Botella.

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