Le meurtre de Hichem Miraoui, 35 ans, est "le fruit d'une atmosphère qui existe dans le pays depuis maintenant quelques mois, quelques années, et qui se durcit chaque jour un peu plus", analyse l'avocat de la famille de la victime, maître Mourad Battikh, interrogé ce mardi 3 juin 2025 sur franceinfo.
Le corps du Tunisien a été retrouvé à Puget-sur-Argens, où il habitait, criblé de cinq impacts de balles. Un Turc a également été blessé au moment des faits.
Le mis en cause, actuellement en garde à vue, est un voisin. Il a été interpellé dans la foulée à bord de son véhicule, où ont été découvertes des armes "de type pistolet automatique, fusil à pompe et arme de poing", selon le procureur de Draguignan.
"Tout sauf un fait divers"
Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête. "C'est tout sauf un fait divers. On est face à une idéologie, on est face à une préméditation, réagit maître Mourad Battikh. On est face à un individu qui n'a probablement pas agi seul, en tout cas pas agi seulement sous le coup d'une impulsion. On est sur quelqu'un qui agit avec une idéologie profonde."
"Il faut prendre le temps de la réflexion et se demander comment est-ce que des individus arrivent à l'acte irréparable, au crime le plus odieux qui est de retirer la vie, au nom du drapeau français, s'interroge l'avocat. Aujourd’hui, on fait du drapeau français l'étendard d’une idéologie haineuse. C'est absolument triste et scandaleux."
Le suspect, né en 1971, est Français et adepte du tir sportif. Avant et après son passage à l'acte, il a publié deux vidéos au contenu "raciste et haineux" sur Facebook, d'après le procureur de Draguignan. Dans l'une d'entre elles, il aurait assuré "prêter allégeance au drapeau français" et appelé les Français à "tirer" sur les personnes d'origine étrangère.
"Personne n'est dupe sur le contexte"
Maître Mourad Battikh, qui était l'avocat des proches d'Aboubakar Cissé, le Malien de 22 ans tué dans une mosquée du Gard, dénonce également le "climat politique". "Je ne fais pas de fixation sur Bruno Retailleau en personne. Néanmoins, personne n'est dupe sur le contexte qui règne aujourd'hui en France."
Le ministre de l'Intérieur a dénoncé ce lundi un crime "raciste" et "prémédité", ajoutant que "chaque acte raciste est un acte antifrançais". "Ce que je veux dire, c'est que le racisme en France et ailleurs, c'est un poison et on le voit bien, c'est un poison qui tue", a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre François Bayrou à Matignon, ajoutant s'être entretenu au téléphone avec l'ambassadeur de Tunisie en France.
Le ministre de l'Intérieur s'est également entretenu lundi soir par téléphone avec son homologue tunisien Khaled Nouri, qui a condamné l'assassinat et lui a demandé de protéger ses compatriotes.
commentaires