Mort en direct du streamer Jean Pormanove: auditions, autopsie à venir, saisies de vidéos... Ce que l'on sait sur l’enquête en cours et les circonstances du drame

A Drap, où habitent certains des protagonistes, les langues se délient après le décès en live sur la plateforme Kick du streamer Jean Pormanove. L’enquête se poursuit.

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Stéphanie Gasiglia Publié le 20/08/2025 à 20:06, mis à jour le 20/08/2025 à 20:09

L’enquête sur la mort du streamer Raphaël Graven, 46 ans, connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove, ne fait que commencer.

Le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, révèle que l’autopsie se déroulera ce jeudi matin afin de déterminer les causes du décès de ce créateur de contenus qui cumulait des centaines de milliers d’abonnés sur les différents réseaux.

"JP" a rendu son dernier souffle, dans son sommeil, en direct sur plateforme controversée Kick, lundi 18 août.

Avec plusieurs de ses acolytes, il se filmait depuis plus de 12 jours en live depuis leur local de tournage situé à Contes, dans la vallée du Paillon. 298 heures d’un sordide spectacle qui avait son public et au cours duquel il était violenté et humilié. Les internautes payaient pour encourager ces "exploits" sur la chaîne baptisée "LeLokalTV".

Lundi, lors de cet ultime "challenge" à l’issue fatale, plus 36000 euros avaient déjà été engrangés.

Témoins entendus, saisies de vidéos

Depuis le drame, plusieurs personnes présentes au côté de la victime ont déjà été auditionnées, mais "sans qu’à ce stade elles ne permettent de donner une orientation quant aux causes du décès", précise le parquet. Qui indique que "de nombreuses saisies de matériels et vidéos ont été réalisées".

Objectif: reconstituer en détail les faits intervenus dans les jours qui ont précédé la mort de Jean Pormanove.

Le service local de la police judiciaire de Nice, chargé de l’affaire, va devoir coupler cette nouvelle enquête avec les investigations menées depuis le 16 décembre dernier, après la parution d’un article de Mediapart qui révélait l’existence des vidéos de la terrible clique, (lire nos éditions d’hier).

En janvier, les "victimes", ont nié être victimes de violences

Le 8 janvier dernier Owen Cenazandotti, alias Naruto et Safine Hamidi ont été placés en garde à vue. Puis remis en liberté.

Leurs deux victimes présumées, "JP" et un individu en situation de handicap, baptisé Coudoux, ont contesté être victimes de violences. "Tous deux assuraient n’avoir jamais été blessés, être libres de leurs mouvements et avaient refusé tout examen médical ou psychiatrique", a détaillé le procureur de la République de Nice.

Devant les enquêteurs, ils avaient évoqué des mises en scène pour faire "le buzz". Et gagner de l’argent. Jusqu’à 2000 euros pour Coudoux, 6000 euros pour Jean Pormanove qui expliquait "exercer cette activité dans le cadre d’une société qu’il avait créée, sans lien financier direct avec les autres protagonistes".

Les conditions financières de réalisation des vidéos

Au regard de ces éléments, les gardes à vue avaient été levées, sans poursuites à ce stade. Mais les investigations ne sont pas terminées. Du matériel et des données avaient déjà été emportés par la police afin de "déterminer les conditions juridiques et financières de réalisation de ces vidéos, ainsi que les liens exacts entretenus avec les plateformes de streaming".

Depuis le drame, c’est la haine tous azimuts sur les réseaux sociaux. "La présomption d’innocence n’est pas négociable. L’État de droit prime sur la vindicte populaire", s’agace maître Kada Sadouni, l’avocat de Safine, le Niçois de 23 ans. "Mon client est vilipendé, victime d’un cyberharcèlement menaces de mort, injures, diffamations, appels et messages malveillants", révèle-t-il.

L’avocat niçois annonce déposer plainte pour Safine à l’instar de son confrère pour Owen Cenazandotti.

Drap secouée par le drame qui implique des enfants du pays

À Drap, au cœur du petit quartier de la Condamine où habitent certains des protagonistes, le sujet enflamme les discussions autant que le débat au niveau national.

Jean Pormanove était-il le souffre-douleur consentant de ses sinistres comparses ou était-il sous emprise? "Owen et Safine n’étaient rien avant de mettre le grappin sur lui [JP]. Ce sont deux loosers qui se sont mis à gagner des milliers d’euros. Ils viennent de perdre la poule aux œufs d’or", glisse un père de famille qui réside près du stade de la petite cité drapoise.

Le fils d’un élu

"Owen et son frère Gwen, on les a vus grandir et on ne peut pas comprendre, leurs vidéos c’est dégueulasse. Ma fille m’a montré. Je ne sais pas s’ils se rendaient vraiment compte", se lamente une voisine.

"Leur père est à la mairie, il est élu, il doit savoir avec l’enquête il aurait dû leur dire de tout arrêter", assume-t-elle. Jean-Christophe Cenazandotti est l’ancien adjoint au Sport de Robert Nardelli. Il est depuis novembre 2024 dans l’opposition, membre du groupe Unis pour Drap.

"Mon frère est mort d’épuisement"

"Je ne regardais pas tout mais j’estime qu’il n’aurait pas dû mourir comme ça, qu’il est décédé d’épuisement. Ce qu’il a vécu est inacceptable", a déploré, de son côté, la sœur de Raphaël Graven, interrogée par nos confrères de RTL. Elle estime " que son frère est mort d’épuisement".

Joëlle, sa mère, qui intervenait de temps en temps sur les directs du LokalTV, notamment pour tente de calmer Naruto "qui allait trop loin" selon elle, a posté sur Facebook un message pour annoncer le décès de son fils sur le mur de la base aérienne 128 Metz-Frescaty. Raphaël Graven a été militaire pendant 10 ans.

"Je vous fais cette publication afin de vous annoncer une triste nouvelle. Mon fils âgé de 46 ans est décédé. J’espère qu’en partageant cette publication certains de ses anciens collègues et amis pourront être mis au courant. C’est une épreuve difficile pour tout le monde, en vous remerciant de votre bienveillance", pose la maman qui habite en Moselle.

Une partie de la famille est attendue à Drap samedi, selon une source proche du dossier.

Les obsèques payées par deux stars américaines?

La date et le lieu des obsèques de "JP" ne sont pas encore connus. Mais Adin Ross, ex-streamer star de Twitch a annoncé vouloir prendre à sa charge le coût des funérailles.

"C’est terrible et immonde. Ceux qui ont participé à cette tragédie méritent d’en payer les conséquences. Je viens d’échanger avec Drake. Lui et moi allons payer les obsèques, cela ne le ramènera pas, mais c’est le moins que nous puissions faire", a promis celui qui officie désormais sur... Kick. Qui est, de son côté, sorti de son silence seulement hier. "Nous sommes profondément attristés par la disparition de Jean Pormanove et adressons nos sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à sa communauté", peut-on lire sur le compte X de la plateforme australienne.

Ceux qui ont "participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l’attente de l’enquête en cours", dévoile Kick.

Certainement Naruto et Safine, même s’ils ne sont pas cités.

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