Elle s'élève à quelque 3.300 milliards d'euros, au premier trimestre 2025. Cette somme correspond aux montants que la France a emprunté sur les marchés.
La dette publique ne cesse de gonfler depuis des dizaines d'années à mesure que les déficits publics s'accumulent.
Elle représente désormais près de 114% du produit intérieur brut (PIB), ce qui en fait la dette la plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie.
En 1995, elle ne pesait que 57,8% du PIB, mais a été alourdie depuis par les crises financière, sanitaire et inflationniste.
La dette reste bien en dessous des niveaux observés dans l'entre-deux guerre où elle atteignait jusqu'à 300% du PIB, selon les travaux de l'institut Avant-Garde, un centre de réflexion d'économistes.
Et à l'heure actuelle, "beaucoup de pays sont au-delà du niveau" d'une dette publique à 114% du PIB, nuance à l'AFP Eric Heyer, économiste et directeur de département à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Quel est le problème ?
Qui dit davantage de dette, dit plus d'intérêts à payer aux créanciers.
La croissance des dépenses de l'Etat consacrées au paiement des intérêts est d'ailleurs l'une des principales menaces avancées par le gouvernement.
En 2025, la charge de la dette de l'Etat, c'est-à-dire les intérêts payés, est de 53 milliards d'euros, selon le rapport d'avancement annuel du Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT), présenté en avril.
Cette charge devrait croître à 66 milliards d'euros en 2026 pour devenir le premier poste de dépenses de l'Etat devant l'Education nationale, a affirmé François Bayrou.
"Les conséquences pour les Français, c'est qu'on ne peut pas faire le reste" et que "l'action publique se trouve étranglée", a prévenu le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, dimanche sur LCI.
Des économistes d'Attac et de la fondation Copernic ont toutefois relativisé le poids de la dette dans une tribune récente au journal le Monde.
En 2024, la charge de la dette française rapportée à la richesse nationale s'est élevée à 2% du PIB, "nettement moins que dans les années 1990, et équivaut à la moyenne de la zone euro", écrivent-ils.
D'autres économistes, comme Eric Heyer, contestent également le poids des intérêts tels que présentés par le gouvernement de François Bayrou, l'accusant de ne pas tenir compte du rôle joué par l'inflation quand l'augmentation des prix peut "absorber" cette charge pour tout ou partie.
L'inflation augmente mécaniquement les recettes fiscales de l'Etat et la richesse nationale, ce qui permet de dégager un peu plus de marge de manoeuvre.
Y a-t-il un risque de crise?
Si le spectre d'un scénario à la Grecque est régulièrement agité, y compris au sein du gouvernement, les taux "ne laissent pas présager une crise similaire à celle de la dette souveraine d'il y a dix ans", relève Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote Bank.
Le taux d'intérêt de l'emprunt à échéance 10 ans a dépassé les 3,6% mardi, au plus haut depuis mars 2025 et non loin d'un sommet depuis 2011.
La dette française reste recherchée. Jeudi, la France a par exemple réalisé un emprunt sur les marchés qui a attiré une très forte demande mais à des taux en hausse.
Le filet de sécurité de la Banque centrale européenne (BCE), susceptible d'intervenir pour acheter des titres de dette sur les marchés, contribue aussi à écarter un risque de crise, selon Christopher Dembik, stratégiste chez Pictet, qui prédit toutefois un "déclassement de la dette française".
Reste qu'un discours alarmiste pourrait alimenter le doute et pousser les investisseurs à demander des taux d'intérêt encore plus élevés pour prêter à la France, redoute Clara Léonard, co-fondatrice de l'Institut Avant-Garde.
D'autant plus que "la dette publique est le moyen pour les investisseurs financiers de peser sur la politique économique des Etats", selon les économistes d'Attac et de la fondation Copernic.
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