Le vent qui soufflait sur Marseille en ce matin du dimanche 8 juin ne parvenait pas à sécher les larmes des proches d’Hichem Miraoui. « Toute la famille est là pour sa mémoire et pour que ça n’arrive plus à personne, mais c’est un drame ce qu’on est train de vivre », lâchait sa cousine Mouna, la voix étranglée par les sanglots. Avant de défiler à Puget-sur-Argens dans l’après-midi, la famille marseillaise du Tunisien de 46 ans victime d’un attentat raciste commis par son voisin Christophe B., 53 ans, avait organisé une marche blanche dans la cité phocéenne. Plusieurs centaines de personnes, 450 selon la police, y ont pris part.
Soutenu par des collectifs, associations et syndicats (Vigilance et initiatives syndicales antifasciste 13, FSU 13, Solidaires 13, CGT 13, Ligue des droits de l’homme Marseille et le Mrap 13), le cortège s’est réuni au départ de la Porte d’Aix derrière la banderole « Le racisme a de nouveau tué ».
Dans l’assemblée où beaucoup portaient des tee-shirts blancs appelant à la « Justice pour Hichem », se croisaient élus - notamment les députés LFI des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu et Manuel Bompard - et anonymes, à l’instar de Redouane, 38 ans. Ce Franco-algérien, installé en France depuis 2003 tenait à montrer sa solidarité avec le coiffeur tunisien avec qui il n’avait pourtant aucun lien. « J’ai vu l’annonce de la manifestation sur Tiktok, je suis venu pour dire qu’il faut que ça s’arrête, on ne tue pas quelqu’un parce que c’est un Arabe. »
"Un garçon plein de vie"
« Hichem était le cousin de mon mari, c’était un garçon plein de vie, souriant, pacifique, bienveillant avec les autres, confiait Naïma, 43 ans, venue de La Ciotat avec son conjoint et leur fille de 8 ans. On est une famille multiculturelle, cette mixité, c’est notre richesse. C’est triste que beaucoup de personnes ne le voient pas comme ça. »
Après avoir défilé dans le silence jusque sur la place de la Joliette, le cortège a gagné le Vieux-Port à la mi-journée, rejoignant l’ombrière sous le regard ému des passants et touristes très nombreux en ce dimanche de Pentecôte. Une minute de silence y a été respectée, avant que les manifestants donnent de la voix, appelant à la « Justice pour Hichem ».
L’avocat de la famille, Maître Sefen Guez Guez, s’est alors adressé aux journalistes, tandis que la foule scandait « médias français, on veut la vérité » et autres « Retailleau assassin ! » Dénonçant les « discours des politiques » dont « le meurtrier s’est nécessairement nourri », il a souligné qu’il « appartient à chacun d’en tirer toutes les responsabilités, y compris certains médias qui alimentent un climat de racisme qui aujourd’hui tue. La France ne se reconnaît pas contre ce crime de haine. Du sang a coulé et du sang coulera encore si nous ne réveillons pas face à cet enjeu qui touche notre patrie. »
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