L'auteur s'est rendu à la police italienne, la piste islamophobe privilégiée, le profil de la victime... le point complet sur l’attaque meurtrière dans une mosquée du Gard

Que s'est-il passé vendredi dans la mosquée de La Grand-Combe; qui étaient la victime et l'assaillant; où en est l'enquête? On fait le point sur cette affaire, qui a mis l'islamophobie sur le devant de la scène en France.

La rédaction Publié le 28/04/2025 à 13:12, mis à jour le 28/04/2025 à 13:12

Que s’est-il passé?

Vendredi 25 avril, vers 8h30 du matin, un homme a pénétré dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, une petite commune du Gard, et a poignardé à mort un fidèle, Aboubakar Cissé, alors qu’il venait balayer le sol de la mosquée où il priait régulièrement.

L’attaque, d’une violence extrême - la victime a reçu une quarantaine de coups de couteau - a été en partie filmée par l’auteur lui-même, qui a ensuite diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, proférant des insultes à l’encontre de l’islam et exprimant sa volonté de tuer d’autres personnes pour devenir un "tueur en série".

Le suspect a pris la fuite immédiatement après les faits. La victime a été retrouvée sans vie en fin de matinée par d’autres fidèles venus pour la prière du vendredi.

Qui était la victime de cette attaque?

Aboubakar Cissé était un jeune homme malien de 22 ans, arrivé il y a quelques années à La Grand-Combe, où il était très apprécié de la communauté.

Il fréquentait régulièrement la mosquée, où il venait bénévolement chaque semaine pour faire le ménage avant la grande prière.

Selon des témoignages recueillis sur place, il était connu pour sa "gentillesse" et son intégration dans la vie locale.

Que sait-on sur l’assaillant?

Le suspect, Olivier H., est un Français d’origine bosnienne, né à Lyon en 2004, âgé de 20 ans. 

Il est issu d’une famille nombreuse, chrétienne, vivant en partie dans le département du Gard.

Il n’avait aucun antécédent judiciaire ni signalement particulier auprès des services de police ou de gendarmerie.

Selon les premiers éléments de l’enquête, il ne connaissait pas la victime et n’avait jamais fréquenté la mosquée auparavant.

Après trois jours de cavale, "s'est rendu de lui-même dans un commissariat de Pistoia", non loin de Florence, "dimanche 27 avril vers 23h", a indiqué ce lundi à l'AFP le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, le meurtrier se félicitait de son acte et insultait la religion de sa victime: "Je l'ai fait, (...) ton Allah de merde", avait-il répété à deux reprises.

Les enquêteurs s’interrogent donc également sur son état psychologique.

Où en est l'enquête?

Un juge d'instruction "va être saisi" et un mandat d'arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, une procédure qui pourrait prendre "quelques jours ou quelques semaines", a précisé le procureur d'Alès.

Plus de 70 policiers et gendarmes étaient mobilisés depuis vendredi pour "localiser et interpeller" cet homme considéré comme "potentiellement extrêmement dangereux", selon le procureur.

"Après s'être glorifié de son acte, après l'avoir quasiment revendiqué, il avait tenu des propos qui laisseraient penser qu'il entendait commettre encore des faits de même nature", avait-il souligné dimanche.

Si la piste d’un acte islamophobe est privilégiée par les enquêteurs, d’autres hypothèses restent à l’étude, notamment celle d’un passage à l’acte lié à une fascination morbide pour la violence.

Quelles ont été les réactions politiques?

L’attentat a suscité une vive émotion et de nombreuses réactions politiques.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est rendu à Alès pour s’entretenir avec les enquêteurs et a affirmé que "la piste d’un acte anti-musulman n’est pas négligée, bien au contraire", tout en annonçant un renforcement de la sécurité autour des mosquées.

Emmanuel Macron a rappelé que "le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France" et a exprimé son soutien à la famille de la victime et à la communauté musulmane.

La gauche, notamment La France insoumise et les écologistes, a dénoncé un "climat islamophobe" et un "deux poids deux mesures" dans la réaction politique et médiatique face aux crimes visant les musulmans.

Parmi ces derniers, Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, n'avait pas caché son "sentiment de colère et de haine à l'égard de ceux qui ont commis ce crime", dénonçant un climat islamophobe.

Plusieurs centaines de personnes ont par ailleurs manifesté dimanche à Paris contre l’islamophobie et en hommage à Aboubakar Cissé, avec la participation de responsables politiques et associatifs.

À La Grand-Combe, dans le Gard, une marche blanche en souvenir de la victime a rassemblé plus d'un millier de personnes le même jour.

Le thème de l'islamophobie désormais sur le devant de la scène?

L’attaque a ravivé le débat sur l’islamophobie en France. De nombreux responsables associatifs et politiques ont dénoncé la montée des discours de haine visant la communauté musulmane et la banalisation des actes anti-musulmans.

Sur le terrain, la communauté musulmane locale a exprimé sa peur et sa colère face à ce drame, symbole pour beaucoup d’une insécurité croissante liée à la stigmatisation religieuse.

Dans les médias, de plus en plus de responsables politiques n'ont plus hésité à utiliser le terme ce week-end.

Sur les pancartes brandies lors des rassemblements, on pouvait lire "L’islamophobie tue, l’État est complice" et "Justice pour Aboubakar".

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