Il avait fauché mortellement une quinquagénaire avec une benne à ordures dans le Var, le parquet requiert du sursis contre le chauffeur

Le 1er avril 2022 à Puget-sur-Argens, une quinquagénaire était mortellement fauchée par une benne à ordures ménagères. Son chauffeur a été jugé mardi dernier par le tribunal correctionnel de Draguignan.

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V. W. Publié le 26/06/2025 à 07:00, mis à jour le 26/06/2025 à 07:10
La victime rentrait chez elle après sa journée de travail. Elle n’a pas vu la benne à ordures ménagères arriver dans son dos. Photo P. L. Photo P. L.

Ginette, 56 ans, n’a pas vu la mort venir. Ce vendredi 1er avril 2022 aux environs de 9 heures, alors qu’elle rentrait chez elle après avoir nettoyé les locaux de La Poste à Puget-sur-Argens, la mère de famille était mortellement renversée par un camion poubelle rue Édouard-Branly.

Trois ans plus tard, sa famille éplorée espérait des réponses de la part de la justice. Elle n’en aura pas de Frédéric M.. Le prévenu ne s’est pas présenté à son procès devant le tribunal correctionnel de Draguignan. "Il est dévasté, souffle son avocat Me Rudy Romero. Il n’a pas la force de venir à la barre."

Voie en contresens, zébras coupés

Ce matin d’avril 2022, au volant de la benne à ordures ménagères, Frédéric M. venait de manœuvrer pour emprunter une rue étroite en marche arrière afin d’accéder à deux points de collecte.

Sans se douter de la présence de Ginette dans un de ses angles morts. Et sans entendre, comme il a pu l’affirmer aux enquêteurs, si le signal sonore avertissant les passants de son arrivée fonctionnait.

Le quadragénaire n’était pas le conducteur habituel du camion poubelle de la communauté d’agglomération Estérel Côte d’Azur.

Ce jour-là, l’agent territorial remplaçait, comme il avait déjà pu le faire par le passé, un collègue malade. Comme il était de coutume, et parce que la rue Branly ne permet pas à son extrémité de faire demi-tour, Frédéric avait pris une voie en contresens, coupé des zébras afin de se positionner pour une marche arrière.

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Selon le ripeur qui l’accompagnait, c’est après avoir roulé "au pas" sur une trentaine de mètres et vérifié régulièrement leur progression grâce aux rétroviseurs qu’ils entendaient un "bruit bizarre". Celui du choc fatal avec Ginette qui, selon le chauffeur, devait "marcher dos au camion".

Malgré la présence d’une caméra dans la trémie du camion qui filme le collecteur ainsi qu’un bout de voie, Frédéric assure n’avoir pas vu la victime. "Les gendarmes ont constaté le jour des faits que le bip et la caméra ne fonctionnaient pas toujours", relève la présidente Julie Gadiollet.

Un expert aux méthodes "artisanales"

L’expert mandaté par le parquet ne cherchera pas à savoir pourquoi. "Quand j’ai effectué ma mission, la benne était au garage et ne démarrait pas. Mais de toute façon, je n’en avais pas besoin. Sur les images de vidéosurveillance de la ville, on voit que le moniteur s’allume."

Une affirmation qui ne convainc ni Me Romero ni le procureur Guy Bouchet, "effaré par le manque de professionnalisme" de l’expert qui a "travaillé de façon très artisanale alors que cet accident a eu des conséquences létales".

"Il est incapable de communiquer les éléments utilisés pour calculer la vitesse du véhicule" soupire le magistrat. Une vitesse estimée par le spécialiste en accidentologie à 8km/h "par comparaison" lors d’une reconstitution avec un autre camion poubelle.

Pour autant, aux yeux du parquet, le chauffeur a violé son obligation de prudence en ne respectant pas "le sens de la tournée".

Il requiert six mois d’emprisonnement avec sursis et l’annulation du permis de conduire pendant trois ans. "S’il l’avait respectée, il aurait manœuvré différemment avant sa marche arrière et aurait vu Ginette s’engager dans la rue" est persuadée Me Magali Nollet en partie civile.

"Mais il n’y avait à l’époque aucune fiche de procédure à Puget-sur-Argens, réplique Me Romero. Elle a été fournie 15 jours après aux gendarmes."

Depuis le drame, l’entreprise Pizzorno a récupéré la tournée et supprimé toute marche arrière à cet endroit.

Délibéré le 9 septembre prochain.

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