Trois semaines de procès à huis clos, onze accusés (dont un malade jugé ultérieurement), 108 questions posées à la cour d’assises des mineurs du Var, cinq heures de réquisitions, huit de délibéré et, pour finir, 101 ans de prison décernés aux responsables de la mort d’Imed Bouguerra, tué le 29 juin 2020 à La Valette.
Malgré un verdict de culpabilité à l’encontre des quatre principaux accusés de cet assassinat, l’avocate générale Amandine Sbragi avait le visage fermé ce jeudi soir à l’issue des débats. Car les jurés, sous la présidence de Patrick Véron, n’ont pas suivi ses réquisitions prises conjointement avec Laurent Robert deux jours plus tôt.
Guerre de territoires
Sofian T., désigné comme l’instigateur de ce règlement de compte - il a par ailleurs reconnu les faits au premier jour d’audience -, a ainsi été condamné à 20 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers pour assassinat, association de malfaiteurs, violences avec arme, destruction de véhicule, trafic de stupéfiants et détention d’armes. Loin, très loin, des 30 ans de réclusion requis par le ministère public.
Mêmes accusations et mêmes résultats pour Yacine B. et T. F. (mineur à l’époque et aujourd’hui en fuite). Les deux anciens amis ont été condamnés, l’un par défaut donc, à 17 ans de réclusion criminelle. Tout comme Malik T., frère de Sofian, coupable de complicité de tentative d’assassinat sur Imed Bouguerra le 21 mai 2020. Le parquet avait requis 25 ans à l’encontre des deux majeurs, 20 ans pour le mineur.
Ce jour-là, Sabri C. accompagnait à scooter un tireur - désigné par les enquêteurs comme étant Chiheb Ouechtati, lui-même victime d’un assassinat deux mois plus tard - avec pour mission, déjà, d’éliminer Imed Bouguerra.
Se jouait alors un nouvel épisode de la guerre de territoire pour le contrôle de points de deal entre bandes rivales des Œillets et de La Poncette à Toulon. Mais l’arme du tireur s’enrayait alors qu’Imed Bouguerra se trouvait en famille sur le parking d’une grande surface.
Interpellé peu après, Sabri C. reconnaissait sa participation à cette tentative d’homicide volontaire. Reconnaissance qu’il a réitérée durant son procès. Il a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle.
Abattu sous les yeux de son épouse
Les tueurs n’allaient pas manquer leur cible le 29 juin au petit matin. Un commando de quatre à cinq hommes se rendait à La Valette, au pied de l’immeuble de la belle-famille d’Imed Bouguerra. Sofian T. rafalait à la kalachnikov la façade de l’appartement situé au premier étage avant que Yacine B. et T. F. rejoignent le balcon. Ils abattaient Imed Bouguerra de sept balles de pistolet semi-automatique sous les yeux de son épouse.
L’enquête de flagrance avait permis de retrouver un appartement où étaient entreposées les armes ayant servi au crime, supportant notamment l’ADN de Sofian T., Yacine B. et T. F.. Ces preuves matérielles allaient dans les sens des témoignages, souvent anonymes, désignant ce trio comme responsable du meurtre.
La cour a également condamné trois complices à des peines de 4, 5 et 6 ans d’emprisonnement pour leur participation à l’élaboration de ce crime. Une relaxe et deux acquittements ont été prononcés.
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