15.000 et 18.000 euros volés: comment ces Azuréens ont été la cible de faux coursiers

La fraude au faux coursier continue à faire des victimes sur la Côte d’Azur: deux affaires similaires ont été jugées la semaine dernière à Nice et Grasse. Un manège bien rôdé autour de la remise de carte bancaire.

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Margot Dasque Publié le 21/09/2025 à 12:39, mis à jour le 21/09/2025 à 12:39
Les escrocs parviennent à récupérer des informations confidentielles pour mettre en confiance les victimes. Photo d’illustration Ph. A.

Le traumatisme est encore bien présent. Lors de l’audience au tribunal correctionnel de Nice, la victime préfère ne pas s’exprimer à la barre. Il s’agit d’un retraité ex-ambulancier, accompagné par sa femme.

Pour ce couple, tout a basculé le 23 juin 2023. Ce jour-là, il reçoit un coup de fil: le numéro de leur agence bancaire de Menton s’affiche sur le téléphone. Le retraité décroche sans se méfier.

Le piège vient de s’ouvrir, il va très vite se refermer.

Quinze retraits effectués à Menton et à Nice

Dans le combiné, un homme se présente comme étant du service des fraudes de sa banque. Il alerte le client sur des opérations suspectes menées depuis l’Espagne sur son compte.

En lui parlant de ses dernières opérations, ledit agent conseille de suivre le processus: à savoir désinstaller son application bancaire et éteindre son téléphone en attendant qu’un coursier vienne chercher les deux cartes bancaires du compte joint.

Alarmé, l’Azuréen s’exécute et remet les moyens de paiement le soir même à l’homme en gilet orange qui se présente à Gorbio avec une enveloppe "services des fraudes". Il récupère les cartes. Et là, c’est trop tard.

Au final: quinze retraits sont effectués dans des distributeurs à Menton et Nice. Le tout pour un préjudice de plus de 18.000 euros – sans même que le retraité communique son code secret!

C’est lorsqu’il prend conscience de la potentielle arnaque qu’il rallume son téléphone et fait opposition. Mais le mal est fait.

Après exploitation des images de vidéosurveillance, mettant notamment en lumière le véhicule utilisé par l’auteur des faits, les enquêteurs retrouvent la trace du faux coursier – qui a été formellement identifié par la victime.

Âgé de 32 ans, célibataire sans enfant, le Niçois sort du silence qu’il avait gardé lors de sa garde à vue pour raconter comment il est devenu la petite main d’un réseau.

Le faux coursier recruté par "une annonce sur Snapchat"

"C’était une annonce sur Snapchat", indique ce gérant de snack "en galère" financière. Il explique avoir reçu des consignes au fil de l’eau depuis la messagerie cryptée Telegram. Il dit ne pas connaître ses commanditaires.

Le deal? "Récupérer des documents." Il effectue les quinze retraits à la demande des commanditaires. La remise de la somme en cash? "Quelqu’un avec un masque m’attendait en bas de chez moi pour prendre l’enveloppe."

Si le prévenu tente d’arguer le fait de n’avoir pas saisi faire partie d’une escroquerie au début, il reconnaît avoir bien empoché comme convenu les 10% de commission prévue, soit 1.800 euros pour cette mission.

À Saint-Laurent-du-Var, elle perd 15.000 euros

Une mésaventure similaire est arrivée à une Laurentine de 75 ans. Le 22 août dernier, elle reçoit elle aussi un appel qui émanerait de sa banque: même discours, même mode opératoire.

La dame remet sa carte bancaire à un dit coursier. Des achats d’iPhone et de sacs Louis Vuitton sont réalisés par les escrocs qui ont également effectué des retraits. Le préjudice est estimé à 15.000 euros.

Les mis en cause, âgés de 19 et 20 ans, ont été déférés le 18 septembre dernier. Les perquisitions menées après la plainte de la Laurentine déposée au commissariat de Cagnes-sur-Mer ont permis de retrouver sa carte bancaire mais aussi le moyen de paiement d’une autre victime.

Dans les deux affaires distinctes, les prévenus ont été reconnus coupables. S’agit-il du même réseau? Impossible de le dire à cette heure.

Tous trois ont été condamnés à des peines d’emprisonnement assorties d’un sursis partiel. Ils ont notamment pour obligation d’indemniser les victimes.

"Il ne faut pas se fier au numéro qui s’affiche"

Utilisation de numéros officiels de manière frauduleuse, capacité d’augmenter le plafond des cartes à distance, connaissance du code secret sans que la victime le communique… Face à ce type d’escroquerie, le commissaire de police de Cagnes-sur-Mer, Sébastien Laroze, conseille d’être particulièrement vigilant: "Les escrocs arrivent à obtenir des données sur les comptes bancaires des victimes et s’en servent pour les mettre en confiance. Il ne faut pas se fier au numéro de téléphone du contact car il est possible d’imiter le numéro de téléphone d’une banque ou d’un proche."

Pour éviter toute arnaque: "Les banques n’envoient jamais de coursier pour récupérer une carte bancaire. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à appeler soi-même sa banque pour vérifier l’authenticité de l’appel."

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