Le jean vient de Gênes et le denim, de Nîmes: une exposition sur l'histoire du textile à découvrir à Draguignan

Du temps du ravaudage à notre surconsommation de vêtements, le Musée des arts et traditions populaires de Draguignan porte son regard sur l’évolution du textile et de la mode. À voir, jusqu’à fin janvier.

Aurore Harrouis Publié le 21/09/2025 à 14:00, mis à jour le 21/09/2025 à 14:00
Le musée des Arts et traditions populaires de Draguignan déploie ses trésors textiles. Photo Florian Escoffier

Savait-elle? Savait-elle, la petite main qui a ravaudé méticuleusement cette chemise noire au XVIIe siècle que son "œuvre" serait un jour exposée dans un musée, aux côtés de robes de grands couturiers?

Voilà, dans la première pièce de l’exposition "Regards sur le textile – La mode à tout prix?" au Musée des arts et traditions populaires (ATP) de Draguignan jusqu’à fin janvier, l’exemple parfait que le raccommodage, ça ne date pas d’hier!

Organisée par l’équipe du musée avec Sandy Lang, ancienne journaliste de mode, responsable de friperies solidaires, animatrice d’ateliers mode, cette exposition gratuite et très instructive explore la richesse du patrimoine textile et donne à réfléchir sur notre surconsommation actuelle de vêtements.

On a choisi de vous livrer quelques-unes des anecdotes découvertes lors de la visite…

1. On recyclait jadis le tissu en papier

Le premier recycleur? Le chiffonnier! Il collectait au XIXe siècle les ordures ménagères abandonnées dans les rues, dans le but de les revendre à des entreprises de transformation, dont les papeteries qui produisaient du papier avec des morceaux de tissus.

2. Le jean vient de Gênes et le denim, de Nîmes

L’histoire du jean commence il y a plus de 400 ans à Gênes. À cette époque, les dockers utilisaient un tissu très résistant teint en bleu à l’indigo.

Le "Bleu de Gênes" devenu le "blue-jeans" en Amérique. Plus tard est apparu un matériau similaire dans la ville de Nîmes: le "De Nîmes", c’est-à-dire le denim…

3. Nylon: stop aux bas, on hisse les parachutes!

Le bas nylon, c’est le premier textile de synthèse… dont la production a dû se mettre entre parenthèses pendant la Seconde guerre mondiale, le nylon devant être en priorité utilisé pour la réalisation des parachutes des soldats.

4. Les soldes ont presque 200 ans

À la création du Bon Marché en 1838, tout le système commercial était déjà en place: soldes, catalogues, vente par correspondance…

5. Cette couturière avait déjà une vision écolo en 1920

Présentée avec les grands de la couture – Jean Patou, Elsa Schiaparelli, Azzedine Alaïa, Christian Dior, Yves Saint Laurent, Coco Chanel, Sonia Rykiel –, l’inventrice de la coupe en biais Madeleine Vionnet (1876-1975) travaillait ses modèles sur un mannequin poupée de 80cm de haut. Ne gâchant ainsi pas trop de tissu pour ses créations.

6. Le textile peut engendrer de belles initiatives

À l’heure où l’on doit se questionner sur notre consommation textile, l’exposition présente également des initiatives utiles telles que celle de Jérémy Gobé. Cet artiste tricote une dentelle des mers, un support en fibres naturelles ressemblant à du corail pour lui permettre de se régénérer. Ce tissu, immergé, agit comme un tuteur pour donner un coup de main à la nature.

Autre initiative artistique, celle de Lisa Fischer, exposée dans les vitrines au rez-de-chaussée, qui travaille sur les pratiques textiles contemporaines avec une conscience écologique accrue et qui a utilisé des déchets textiles d’un bloc opératoire pour créer ses œuvres.

Fabriquer papier chiffon et teintures végétales

L’exposition du musée des arts et traditions populaires s’inscrit dans une riche programmation autour du textile et de la mode organisée en Dracénie.

Au théâtre de l’Esplanade, jusqu’au 20 décembre, les clichés du mythique photographe de mode Jean-Luce Huré réunissent stars du cinéma, du théâtre et de la chanson et œuvres de grands couturiers.

Y est aussi exposée une œuvre collective réunissant plusieurs pratiques de tissages résultant d’une action de rue menée par les associations La Fabrique et Trait libre.

Le musée Camos à Bargemon donne à voir quant à lui jusqu’au 8 octobre le travail de broderie agricole de Noémi Koxarakis. Oléicultrice en Crète, cette dernière pique sur le tissu les gestes de son quotidien.

Upcycling de chutes

Des ateliers ponctuent également cette programmation. Les 22 octobre et 20 décembre, au musée des ATP, ils graviteront autour du Bogolan, une technique d’impression africaine à base de teinture végétale structurée à la boue.

Vendredi 24 octobre, aux ATP toujours, on apprendra à fabriquer, à l’ancienne, du papier avec des chiffons. Le 29 octobre, un atelier de broderie transgénérationnel se tiendra à Bargemon, au musée Camos.

Upcycling, le 7 novembre, au musée des ATP, avec l’école de mode engagée et durable marseillaise Studio Lausié. Durant deux heures, les participants apprendront à revaloriser les chutes de tissu.

Des conférences rythmeront enfin ce cycle mode. Celle portant sur l’histoire de la mode au XXe siècle, le 27 novembre aux ATP, et donnée par Serge Liagre, fondateur de la villa Rosemaine à Toulon, centre d’études et de diffusion du patrimoine textile promet d’être particulièrement riche.


Programme sur culture.dracenie.com

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