Dans ce quartier cossu sur les hauteurs de Mandelieu-La Napoule, l’évènement a bouleversé le voisinage. Et à l’arrivée de Nice-Matin devant cette villa cernée d’une haie de cyprès bien taillée, Bert, 84 ans, est plus que méfiant pour vérifier notre identité.
Car mardi 29 juillet en tout début d’après-midi, son épouse, Eileen, 89 ans, très affaiblie par la maladie, s’est violemment fait agresser à domicile.
"Moi, je n’étais pas là. J’étais parti jouer au golf dès 7h30, mais je fais toujours en sorte que quelqu’un soit à la maison pour veiller sur elle", relate son mari, encore désolé de n’avoir pu influer sur le cours des choses.
Vers 14 heures, c’est donc la femme de ménage qui a vu surgir par la fenêtre le visage cagoulé d’un homme, qui tentait de pénétrer dans la maison par la cuisine.
"Quand je l’ai vu, j’ai d’abord cru à une blague entre jeunes"
"Elle a aussitôt eu le réflexe de fermer la porte à clé. Mais l’intrus a très vite fait le tour de la maison, et par ce temps estival, a trouvé une baie vitrée ouverte."
À cet instant, le paysage de carte postale, avec piscine et vue sur le massif forestier du Tanneron, s’est transformé en scène de cauchemar. L’homme, accompagné de deux acolytes, masqués et gantés comme lui, va immédiatement se montrer violent.
"Au début, quand je l’ai vu, j’ai d’abord cru à une blague entre jeunes, comme pour un bizutage universitaire, mais j’ai très vite réalisé à qui j’avais affaire", souffle Eileen, digne et forte malgré sa silhouette fragile, et tout ce qu’elle a subi.
Le type envoie d’abord valser sur le canapé la femme de ménage qui tente de s’interposer. Puis il saisit la main de la vieille dame pour lui arracher deux bagues aux doigts. "J’avais mal, j’ai essayé de me défendre avec ma canne mais il l’a balayée d’un geste. J’ai voulu lui mettre un coup de pied, mais il s’est mis en colère. Il a aussi mimé un geste avec son entrejambe, comme une menace sexuelle."
Terrorisée, la malheureuse se fait encore dépouiller de deux boucles d’oreilles, tandis que ses complices fouillent rapidement le reste de la maison. "Ils ont arraché le présentoir de ma collection de quatorze montres exclusives, Ils ont pris encore quelques trucs puis ils sont repartis", rapporte Bert.
Le butin serait de plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais au-delà de la perte matérielle, c’est le préjudice moral qui fait peine à voir. Alors qu’elle s’achemine comme elle peut avec son déambulateur, Eileen confesse: "Sur le coup, je n’ai pas pleuré, mais depuis, je n’arrête pas… Toute la scène me revient par flashes…"
Pour trouver le sommeil, le couple a recours au valium. "J’arrive à fermer les yeux. Mais dès que je les rouvre, je repense à tout ça, et je ne me sens pas bien…" Heureusement, le couple a été soutenu par ses voisins. "
Un pompier, très gentil, m’a dit que je devrais peut-être consulter un docteur, partage Eileen. Mais je lui ai répondu: “S’il vous plaît, pas l’hôpital, j’y suis déjà restée durant plusieurs mois." »
Leur fils, victime aussi d’une agression en été à Cannes
La réparation devra donc se faire à domicile. Mais après vingt-sept ans passés à Mandelieu, Bert et Eileen trouvent parfois le Sud de la France moins accueillant et caressant que son soleil couchant: "La violence se développe sans doute partout, mais on a l’impression que sur la Côte d’Azur, le ressentiment de certains l’attise, surtout vis-à-vis d’étrangers aux revenus aisés. Et ces voyous-là n’ont pas la moindre morale…"
Le jour de l’agression, la police municipale s’est rendue au chevet du couple. De même que la gendarmerie qui mène l’enquête. Mais le traumatisme est bien présent lui aussi. Avec son sentiment d’insécurité.
Et ce n’est pas la première fois que la famille est confrontée à une telle délinquance, aveugle à la pitié et sans état d’âme. Il y a quelques étés, leur fils a été attaqué dans la rue par des individus à Cannes, alors qu’il venait de prendre un verre avec un ami. "Ils l’ont mis à terre et roué de coups avant de lui arracher sa montre Rolex. Lui a eu les côtes cassées…"
Alors tant pis. Malgré son état et la vie qu’ils ont bâtie ici, Eileen soupire: "Si je dois partir d’ici, je le ferai sans regret…"
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