Coup de force des anti-pass et fermeté de l'Etat: le point sur la situation en Guadeloupe

L'Etat a exclu vendredi toute négociation qui viserait à "abroger une loi de la République" au lendemain du coup d'éclat de manifestants antipass sanitaire qui ont envahi l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe, où certains ont passé la nuit.

AFP Publié le 24/12/2021 à 14:39, mis à jour le 24/12/2021 à 14:41
Capture d'image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montrant des manifestants en pleine séance du Conseil régional de la Guadeloupe, le 23 décembre 2021 AFP / Benedicte JOURDIER

Cette intrusion à la fin d'une séance plénière du Conseil régional, a été qualifiée par l'exécutif régional d'acte d'une "violence inédite", et illustre une contestation qui dure depuis plusieurs semaines dans l'archipel.

Les manifestants - un collectif d'organisations, notamment syndicales et citoyennes, très revendicatif - doivent décider vendredi de la suite à donner au mouvement.

Les manifestants demandent que l'Etat se joigne à la table des négociations, interrompues depuis deux semaines, pour discuter des problématiques à l'origine de la crise sociale en Guadeloupe, avec en tout premier lieu l'obligation vaccinale.

Ils veulent notamment obtenir "l'arrêt de toutes les sanctions et suspensions de rémunérations prises contre des milliers de salariés du public et du privé" refusant de se faire vacciner, a indiqué le collectif de manifestants dans un communiqué.

Le ministère, qui suit de près les événements et est en contact avec le président de la région Ary Chalus, un proche d'Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec lui au téléphone, a précisé que le président et les conseillers régionaux avaient pu quitter le bâtiment du Conseil régional dans la nuit.

Si "l'Etat est présent pour trouver des solutions sur son champ de compétence, comme il le fait avec les maires sur la jeunesse", il n'y a "aucune marge de négociation pour abroger une loi de la République votée par le Parlement", en l'occurrence celle obligeant les personnels de santé et pompiers à être vaccinés pour travailler.

Capture d'image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montrant des manifestants au sein de l'hémicycle du Conseil régional de la Guadeloupe, le 23 décembre 2021 AFP / Benedicte JOURDIER.

Pas question non plus pour le ministère d'une amnistie pour ceux qui auraient commis des violences sur les forces de l'ordre, dans le cadre de la crise sociale qui secoue l'archipel depuis début novembre.

Le Conseil régional "est devenu la maison du peuple", a déclaré jeudi soir à la presse locale Gaby Clavier, syndicaliste de la branche santé du syndicat UGTG, après une réunion avec le président de la région Ary Chalus, qui avait accepté de recevoir une délégation de 10 manifestants.

"Le président s'est engagé à nous obtenir une réunion avec les parlementaires, mardi", a affirmé à l'AFP Jocelyn Zou, syndicaliste FO et pompier.

M. Chalus "peut négocier sur les compétences qui sont les siennes", mais ne peut pas engager l'Etat, a précisé le ministère.

Cette intrusion a été condamnée par l'ensemble de la classe politique de Guadeloupe, et par des responsables politiques de l'Hexagone.

"violences antidémocratiques"

"Aucune cause ne justifie la violence!", a réagi la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse.

Le président LR du Sénat Gérard Larcher a condamné "avec fermeté l'irruption violente d'opposants au pass sanitaire dans une assemblée où s'exerce la démocratie locale", et le président délégué (ex-LR) de l'association Régions de France Renaud Muselier a évoqué des "violences antidémocratiques condamnables".

Capture d'image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montrant des personnes en train de manifester en pleine séance du Conseil régional de la Guadeloupe, le 23 décembre 2021 AFP / Benedicte JOURDIER.

La Région avait dénombré jeudi "plus d'une centaine de personnes" dans l'hémicycle, et "plus de 400 personnes" au total dans les locaux, où du mobilier a été "détruit".

En Guadeloupe, où un premier cas de variant Omicron a été détecté samedi et où la quatrième vague de Covid-19 a fait plus de 800 morts, la résistance à la vaccination est forte.

L'archipel a été touché en novembre par un mouvement de contestation, parfois violent, né de l'opposition à l'obligation faite au personnel soignant et aux pompiers de se vacciner contre le Covid-19. Le conflit a tourné à la crise sociale.

Des négociations destinées à mettre fin à la crise ont tourné court il y a deux semaines après la signature d'un "accord de méthode" par les élus locaux et le collectif mais pas par l'Etat, absent du processus.

Le ministère des Outre-mer a de son côté annoncé il y a trois jours que les personnels de santé des Antilles réfractaires à l'obligation vaccinale seraient "suspendus" au 31 décembre et pourraient "s'orienter vers un nouveau métier" via une "cellule de reconversion".

Des manifestations se sont déroulées au cours du weekend. L'accès au plus grand centre commercial de l'île a notamment été bloqué plusieurs heures samedi, et un incendie s'est ensuite déclaré dans l'hypermarché.

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