Sommet des océans à Nice: comment ces 4 villes font face à la montée du niveau de la mer

Lors de la coalition du sommet de la "Coalition mondiale face à l'élévation du niveau de la mer et la résilience côtière", plusieurs villes proposant des solutions innovantes étaient présentes. Nous sommes allés les rencontrer. Petit tour d'horizon.

Flora Zanichelli Publié le 08/06/2025 à 18:04, mis à jour le 08/06/2025 à 18:06
Venise avait été touché par une inondation record en 2019, juste avant l'installation de la digue mobile, le Mose. AFP

Des inondations à répétitions à Venise, une côte sujette aux submersions au Nigeria, la moitié des habitations d'Ostende, station balnéaire de Belgique, menacées d'ici 2050, les défis liés à l'élévation du niveau de la mer et au réchauffement climatique se multiplient pour de nombreuses villes dans le monde. Comment font-elles face? Leurs représentants, présents ce samedi au Sommet des villes côtières, expliquent les défis auxquels ils sont confrontés... Et comment ils entendent y répondre.

A Lagos (Nigeria), faciliter l'écoulement des eaux

Pourquoi on en parle?

Lagos, capitale économique et ville côtière du Nigeria (Afrique de l'Ouest), un Etat qui possède 185 km de littoral, subit des inondations accrues en raison de sa position, sous le niveau de la mer. Sa situation en fait même l'une des villes les plus vulnérables au monde face à l'élévation du niveau des Océans. Résultat : pratiques locales et modes de vie sont mis en péril.

"Les pêcheurs doivent aller pêcher plus loin en mer, constate Abisola Tawakalitu Olusanya, commissaire pour l'agriculture et l'alimentation de l'Etat de Lagos. Les agriculteurs voient également leurs surfaces agricoles et donc cultures se réduire, ce qui augmente les coûts de leurs activités." Les habitants doivent faire face à des inondations récurrentes, menaçant leurs habitats.

Quelles solutions sont développées?

Première chose : l'entretien et le nettoyage des canaux et des égouts, afin de faciliter l'écoulement de l'eau vers l'océan. Ensuite, travailler sur la réduction des déchets plastiques, en diminuant leur usage ou axant sur le recyclage, afin d'éviter que les déchets ne s'encastrent dans les voies d'écoulement. "Nous végétalisons l'espace, poursuit la commissaire. Afin d'absorber l'eau de surface et limiter le ruissellement. Et sommes également attentifs à ce que les constructions ne soient pas déployées sur des voies naturelles d'écoulement de l'eau."

Tentative de réduire le trafic urbain en développant le transport maritime, nettoyage de quartier sur pilotis où vivent des communautés de pêcheurs, sensibilisation auprès des écoles, la ville de Lagos doit jouer sur plusieurs fronts face à l'ampleur du phénomène. Mais la tâche est loin d'être aisée dans cette ville de 25 millions d'habitants.

Quelle est la clé de la réussite?

"Il faut prendre conscience de la complexité du problème, explique Abisola Tawakalitu Olusanya. Et accompagner les gens vers le changement. Nous ne sommes pas inquiets mais conscients des problèmes à affronter et cherchons à les résoudre de manière globale, sans quitter des yeux l'intérêt des populations locales."

A Ostende (Belgique), une action multi-niveaux

Pourquoi on en parle?

Ostende est une petite ville côtière de la Belgique de 70 000 habitants. Destination touristique, sa population est multipliée par trois l'été. Le risque lié à l'élévation de la mer y est particulièrement important, les projections indiquent que le niveau augmentera d’environ 50 cm d'ici 2050, selon Judith Ooms, conseillère municipale de la ville. "Ce qui mettrait 50% des habitations à risque", poursuit-elle. 

Quelles solutions innovantes sont développées?

Pour faire face à la montée des eaux, la municipalité a développé notamment un projet hybride baptisé "une dune devant la digue", alliant protection naturelle des dunes aux digues existantes, formant ainsi une défense hybride face aux tempêtes et à l’élévation du niveau de la mer.

Elevées devant la digue et consolidées par une végétation propice à son maintien et à la retenue du sable, ces dunes permettent de casser l'énergie des vagues et réduisent les risques d'érosion. Une installation naturelle qui n'engage pas de grands coûts de manutention. Un détail non négligeable pour une petite collectivité comme Ostende.

La ville entend par ailleurs faire de cette expérimentation un pôle d'attractivité, en développant un laboratoire d'innovation, notamment. "Cette difficulté nous a permis de comprendre que travailler en réseau était source de solutions, explique encore Judith Ooms. Instituts de recherche, infrastructures publiques ont fait face à l'incertitude en rassemblant leurs compétences et connaissances."

Quelle est la clé de la réussite?

Le travail en réseau mais aussi l'implication des jeunes générations pour mieux préparer l'avenir. "Les écoles sont associées aux recherches, au projet, à titre informatif, afin de comprendre les enjeux de la montée du niveau de la mer, explique Judith Ooms. Cette expérimentation est un énorme travail collectif qui n'aurait pas pu voir le jour sans le collaboratif."

A Venise (Italie), travailler les données pour mieux prévenir

Pourquoi on en parle?

Venise est gravement menacée par l’élévation du niveau de la mer, avec des inondations de plus en plus fréquentes, notamment l’ “acqua alta”. La ville risque une submersion chronique d’ici 2100, mettant en péril ses quartiers historiques. L’eau salée fragilise les fondations des bâtiments, accélérant leur dégradation. 

Quelles solutions innovantes sont développées?

En 2020, la ville de Venise met en place un système de digues mobiles, baptisé "Mose". En tout, 78 barrières flottantes installées aux trois entrées lagunaires. Lors des marées hautes, elles se soulèvent pour bloquer l’entrée de l’eau de la mer Adriatique. "Nous sommes très heureux de cette technologie, explique Massimiliano de Martin, adjoint au maire de Venise. Depuis son lancement en 2020, le Mose a été utilisé plus de 100 fois et a évité aux Vénitiens de connaître des inondations dramatiques." Une technologie qui coûte également très cher à la Ville, notamment au niveau de l'entretien. 

Quelle est la clé de la réussite?

Selon Massimiliano de Martin, la réussite réside dans l'accès aux données. Depuis 1980, un bureau spécifique de la Sérénissime s'occupe de recenser périodicité des marées et autres données maritimes... Mais le maire-adjoint espère surtout que le partage de données va s'accélérer entre villes côtières. "Nous avons besoin de données prédictives, qui nous aideraient à anticiper nos actions."

Aux Pays-Bas, lutter contre la salinisation des terres agricoles

Pourquoi on en parle?

26 % des Pays-Bas se situent sous le niveau moyen de la mer. De plus, le petit pays du Nord de l'Europe se situe dans un delta formé par quatre fleuves, ce qui le rend particulièrement vulnérable aux risques de submersion. Les inondations se multiplient mettant à risque 70 % de la population ces prochaines années. La Zeeland, province maritime du sud-ouest des Pays-Bas, présente au Sommet des villes côtières ce samedi à Nice, est particulièrement vulnérable. Outre le renforcement des côtes et des barrages, le pays doit s'attaquer à un problème de taille : la salinisation des terres agricoles. 

Quelles solutions innovantes sont développées?

Cultures de variétés tolérantes au sel, installation de systèmes de drainage contrôlés pour réguler le niveau d’eau souterraine, limitant la remontée de sel vers la surface, collecte et stockage d’eau douce de pluie dans des bassins temporaires pour l’irrigation en période sèche et salée, mise en place de capteurs de salinité dans le sol et l’eau pour adapter en continu les pratiques d’irrigation ou de drainage, les Pays-Bas multiplient les actions pour contrer la salinisation de l'eau qui met en péril les activités agricoles.

Quelle est la clé de la réussite?

"Bien communiquer sur nos actions, explique Arno Vael, député en charge de l'eau pour la province de Zeeland. Surtout lorsqu'on expérimente car le rapport avec la population locale peut être très tendu, s'ils ne comprennent pas vos actions et recherches." Il s'agit donc de combattre le scepticisme en associant les acteurs locaux et en faisant remonter les bénéfices. 

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