Jeunesse à couteaux tirés, peur sur l'info, merci les gueux... la Semaine vagabonde de Denis Carreaux

Jeunesse à couteaux tirés. "Il est mort, c’est fini." À proximité du parc où Sékou, 17 ans, vient d’être poignardé, le drame ne fait ni chaud ni froid aux badauds. À Yerres, dans l’Essonne, les rixes entre jeunes font partie du quotidien. Les couteaux, de la panoplie de l’ado au lycée, au collège et même à l’école. La semaine dernière, à Paris, un élève de seconde a été blessé. Son agresseur était muni d’un sabre et d’un couteau. Quelques jours plus tôt, dans les Vosges, un écolier d’à peine dix ans avait menacé un de ses camarades à la récré, un couteau suisse à la main. Ni fouilles préventives, ni passage systématique en conseil de discipline pour les élèves porteurs d’armes blanches: l’impunité demeure. Au cours du premier trimestre, uniquement à Paris, quarante attaques au couteau ont été recensées dans les établissements scolaires, le ministère préférant taire les chiffres nationaux. Affolant.

 

Mardi

Peur sur l'info. Au moment où X (ex-Twitter) et Meta (Facebook) débranchent leurs dispositifs de vérification (fact-checking), l’enjeu de la lutte contre la désinformation n’a jamais été aussi fort. D’après l’entreprise de sécurité ID Crypt Global, 1,5 milliard de fausses infos seraient ainsi publiées chaque jour sur les réseaux sociaux. Amplifiée par les campagnes de propagande de certains États, la déferlante de fake news est dopée par l’intelligence artificielle. Un tiers des réponses aux requêtes adressées à ChatGPT et ses amis comprennent de fausses infos que nous prenons trop souvent pour argent comptant. En cette 36e Semaine de la presse et des médias à l’école, il est important d’avoir ces chiffres en tête.

Mercredi

Merci les gueux! Soutenus par l’écrivain Alexandre Jardin et le chanteur Daniel Guichard, dont le célèbre Mon vieux s’est mué en Mon vieux diesel, les "gueux", ainsi qu’ils se désignent sur les réseaux sociaux, viennent d’obtenir une première victoire contre les Zones à faible émission (ZFE). Contre l’avis du gouvernement, les députés ont voté en commission l’abandon de ce dispositif. Si ce recul est confirmé en séance publique à l’Assemblée et au Sénat, de nombreux maires se lanceront dans une danse de la joie. À un an des municipales, les ZFE représentent un casse-tête pour eux. Entre ceux qui repoussent la mise en place de ces "zones à forte exclusion" et ceux qui passent des consignes pour que les contrevenants ne soient pas verbalisés (1), beaucoup jouent la montre en attendant la délivrance. Merci les gueux!

1. L’amende est de 68 euros.

 

Champions de la grève. C’est une tradition. En France, chaque période de congés est précédée d’un préavis de grève à la SNCF. Pour les vacances de Pâques et les ponts de mai, ce sont les contrôleurs SUD Rail qui entrent dans la danse, avec un mouvement prévu du 17 avril au 2 juin. Champions du monde 2025, les grévistes de la SNCF ? Pas sûr. Dans cette compétition singulière, ils sont en train de se faire doubler par leurs collègues belges. Particulièrement affûtés, les syndicats de la SNCB viennent de programmer 75 jours d’arrêts de travail d’ici à la fin de l’été, pour protester contre l’allongement des carrières et la réforme des retraites. Si, même sur ce terrain, la France n’est plus numéro 1, c’est vraiment que tout se perd.

 

La France illégale. Il se passe toujours quelque chose avec les députés Insoumis. Jamais à court d’inspiration, le député LFI des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu explique tranquillement sur Twitch ne pas donner un centime à Netflix, préférant pirater les plateformes via le système de visionnage IPTV. Que cette méthode soit parfaitement illégale ne perturbe nullement l’élève Delogu. Le cancre de l’Assemblée ne va tout de même pas gaspiller son salaire de parlementaire pour "payer des gens qui s’en mettent plein les poches". Quelques jours plus tôt, c’est son collègue Andy Kerbrat qui a fait parler de lui. En arrêt maladie depuis six mois, cet autre député LFI, pris en flagrant délit d’achat de drogue auprès d’un mineur en octobre dernier, a voté (par délégation) contre la loi narcotrafic. C’est ce qui s’appelle "suivre sa ligne".

 

L’amour à la page. Comment augmenter ses chances de trouver l’âme sœur sur les sites de rencontres? En montrant ses biscotos? Trop facile (grâce à Photoshop). En partageant son amour pour les animaux? Trop classique. En montrant ses signes extérieurs de richesse? Ringard. Non, pour espérer pécho, il convient désormais de mettre en avant son goût pour la lecture. C’est la conclusion étonnante des données analysées par Tinder. Partout en Europe, les mentions "lecture" se multiplient dans les profils présents sur l’application: +77 % en janvier ! D’après les responsables de la plateforme de rencontres, cette soudaine envie de livre s’explique par l’explosion du phénomène des ouvrages new romance, mélange subtil d’eau de rose et d’érotisme. Vive l’amour à la page!