À la veille des obsèques de Mélanie G., tuée à coups de couteau par un adolescent de 14 ans devant son collège (1), peut-on revenir un instant sur le drame de Nogent qui charrie tant d’inepties depuis une semaine ?
Sur les chaînes d’information, les responsables politiques ont déployé des trésors de démagogie pour faire cadrer cette tragédie avec leurs éléments de langage. Certains ont réclamé de la "fermeté" face à "l’ensauvagement" des "déviants", d’autres ont pointé une conséquence du "laisser-aller des bien-pensants et de l’éducation positive". Et les uns de réclamer "un choc d’autorité", les autres de subodorer les effets d’une "immigration non-régulée".
Le gouvernement ? Contraint de surenchérir pour ne pas se laisser déborder, il a égrené les mesures : interdiction de la vente de couteaux aux mineurs, portiques de sécurité, restriction de l’accès des jeunes aux réseaux sociaux…
La forme avant le fond
Dans cette frénésie politico-médiatique, seule compte l’image. La forme avant le fond. Car la réalité, ici, ne cadre pas avec les schémas habituels. Le meurtrier était un garçon sans histoire, investi dans la vie scolaire, membre d’une famille unie sans le moindre antécédent judiciaire. Peu présent sur les réseaux sociaux, pas spécialement addict aux jeux vidéo.
Pas de question migratoire ici, pas de banlieue difficile. Pas d’arme blanche acquise dans une impasse borgne ou un hall d’immeuble crasseux – l’ado s’est procuré le couteau dans la cuisine familiale.
Si l’on peut comprendre l’émotion populaire, et naturellement compatir à la douleur des proches de la victime, il serait de salubrité publique de cesser de cuisiner les faits divers à toutes les sauces politiques. Presque toujours, la réalité est plus complexe que la bouillie servie aux électeurs.
1. Les obsèques de la surveillante d’éducation de 31 ans sont prévues ce mardi 17 juin à 9 heures à Sarcey, où elle résidait, "dans la plus stricte intimité".
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