Ces grands projets d’infrastructure qui transforment Monaco

Les partenaires du Club de l’Eco se sont retrouvés à MonacoTech pour mettre en lumière la contribution des grands projets d’infrastructure à l’économie monégasque. Des échanges éclairants.

Anne Tabourel Publié le 15/05/2025 à 09:42, mis à jour le 16/05/2025 à 15:17
Le Club Eco Monaco du Groupe Nice-Matin et le Monaco Economic Board (MEB) ont rassemblé les acteurs monégasques du secteur économique pour aborder les grands projets d’infrastructure qui transforment Monaco (Photo J.-F. Ottonello)

Lundi 12 mai, le Club Eco Monaco du Groupe Nice-Matin et le Monaco Economic Board (MEB) ont rassemblé les acteurs monégasques du secteur économique. "Monaco se transforme: la contribution des grands projets d’infrastructure à l’économie monégasque" était le thème de cette table ronde animée par Denis Carreaux, directeur des rédactions du Groupe Nice-Matin et directeur délégué de Nice-Matin et Monaco-Matin. "Si un petit pays ne bouge pas, il tombe et se transforme en musée, a introduit Guillaume Rose, directeur général exécutif du MEB. On râle à cause des travaux mais c’est grâce à ces mouvements que Monaco est devenu un hub moderne avec une économie florissante."

Cercle vertueux

Denis Carreaux a souligné l’importance des infrastructures emblématiques qui, en évoluant constamment, renforcent l’attractivité et le dynamisme économique de la Principauté. Il a ensuite laissé la parole à Céline Caron-Dagioni conseillère de gouvernement-ministre de l’Équipement, de l’Environnement et de l’Urbanisme qui a rappelé qu’en répondant aux commandes publiques, l’Etat permettait aux opérateurs privés de travailler sur leurs projets d’urbanisme à long terme. Un "cercle vertueux" engendré grâce à l’apport de TVA, l’impôt sur les bénéfices, les charges sociales sur les salariés.

"Un euro versé est démultiplié ensuite." La conseillère de gouvernement-ministre a insisté sur le travail collaboratif entre le public et le privé: "même si ce n’est pas un long fleuve tranquille, nous trouvons des solutions collectives", tout en trouvant le juste équilibre entre les besoins de tous.
Olivier Bernard, directeur du développement immobilier à la Société des Bains de Mer (SBM), a évoqué de son côté le fort impact économique du groupe sur la Principauté. Ce, notamment grâce aux nouveaux établissements créés et réhabilités de 2014 à 2024 autour de la place du Casino. La création du quartier One Monte Carlo, la rénovation et la reconstruction de l’Hôtel de Paris, du Café de Paris (avec ses boutiques) et les aménagements paysagers représentent des investissements colossaux et de nombreux emplois pour les entreprises de construction. Côté TVA, plus de 20 millions d’euros sont générés en supplément tous les ans pour l’Etat en période d’exploitation.

Mareterra, livré en avance

Autre infrastructure de taille et d’actualité: le nouvel écoquartier Mareterra, livré avec six mois d’avance et en respectant le budget! "Un exploit réalisable grâce aux équipes et bien sûr au gouvernement qui a créé un département dédié Urbamer pour la gestion de Mareterra et son extension en mer", observe Guy Thomas Levy-Soussan administrateur délégué, de la Société d’aménagement monégasque (SAM) L’Anse du Portier – Mareterra, Ce projet privé immobilier, le plus important d’Europe ces dernières années, représente 3% du territoire monégasque. L’écoquartier n’accueille pas uniquement des hébergements de luxe, mais aussi une zone publique sur plus de la moitié de sa surface, avec aussi l’extension du Grimaldi Forum.
Orné d’espaces verts, ce nouveau quartier est idéal pour les joggeurs et promeneurs. "Mareterra représente un effort collectif et une collaboration vertueuse avec l’Etat qui a pu bénéficier de la TVA immobilière pendant cinq ans, poursuit l’administrateur. Ce projet est la concrétisation d’une volonté de plus d’un siècle de la famille princière qui souhaitait agrandir le territoire et la population." Pari réussi puisque 50% des acquéreurs sont des nouveaux résidents.

90.000 patients en 2024

Le Centre Hospitalier Princesse-Grace (CHPG) va, lui, investir peu à peu de nouveaux locaux jusqu’en 2032. "Troisième employeur de la principauté, le CHPG génère 25 millions d’euros d’achat direct à des entreprises monégasques. Il a accueilli 90.000 patients en 2024, explique sa directrice Benoîte Rousseau de Sevelinges. L’hôpital a aussi un impact sur la vie sociale et économique: des prises en charge efficaces permettent des convalescences plus rapides et donc une reprise du travail…" Grâce à ses performances et à un plateau technique hors du commun, l’infrastructure contribue largement à l’attractivité du territoire.

"Le nouvel établissement sera cohérent et exceptionnel sur le plan technique avec des normes antisismiques unique en Europe." Il participera encore davantage à alimenter l’économie, grâce à des emploi et à améliorer l’image de marque de la Principauté.
Qu’elles touchent au domaine de l’hôtellerie, de la santé ou de l’immobilier, toutes ces infrastructures contribuent largement au rayonnement économique de Monaco et à son attractivité.

"Monaco, tour operator des chantiers"

"Entre le nouvel hôpital et Mareterra, Monaco est un peu devenu le tour operator des chantiers tant ils sont exceptionnels, confie Céline Caron-Dagioni, conseillère de gouvernement. Monaco est un laboratoire d’intelligence, de valeurs et financier. Nous soulevons des montagnes dans un intérêt collectif, pour donner des équipements et espaces publics, tout en répondant aux enjeux de demain. Cela attire investisseurs et résidents qui s’y sentent bien."

Céline Caron-Dagioni, conseillère de gouvernement-ministre. (Photo J.F.O.).

"Des usages qui doublent chaque année" pour Monaco Telecom

"Monaco se transforme, c’est une réalité. Nous suivons cette évolution chez Monaco Telecom en modernisant et multipliant nos infrastructures, confie Martin Péronnet, directeur général de Monaco Telecom. Aujourd’hui, nous avons équipé de fibre 100% des foyers et entreprises de la Principauté, et renforçons nos investissements dans le réseau mobile car la consommation, en particulier de données mobiles, a tendance à doubler chaque année. Les télécoms sont évidemment essentiels pour un État qui se développe. Cela nécessite de nouvelles solutions et déploiements techniques. Nous développons donc aussi le domaine du cloud et de l’hébergement pour accueillir toutes ces activités et faire de Monaco un hub technologique."

Martin Péronnet, DG de Monaco Telecom. (Photo DR).

Le Grimaldi Forum voit plus grand

"En janvier, le Grimaldi Forum Monaco a fêté son quart de siècle, avec une grande nouveauté: l’extension de ses espaces dans le cadre de Mareterra, le nouvel écoquartier de la Principauté, rappelle Sylvie Biancheri, directrice générale du Grimaldi Forum Monaco. Le centre de congrès et de culture passe ainsi d’une surface totale de 75.000m² à 85.000m², et de 35.000m² à 41.000m² d’espaces commercialisables. Offrant 6.000 m² d’espaces modulables supplémentaires, dont 2.000m² en extérieur. Cette extension doit soutenir la croissance des événements existants tout en attirant de nouveaux clients. En effet, elle a pour vocation d’accompagner nos 45% de clients récurrents dans leur développement, comme les organisateurs du AMWC Anti-Aging qui ont loué l’ensemble du Grimaldi Forum, extension incluse. L’agrandissement nous permet aussi d’accueillir plusieurs événements simultanément. Ainsi par exemple, cet été, en complément de notre grande exposition estivale “Couleurs! Chefs-d’œuvre” du Centre Pompidou, dans le Hall Ravel, nous allons accueillir artmonte-carlo dans l’extension et l’exposition “Monaco & les Napoléon(s). Destins croisés” dans le Hall Diaghilev. Sans l’extension, nous n’aurions pas pu satisfaire ces demandes! Enfin, nos clients sont demandeurs d’une unité de lieu pour leur événement. Ils sont particulièrement heureux de pouvoir exploiter ces nouveaux espaces."

Sylvie Biancheri, DG du Grimaldi Forum. (Photo © Grimaldi Forum 2025).

La Société des Bains de Mer, moteur historique de la Principauté

"Le président Stéphane Valeri le dit souvent: jusqu’en 2014, la Société des Bains de Mer était un peu la belle endormie, puis de 2014 à 2024, des travaux gigantesques ont été entrepris. Ils ont permis de tirer vers les tarifs des nuitées. A titre d’exemple, elles sont passées de 380 à 740 euros en dix ans à l’Hôtel de Paris. Concernant l’immobilier locatif, le chiffre d’affaires a aussi considérablement augmenté (28 millions d’euros en 2014 contre 135 millions en 2024 avec des charges faibles). Les 70 appartements, boutiques et bureaux représentent 20% du chiffre d’affaires de la société. Ce sont donc des transformations très importantes qui se sont opérées ces dix dernières années. L’attractivité est notre moteur donc on se doit de rénover nos actifs! vec 4 000 salariés l’hiver et 5 000 l’été, la SBM est le principal employeur privé de la Principauté et donc l’un des moteurs historiques de Monaco », relève Olivier Bernard, directeur du développement immobilier, Monte-Carlo Société des Bains de Mer.

Olivier Bernard, SBM. (Photo J.-F.O.).

"Des infrastructures énergétiques indispensables à l’économie" pour la SMEG

Selon Pierfranck Pelacchi, directeur général adjoint à la SMEG, "tous les grands projets d’infrastructures, tels Mareterra, s’accompagnent d’infrastructures énergétiques: électricité, thalassothermie. Elles sont peu visibles mais essentielles à l’activité économique. Imbriquées sous les routes, ou cachées dans les bâtiments, elles s’étendent bien en amont des quartiers alimentés. Trois postes sources, dont le dernier date de 2017, sécurisent l’alimentation électrique de Monaco par la France, et, de façon solidaire, la SMEG développe, avec le Gouvernement princier de grands projets de parcs éoliens et photovoltaïques en France. De même la création de nouvelles boucles thalassothermiques (utilisant l’énergie de la mer pour chauffer et climatiser) constitue un projet d’infrastructure conséquent et novateur. Monaco est le pays le plus équipé dans ce domaine. Faire circuler tubes et câbles constitue pour les services de l’Etat et la SMEG, un véritable défi qui fait ressembler le sous-sol à un édifice dédié au fonctionnement du pays."

Pierfranck Pelacchi, directeur général adjoint à la SMEG. (Photo J.-F.O.).

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