La 25e Prom' Classic, une vraie dinguerie

Comme un bref moment d’éternité, une étrange et envoûtante mélodie pianotée sur le clavier de l’histoire… Jamais, en un quart de siècle, l’épreuve n’avait accueilli autant de monde (13 000 participants). Mais surtout, jamais, avant qu’Azeddine Habz ne dévore la Prom’ de sa féline et gloutonne foulée, un homme n’était parvenu à descendre sous la barre des 28 minutes, sur ce tracé pourtant réputé parmi les plus roulants. Il n’y a donc aucune chance de trouver trace dans les archives d’une édition aussi dense, aussi riche en performances.

Avec, pour débuter l’étonnant récit de cette matinée endiablée, l’énorme claque mise à l’ancien record de l’épreuve, que détenait depuis 2020 Raphaël Montoya (27’44’’ contre 28’37’’). Un véritable séisme, provoqué par un garçon si sûr de ses forces qu’il en avait annoncé l’intensité avant même d’enfiler maillot et baskets. « L’objectif en venant ici, était de valider toute la séquence hivernale de ma préparation, avant de me projeter dès demain (lundi) sur la saison en salle, a raconté celui qui, sur 1500m, a participé, à Paris, à ses deuxièmes jeux Olympiques. Je suis donc satisfait de ce chrono, qui est aussi mon record personnel. Mais plus encore de la manière, parce que je me suis très rapidement retrouvé seul en tête, en ne pouvant compter que sur moi-même. Mais dès le départ, j’ai su prendre mes responsabilités et pu maintenir le rythme jusqu’au bout… »

Effluves… olympiques !

À 31 ans, le garçon qui, avant d’être naturalisé français, a vu le jour et grandi au pied de l’Atlas marocain, y voit en tout cas l’occasion de s’imaginer un avenir… asphalté. « J’ignore encore si, dans un horizon à court terme, je vais ou non basculer sur marathon. Mais ça fait bien partie de mes projets… » Si on en a - presque - oublié la jolie perf de Soufiyan Bouqantar, qui n’échoue qu’à une poignée de secondes du vainqueur, c’est que, derrière, ça a méchamment roulé des mécaniques, et parfois confondu Promenade des Anglais avec piste aux étoiles… À l’image de Martin Hubner, qui, en plus de prendre la 11e place au scratch, signe un nouveau record de France juniors de la distance (29’01’’). Ce qui, à chaud, ne semblait pas l’émouvoir outre mesure.

Deux records de France

Le jeune Bisontin (18 ans), actuellement en stage à Saint-Raphaël avec l’équipe de France de… triathlon, était certain d’avoir les mollets suffisamment affûtés. « J’ai fait le 10 km de Thaon-les-Vosges, il y a deux semaines, et c’était déjà intéressant. L’idée, c’était donc d’aller chercher ce record, sachant qu’il y avait du monde pour m’emmener et que les conditions étaient vraiment idéales ».

Mais l’émotion la plus intense était encore à venir, grâce à une autre « Olympique », Sarah Madeleine, déjà vainqueur l’an dernier, mais longtemps restée dans l’expectative une fois la ligne franchie. Les commissaires ayant un peu tardé avant d’officialiser sa marque (31’14’’). La jeune femme est donc passée par tous les états. Du rire aux… larmes, après qu’on lui a finalement appris qu’elle n’était « que » co-détentrice (avec Liv Westphal) du record de France féminin du 10 km… « Il y a une petite amertume parce que je pouvais mieux faire, mais ça reste extraordinaire et il faut que je savoure, a consenti celle qui, cet été, avait fini 8e du 5000m aux Championnats d’Europe de Rome. Honnêtement, j’ai eu du mal à me remettre dedans à 100 % après les Jeux, mais ce record, c’est un nouvel objectif atteint. Et un bon signal avant les Europe en salle (sur 3000 m) ».

À Apeldoorn (Pays-Bas, du 6 au 9 mars), nul doute qu’elle puisera la bonne énergie dans la fragrance de ces souvenirs si particuliers qu’elle a su se forger en Baie des Anges…