"Des années qu'on attendait ça": 10 ans après l'incendie de la station essence, les habitants de ce village de l'arrière-pays peuvent (enfin) faire le plein

La nouvelle station essence a ouvert ses portes ce mardi matin. Près de dix années après l’incendie de la précédente structure, les Sospellois sont satisfaits de ne plus avoir à descendre à Menton pour du carburant.

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Thomas Ribaud Publié le 07/05/2025 à 08:15, mis à jour le 07/05/2025 à 08:15
"Cette station nous offre un confort non négligeable", a souligné Pierre. Photo T. R.
1.000 litres de carburants avaient déjà été écoulés hier, à 15h. Photo T. R..

"Une des meilleures choses qui soient arrivées cette année."

C’est ainsi que Pierre, Sospellois de naissance, qualifie l’ouverture de la station-essence communale, opérationnelle depuis hier matin. Il faut dire que le quinquagénaire est habitué, depuis l’incendie de la précédente station de Sospel en 2016, à faire près de 40 kilomètres aller-retour pour faire le plein à Menton. "On perdait une heure pour rien. Cette ouverture nous offre un confort non négligeable. Tu diras merci à Jean-Mario!", lance Pierre en s’adressant à Christophe Brunengo, premier adjoint au maire de Sospel, Jean-Mario Lorenzi.

"Des années qu’on attendait ça"

Quelques minutes après son départ, c’est au tour de Julien Ghuibaut de venir faire le plein. Et lui aussi en profite pour remercier l’équipe municipale. "Je suis à fond pour la station-service. Ça fait des années qu’on attend ça, que le tourisme pâtit de ce manque, et que les Sospellois sont contraints de ramener des bidons plein d’essence de Breil ou de Menton", appuie-t-il.

Étant lui-même gérant d’un garage au village, il raconte avoir dépanné un nombre incalculable d’habitants dont les véhicules étaient tombés en rade d’essence. "Et cette galère concernait également les habitants des villages alentour", ajoute Mathieu Medard, responsable des services techniques de Sospel et habitant de Moulinet. "Nous sommes fiers et satisfaits du résultat, après près de cinq années de dur labeur, souligne de son côté Christophe Brunengo. Le projet a démarré dès le début de notre mandat, en 2020."

L’élu rappelle qu’à l’époque, certaines entreprises privées songeaient à installer leur propre station, dans la zone d’activité, derrière la gare. "Mais la rentabilité n’était pas au rendez-vous. Ils ont donc fini par jeter l’éponge au bout de deux ans de réflexion."

"On a rencontré des problèmes pour trouver le bon terrain, puis on a mis six mois à réussir à y installer l’électricité. Pour le paiement en carte bancaire, on a dû installer une borne 4G à défaut d’y avoir la fibre, liste Richard Colson, directeur général des services de Sospel. Ce fut compliqué à toutes les étapes." Même les finitions se sont avérées plus compliquées que prévu, puisque l’ouverture de la station a été initialement annoncée pour le 1er avril. "On a franchi chaque barrière une par une", conclut Christophe Brunengo.

"Un moteur de dynamisme pour un village"

Des barrières, il en reste encore une à franchir. Celle du recours en justice. Car il est encore techniquement possible que le projet soit déclaré illégal. En effet, l’Aspona – Association pour la sauvegarde de la nature et des sites de Roquebrune-Cap-Martin, Menton et environs – a attaqué le permis de construire de la station-essence, en 2023. À l’époque, la mairie a fait le choix de refuser d’attendre la réponse judiciaire pour lancer les travaux. Une décision légale et saluée par les habitants du village, qui n’interdit pas pour autant la justice de se prononcer, même après la fin des travaux. Le dossier est toujours en cours et le tribunal administratif n’a toujours pas communiqué de date d’audience. Concrètement, l’Aspona affirmait dans son bulletin de juillet dernier que "la commune étant soumise au règlement national d’urbanisme à la suite de l’annulation de son PLU, elle ne peut engager d’opérations en dehors de son périmètre urbanisé". Christophe Brunengo répond: "La station se situe dans une zone aux portes de l’urbanisation. Ça nous semblait être le meilleur endroit, à l’écart du cœur de la commune. Nous avons délibéré, en conseil municipal, en invoquant l’utilité publique du projet, qui doit prendre le dessus sur tout le reste."

Sur l’argument des qualités végétales des lieux, l’élu souligne que "la partie végétalisée par le projet de construction est plus importante que la partie artificialisée". En effet, la zone exacte où se situent les pompes était déjà goudronnée de longue date. À l’image de son premier adjoint, Jean-Mario Lorenzi n’était pas inquiet à la mi-avril, dans les colonnes de Nice-Matin: "Je pense que ce recours en justice va faire “plouf". Ils n’oseront plus ordonner le démontage de la structure ». Et Christophe Brunengo d’évoquer "la pression des commerçants de la vallée, des professions libérales, des motards et camping-cars qui passent par là le week-end…" "L’accès à l’énergie est un moteur de développement et de dynamisme pour un village", corrobore Mathieu Medard.La seule station essence communale du département

Pour satisfaire toutes ces populations, la mairie a donc choisi de construire la seule station essence communale du département. "La structure a été l’objet du vote d’un budget spécifique, en conseil municipal. Par conséquent, il ne faut ni que la station soit déficitaire, ni qu’elle soit bénéficiaire. Notre seul but est de proposer ce service au prix le plus bas pour les habitants. Mais nous sommes contraints de trouver un juste équilibre", explique Richard Colson, directeur général des services de Sospel. Hier, le sans-plomb 95-E10 était proposé à 1,847 euro le litre, le 98 à 1,886 euro le litre, et le gazole à 1,674. Des prix au-dessus de 2 dixièmes de la station-service Auchan du boulevard Fuon Santa, à Nice, concernant le sans-plomb 95-E10. Ce dernier est également moins cher d’un dixième et demi à l’Intermarché de Menton. "On ne peut pas s’aligner sur les prix de ces stations essence. On paie le transport des carburants. On les achète même parfois plus chers qu’ils ne sont vendus en ville!" En dépit de ces tarifs légèrement supérieurs, 1.000 litres de carburants avaient déjà été écoulés hier, à 15h, par la nouvelle station sospelloise.

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