À trois jours de l’ouverture des Francofolies de Spa, en Belgique, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête.
La cause? La présence à l’affiche du chanteur Amir, ancien finaliste de The Voice et star de la variété française… mais aussi, selon un collectif d’artistes, son soutien silencieux à la politique israélienne et à son armée.
Résultat: une première artiste claque la porte, dix autres montent au créneau.
C’est Yoa, l’une des figures montantes de la scène pop française, qui a dégainé la première. Annoncée le 18 juillet sur la scène belge, elle a annulé sa venue. Sur Instagram, la chanteuse de 25 ans ne tourne pas autour du pot:
"Mes convictions sociales, politiques et humanistes vont à l’encontre du fait de partager la scène avec un artiste qui ne reconnaît pas le génocide en cours en Palestine, et ayant participé à des événements en soutien à l’armée israélienne".
Elle s’excuse auprès de son public, remercie les organisateurs pour leur ouverture, mais reste ferme sur le fond: impossible, selon elle, de cautionner cette programmation.
Une lettre ouverte pour dire le malaise
Yoa n’est pas seule à exprimer son malaise. Dix autres artistes - Colt, Lovelace, Nicou, Lauravioli, Isaac, Libra Romea, CHOSE, SMR, Nkey et Mado - ont cosigné une lettre ouverte dénonçant la présence d’Amir.
S’ils n’annulent pas leur venue, ils n’en sont pas moins clairs: "Nous nous désolidarisons fermement de la décision de programmer Amir", écrivent-ils.
Parmi les éléments mis en cause: un concert donné par Amir dans la colonie de Hébron en 2014, sa participation à une soirée de soutien à Tsahal organisée par Yoni Chetboun, figure de l’extrême droite israélienne, et surtout, son silence face aux actions de l’État d’Israël à Gaza.
Les Francofolies assument leur choix
Interpellée, l’organisation des Francofolies de Spa n’esquive pas. Elle reconnaît un contexte international "dramatique", se dit "révoltée par la tragédie en cours à Gaza" et admet avoir reçu de nombreux appels à la déprogrammation. Mais elle ne bouge pas. Amir restera.
"Nous avons fait le choix de programmer Amir pour ce qu’il est: un artiste de chanson populaire. Ses concerts sont connus pour leur caractère rassembleur et festif", expliquent les organisateurs, qui affirment ne pas vouloir "projeter autre chose que ce que dit et chante l’artiste".
Une position nuancée, qui n’a pas suffi à désamorcer les tensions. Pour ses détracteurs, Amir est devenu, qu’il le veuille ou non, un symbole – et sa présence sur scène, une prise de position.
Une polémique qui dépasse le cadre du festival
La controverse ne s’arrête pas aux portes de Spa. Fin juin, le concert d’Amir à Lens avait déjà été perturbé par des militants pro-Palestiniens.
À la fin du mois, sa venue à la Gardan’Party, dans les Bouches-du-Rhône, fait aussi polémique. Des élus appellent au boycott, tandis que la CGT demande un débat.
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