Nurseries à poissons, bouées d'amarrage, restauration écologique... Comment aider à réparer le vivant sur le littoral méditerranéen

Équiper cent ports de Méditerranée avec des nurseries à poissons; placer des bouées d’amarrage sur les sites sensibles; lancer la restauration écologique. Des solutions fondées sur la nature font florès.

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Sonia Bonnin Publié le 01/09/2025 à 04:15, mis à jour le 01/09/2025 à 04:15
Comment restaurer faune et flore marine? Comme ici, dans un port, avec une "biohut". Photo DR/ecocean

Il y a une douzaine d’années, on en était au stade expérimental. Désormais, ces initiatives sont en passe d’être généralisées. Les nurseries à poissons, d’abord installées en pointillé le long des quais, devraient bientôt gagner toutes les zones portuaires.

C’est l’objectif que se fixe l’Agence régionale de l’eau qui a déjà co-financé ce type de structures immergées dans 56 ports, entre 2019 et 2024. Il en reste 34 à équiper.

Alors qu’elle lance son 12e programme d’intervention sur la période 2025-2030, l’Agence affiche "l’ambition de restaurer 100% des fonctions de nurseries côtières qui ont été détruites par les aménagements du littoral des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie". Là où le littoral a été artificialisé. Là où les jeunes poissons ne trouvent ni le gîte, ni le couvert.

20 à 40% de juvéniles en plus

"Il faut imaginer un quai. Sur un quai vous avez zéro juvénile. Il n’y en a aucun, car le poisson de quelques centimètres se ferait manger, expose Pierre Boissery, expert des milieux côtiers à l’Agence de l’eau. Les nurseries côtières offrent des petits abris. Dans les ports équipés, nous observons de 20 à 40% de juvéniles en plus."

Des recherches sont en cours, pour mieux connaître la diversité des espèces et savoir où vont ensuite ces poissons quand ils grandissent. Mais d’ores et déjà, l’expérimentation est confortée et "évaluée".

"On n’a pas d’ambiguïté à inciter les acteurs locaux à mettre en place ces solutions", poursuit Pierre Boissery. D’ici la fin de la décennie, une centaine de ports méditerranéens français devraient être dotés de nurseries pour les poissons.

Pour les herbiers de posidonie aussi, la protection a largement progressé. Selon l’Agence de l’eau, "le nombre de mouillages des navires de plus 24 mètres sur l’herbier a baissé de 93% par rapport à 2022."

La nouvelle réglementation, qui interdit aux bateaux de grande plaisance de jeter l’ancre dans les herbiers, porte ses fruits. Dans les secteurs les plus fragiles, organiser le mouillage de tous les navires n’est plus un tabou. Un programme important est lancé à Antibes, visant à protéger totalement 75 hectares de posidonie.

Quant aux techniques de restauration des herbiers, elles sont de mieux en mieux rodées. "Déjà, il faut rappeler qu’on n’arrache pas de l’herbier vivant pour le planter là où il a disparu. On ramasse des morceaux d’herbiers arrachés par les ancres et on les replante sur des sites favorables." Si l’herbier transplanté est encore vivant trois à quatre ans plus tard, il a de fortes chances de tenir.

Taux de survie de 80%

La richesse de gorgones pourpres, dans un récif de coralligène. Photo We are Méditerranée.

"Les observations dans les Alpes-Maritimes montrent que les herbiers sont en croissance", poursuit Pierre Boissery. 4.000m² ont été repiqués dans le secteur de Beaulieu et Villefranche, avec un taux de survie de 80%, "donc la technique est opérationnelle". Méthode également appliquée dans un projet mené aux îles de Lérins.

Certains sites très dégradés témoignent de l’immense perte de posidonie, le long de nos côtes depuis un demi-siècle. Désormais, le fort déclin est enrayé.

À l’échelle de la Méditerranée française, la moitié des herbiers sont stables, un quart est en progression (entre les caps de l’Estérel et de Brégançon) et le dernier quart en recul (entre Fréjus et Sainte-Maxime, et entre Antibes et Menton).

Mais tout le milieu marin n’est pas aussi bien protégé. Les fonds sableux, les macro-algues et le coralligène, pour lesquels "on est encore en manque de connaissance", font l’objet de recherche et expérimentation. Le coralligène est un écosystème à part entière, comme l’herbier de posidonie, mélange d’algues calcaires et d’organismes vivants.

Retenir les plastiques

Parmi les programmes que l’Agence de l’eau maintient et même élargit, il y a "les aides à la réduction des apports de plastiques à la mer, notamment par temps de pluie."

Grâce à "des filets de rétention", les macro-déchets transportés par les réseaux d’assainissement peuvent être empêchés de partir à la mer. Si elles souhaitent s’équiper, les collectivités peuvent être aidées à hauteur de 50% du coût total.

Hausse des températures

Soutenir les écosystèmes, leur bonne santé, leur richesse naturelle, est le seul atout dont nous disposons face au changement climatique.

"On peut préserver ou améliorer la qualité des milieux, mais il y a des sujets qu’on ne maîtrise pas aujourd’hui, notamment la température des eaux qui est un sujet immédiat, alerte Nicolas Mourlon, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Empêcher l’augmentation de la température, on n’y arrivera pas, mais le milieu se défendra mieux s’il est en capacité de développer l’ensemble de ses fonctions. S’il est solide, si les espèces bénéficient de surfaces de quiétude, pour se reproduire et se nourrir."

Cela permettra aux écosystèmes d’être davantage résilients – et donc de capturer le carbone, ou d’empêcher l’érosion des côtes.

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