Netflix et le Festival de Cannes sont en guerre depuis 2017, on vous explique pourquoi

Alors que le Festival de Cannes fera son retour du 6 au 17 juillet, après une édition 2020 annulée, Netflix, présent pour la première fois il y a 4 ans, sera de nouveau aux abonnés absents. La plateforme américaine et le temple français de la cinéphilie sont même en froid. Explications.

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F.C. Publié le 03/06/2021 à 17:26, mis à jour le 03/06/2021 à 17:34
L'entrée du Palais à Cannes lors du mini-festival, qui a eu lieu en 2020. Photos archives Patrice Lapoirie

Cette année encore, Netflix sera aux abonnés absents lors du Festival de Cannes. Une disparition qui questionne encore, 4 ans après la double sélection de 2017. "Tout film qui souhaitera concourir en compétition à Cannes devra préalablement s'engager à être distribué dans les salles françaises", avait fermement expliqué la direction du festival dès l'année suivante. Une conviction que le président, Thierry Frémeaux, a réitérée lors de la conférence de presse de ce jeudi 3 juin.

"Nous continuerons à inviter Netflix, mais les films doivent sortir dans les salles françaises, point. S'ils ne s'y plient pas, ils resteront hors compétition", s'est-il plaint. Pour le grand retour du festival cannois après une année d'absence en 2020 pour cause de crise de la Covid-19, le géant américain du streaming était encore sur toutes les lèvres. "Nous regrettons évidemment leur absence, mais ils ne sont pas capables de négocier", a asséné Thierry Frémeaux, qui a par ailleurs promis la présence cette année d'au moins un blockbuster américain diffusé sur la plage. 

2017, la lune de miel

Les cinéphiles se souviennent pourtant avec émotion du mariage "contre-nature" qui avait uni en 2017 le géant américain et le plus grand festival de cinéma du monde. À l’époque, pour la première fois, Cannes accueillait Netflix à bras ouverts dans sa compétition, pour un tapis rouge aux allures de soirée canapé.

Okja, du réalisateur coréen Bong Joon-ho, et The Meyerowitz Stories, de l'Américain Noah Baumbach, étaient présentés en Sélection officielle et faisaient l'événement. Sans qu'aucun des deux films (nommés chacun sept fois, mais repartis bredouille) ne prennent la peine de sortir en salles. Les deux longs métrages s'étaient donc retrouvés sur Netflix simultanément à leur projection au Palais des festivals.

Un petit tour, et puis Netflix s'en va

Problème: en temps normal, Netflix ne projette jamais ses films au cinéma et les diffuse directement sur sa plateforme. Cette simultanéité défie la fameuse chronologie des médias chère à notre pays. La règle est pourtant claire: en France, la télévision doit attendre au minimum 3 ans avant de pouvoir diffuser un film sorti en salles. Or, Netflix, considéré comme une plateforme télévisuelle, devrait se plier à cette loi. Impossible pour un service dédié à l'immédiateté. Devant l'ire des exploitants de salles françaises en 2017, le festival avait fait machine arrière.

Faute de compromis acceptable de la part du géant américain, l'organisation du festival s'est braquée. Dès 2018, plus de films Netflix à Cannes, à l'exception de possibles productions hors compétition. Pis-aller que la plateforme américaine, vexée, boycotte depuis, prétextant que certains de ses films "ne sont pas prêts à être montrés". D'où son absence pure et simple.

Cinéma ou télé, les Français n'ont pas envie de choisir

Cette guerre ouverte était déjà apparue sur le devant de la scène lorsque l'hôte de la cérémonie d'ouverture de l'édition 2019, Edouard Baer, avait lancé une pique à Netflix lors de son discours. "Le cinéma, c'est la salle de cinéma, c'est le collectif, la chaleur humaine. C'est sortir de chez soi plutôt que de rester là à manger des pizzas en regardant Netflix", s'était-il moqué.

Soirée canapé ou salles obscures, télécommande ou tapis rouge, il faudra donc choisir entre le géant américain, roi du monde pendant la pandémie, et les salles de cinéma, dont les organisateurs du Festival de Cannes ont d'ailleurs rappelé à juste titre qu'elles furent assaillies, dès le déconfinement, par des Français en manque de films.

Une bonne nouvelle pour le septième art. Et la preuve qu'on peut jongler entre (et apprécier) les deux. Deux salles, deux ambiances. Une guerre, mais peu de victimes collatérales pour le moment.

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