Dans "Avignon", Baptiste Lecaplain est Stéphane, un comédie en perte de vitesse qui débarque avec sa troupe au Festival d’Avignon pour jouer une pièce de boulevard. Il y recroise Fanny (Elisa Erka), une comédienne de renom, et tombe sous son charme. Profitant d’un quiproquo pour se rapprocher d’elle, Stéphane s’enfonce dans un mensonge qu’il va devoir faire durer le temps du festival…
Voici trois choses à savoir sur le comédien
1. Il a mérité son succès
En tournée avec Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère dans un trio au succès colossal (plus de 300.000 spectateurs depuis janvier), Baptiste Lecaplain se souvient de ses débuts. "J’ai démarré dans un café-théâtre de 45 places, puis 80, jusqu’au Bataclan en 2012. A ce moment, les médias ont parlé de “révélation", mais j’avais bossé des années dans l’ombre», raconte-t-il. Ce bouche-à-oreille, qu’il juge plus fort que les réseaux sociaux, a construit sa carrière. Il reste aussi conscient de la pression qui l’entoure. "Pour le Trio, on a tout vendu un an avant, ça met une pression énorme, mais on a bossé d’arrache-pied pour ne pas décevoir."
2. Il connaît bien Avignon
Pour lui, le Festival d’Avignon est une expérience fondatrice. "J’y ai joué trois fois, c’est génial pour travailler un spectacle. Tu joues tous les jours, tu apprends l’humilité", explique-t-il. Rappelant aussi la brutalité du Off: "Sur 1300 à 1500 spectacles, la moitié disparaît après une semaine. Et il y a des sacrifices. J’ai vu une mère auto-produire ses fils, ils ont arrêté au bout d’une semaine, criblés de dettes." Avignon lui a appris à respecter ceux qui galèrent et à valoriser sa chance d’être soutenu par un producteur, renforçant son lien avec le théâtre vivant.
3. Il est romantique dans l’âme
Dans Avignon, il est Stéphane, un rôle qui révèle son côté romantique. "C’est moi de 15 à 22 ans, triste en amour, amoureux de filles qui ne voulaient pas de moi", dit-il. Ce personnage, inspiré de sa jeunesse et des confidences du réalisateur Johann Dionnet, reflète sa sensibilité. Fan de comédies romantiques comme L’Arnacœur ou Ma vie en l’air, il voit dans ce genre des "Disney pour adultes". "Ces romcoms me faisaient du bien quand j’avais des peines de cœur. Pour moi, la séduction passe par la fragilité et l’authenticité, et cela se perçoit dans ce feel-good movie."
Notre avis
In ou Off ? Au festival d’Avignon, les tensions entre petites compagnies qui louent des théâtres et leurs homologues « officiellement » programmées sont parfois là, avec, en toile de fond, la question de la crédibilité artistique. Un contexte qui se prête bien à la comédie romantique de Johann Dionnet, qui parvient à retranscrire l’atmosphère du rendez-vous théâtral estival, en prenant le point de vue d’un comédien qui peine à assumer être à l’affiche d’une pièce de café-théâtre au succès modeste. Afin d’impressionner une actrice renommée, il prétend jouer dans Le Cid de Corneille. Les quiproquos s’enchaînent, Stéphane jongle entre ses obligations et s’enferme dans son mensonge.
À défaut de surprendre dans sa structure, cette comédie, Grand Prix au festival de l’Alpe d’Huez, trouve le ton juste et ne se sert pas du cadre avignonnais comme prétexte pour raconter une love story. Johann Dionnet, qui transpose ici en format long son court Je joue Rodrigue, s’attache aussi à montrer la difficulté des petites compagnies qui galèrent et se battent au milieu de mille autres pour faire exister leur création.
DE JOHANN DIONNET (France), avec Baptiste Lecaplain, Alison Wheeler, Lyes Salem... Comedie. 1 h 43. Notre avis : 3/5.
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