En 1962, Yann Le Masson filme la parole de militantes algériennes à leur sortie de prison en France. Plus de 50 ans après, alors que la bande-son a disparu, Raphaël Pillosio part à la recherche de ces femmes. Un film-enquête qui raconte leur histoire silencieuse. Un film-essai sur le cinéma qui figure leur disparition, et pour toujours, les garde vivantes…
Une proposition riche de sens
Des images en noir et blanc. Des femmes qui parlent, mais dont on n’entend pas la voix, comme dans un film muet. Les premières images du documentaire de Raphaël Pillosio sont fortes et attirent immédiatement l’attention du spectateur, qui va être rapidement invité à se demander quels ont été ces fameux Mots qu’elles eurent un jour.
Captivant, avec sa structure empruntée au polar, la proposition évoque la guerre d’Algérie en prenant le point de vue de femmes militantes. En parallèle, il s’agit, comme dans Le Garçon de Zabou Breitman et Florent Vassault, de parler des gens invisibles, inconnus, d’essayer de comprendre leur histoire et de les mettre en lumière. Une démarche noble, qui, associée à la qualité de la mise en scène et au côté politique pleinement assumé, débouche sur une proposition riche de sens. Et ce d’autant plus qu’on a l’impression que les rares survivantes cherchent à fuir ce passé. À cela s’ajoute, en toile de fond, une réflexion sur le cinéma et le montage, par ces images montrées à plusieurs reprises par un cinéaste qui cherche à capter le regard, l’attitude, la soif de renouveau de ces Algériennes, en essayant également de lire sur leurs lèvres pour lever le mystère.
De Raphaël Pillosio (France). Documentaire. 1h24. Notre avis: 4/5.
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