Albert Bacheret (Damien Bonnard) est un père dévasté par la disparition inexplicable de sa fille de huit ans. Alors que la police semble incapable de résoudre l’affaire, il décide de mener sa propre enquête et reçoit l’aide inattendue de Sayoko (Ko Shibasaki), une énigmatique psychiatre japonaise. Ensemble, ils kidnappent des responsables du "Cercle", une société secrète. Mais chaque nouvel indice mène à un nouveau suspect qui présente toujours une version différente des faits... Obsédé par la vérité, Albert va devoir naviguer entre sa soif aveugle de vengeance et une spirale infinie de mensonges.
Un remake 27 ans après
27 ans après Le Chemin du serpent, Kiyoshi Kurosawa propose… La Voie du serpent. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une suite, mais d’un remake qui transpose l’action du Japon en France. Exit donc les yakuzas, place à une société secrète que tentent de démanteler les deux personnages principaux, en n’hésitant pas à employer la manière forte.
Là où le film original associait deux hommes en quête de vérité, ce cru 2025 mise sur la parité. Aux côtés de Ko Shibasaki, qui incarne une psychiatre impassible, Damien Bonnard est un père endeuillé prêt à tout pour assouvir sa vengeance. Un rôle de composition, à fleur de peau, comme il les affectionne. "Kiyoshi ne m’a pas précisé ce qu’il voulait explorer. Il parlait surtout de sa volonté de questionner le thème de la vengeance. C’est comme Monet revisitant un même sujet avec des couleurs différentes. Ses anciens films, tournés en pellicule, utilisaient des effets spéciaux artisanaux. Aujourd’hui, il tourne toujours de longs plans-séquences, mais avec des moyens modernes. J’ai perçu cela, sans chercher plus loin, ni même voir le film original", explique l’acteur.
À défaut d’être parfait, en raison d’un rendu cheap et d’un jeu parfois approximatif autour de Bonnard, l’exercice vaut pour son côté poisseux et sa capacité à tisser un suspense solide, calqué sur le concept des poupées russes, où chaque méchant kidnappé semble en cacher un autre…
Projet hybride
Comme on peut s’y attendre sur un tel projet, la barrière culturelle et le souhait d’ancrer le film sur notre territoire ont été l’une des principales difficultés rencontrées par l’équipe. " C’était un défi avec – un scénario traduit du japonais, d’une culture éloignée. Mais j’adore travailler avec des réalisateurs étrangers et cette idée de créer ensemble, en dépit de codes différents. Ici, j’ai beaucoup discuté avec Kurosawa pour comprendre comment aborder ces différences, comme une réplique ironique dite avec légèreté dans un moment grave, ce qui est typique des mangas. J’ai aussi proposé une idée de Fight Club : jouer comme si Koshiba, la psy, était uniquement dans ma tête et représentait une part sombre d’Albert. Kurosawa a validé, et j’ai alterné entre jouer le présent et l’imaginaire", ajoute l’interprète des Intranquilles, avant de revenir sur son approche pour faire jaillir l’émotion. "Le scénario demandait des extrêmes: tuer, rire, pleurer. Pour être dans cet état fragile, je dormais peu, entre 1h30 et 3h quotidiennement, avec des micro-siestes. L’insomnie rend vulnérable, facilitant ces basculements émotionnels."
Une démarche atypique, déconcertante, reflet de ce long-métrage hybride que l’on verra davantage comme une curiosité, un essai de son auteur, entre deux propositions plus solides, comme le thriller Cloud sorti en juin dernier.
>DE KIYOSHI KUROSAWA (France/Japon), avec Damien Bonnard, Mathieu Amalric, Ko Shibasaki... Thriller. 1h52. Notre avis: 2/5.
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