Alors que les yeux de la planète sont braqués sur Nice où une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement réfléchissent à la façon de sauver nos océans, au Marineland d’Antibes fermé au public depuis le début de l’année, l’avenir de douze dauphins et de deux orques, tous nés en captivité dans des grandes piscines d’eau salée de la Méditerranée, reste toujours très incertain.
Il y a quelques jours, Marineland a déposé une demande de permis pour transférer 10 dauphins vers le delphinarium de Malaga en Espagne. Concernant les deux orques, la direction confirme que des discussions sont en cours entre l’Espagne, la France et le parc pour transférer Wikie et Keijo vers le Loro Parque de Tenerife.
"Bassins du parc en fin de vie"
En avril dernier, le gouvernement espagnol s’était pourtant opposé à ce transfert. Une autorité scientifique espagnole avait conclu que les infrastructures d’accueil n’étaient pas adaptées. Depuis, c’est une situation de blocage qui pèse sur les salariés du parc, et notamment les soigneurs qui restent présent aux côtés des animaux. "Cette situation est infernale à vivre pour eux, le personnel est épuisé de ne pas savoir", martèle depuis des semaines la direction du parc qui confirme aussi une nouvelle fois qu’il y a urgence à déplacer les orques et les dauphins, "à Antibes, les bassins du parc sont en fin de vie".
"Le gouvernement nous demande de trouver des solutions, confie encore à Nice-Matin la direction du parc, c’est ce que nous faisons. Transférer dix de nos dauphins vers le Selwo Marina de Malaga, c’est une solution réfléchie. Ce delphinarium appartient comme Marineland au groupe Parques Reunidos et il a les mêmes standards. Le gouvernement a deux mois pour donner suite à ces permis, nous espérons sincèrement que ce sera positif. Nous aurons ensuite six mois pour organiser le transfert des dauphins, en sachant que l’été il fait trop chaud et que le trafic aérien est trop important pour ce genre d’opération. Mais nous devons anticiper pour le bien-être de ces animaux."
Concernant les deux orques Wikie et Keijo, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique présente à Nice pour l’ouverture du Sommet des océans, reconnaissait dans nos colonnes que "les sanctuaires n’existent pas". "Oui, que ce soit pour les dauphins, comme pour les orques, ça n’existe, pas abonde Marineland. Il n’y a pas d’autres solutions que de transférer Wikie et Keijo dans une autre structure. Et nous continuons de travailler pour cela avec le Loro Parque de Tenerife qui reste d’accord pour les accueillir dans des conditions optimales. Des discussions sont en cours avec les gouvernements français et espagnol et nous-même pour débloquer cette situation. Il n’y a pas d’autres solutions que celle-ci pour les deux orques, si ce n’est celle du Japon, mais la ministre s’y était opposée."
C’est à Barbara Pompili - à l’initiative de la loi sur la maltraitance animale qui interdit à compter de 2026 les spectacles de cétacés - qu’Agnès Pannier-Runacher a confié la difficile mission de trouver "une solution durable où ces animaux puissent finir leur vie". Selon nos informations, elle a reçu il y a quelques jours les trois principales associations - One Voice, Sea Shepherd et Tilikum’s Spirit - mobilisées depuis des mois "pour faire un état des lieux de la situation". Marineland espère à son tour pouvoir rencontrer prochainement celle à qui la ministre de la Transition écologique a confié le sort des douze dauphins et deux orques de Marineland.
Une expertise sur l’état des bassins demandée par Sea Shepherd
À noter aussi qu’une nouvelle expertise de l’état des bassins du parc a été ordonnée par la justice après une requête de l’ONG Sea Shepherd. "C’est une demande que nous avions faite avant le refus de l’Espagne d’accueillir les cétacés, explique Lamya Essemlali, la présidente de l’association Sea Shepherd France. Au vu du caractère inquiétant des déclarations de la direction de Marineland concernant les dégradations des bassins, nous demandons à l’état d’imposer à Marineland la réalisation de travaux nécessaires à la mise en sécurité des animaux dans leur environnement. Il n’y aura alors plus d’urgence à déplacer les animaux comme le prétend la direction de Marineland. L’expertise vise aussi à déterminer la compatibilité du bien-être des animaux avec un transfert en mettant en avant l’illégalité des autorisations d’importation délivrées par le gouvernement de ces animaux à des fins commerciales."
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