"Il faut prendre conscience de tout ce qu'il nous apporte": le renard partiellement déclassé de la liste des "nuisibles" dans les Alpes-Maritimes
Le classement de la martre comme espèce "nuisible" à travers la France, mais aussi de la fouine, du renard ou de la pie dans certains départements, a été annulé par une décision du Conseil d'Etat rendue ce mardi 13 mai et saluée par les ONG.
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Sandrine Beigas (avec AFP)Publié le 14/05/2025 à 16:45, mis à jour le 22/08/2025 à 11:49
Le renard roux et partiellement déclassé et voit son sort amélioré dans les Alpes-Maritimes. Photo STEPHANE ETIENNE/Istock
"La destruction systématique d'animaux sauvages pour limiter leurs impacts sur nos activités humaines est à la fois injuste et inefficace", a réagi Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), auprès de l'AFP. "Alors que la biodiversité connaît un effondrement dramatique, il n'est pas acceptable de perpétuer ce massacre inutile", a-t-il ajouté.
Plusieurs associations de défense de l'environnement avaient attaqué devant la haute juridiction administrative un arrêté pris en 2023 par le gouvernement pour déterminer les "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts" (ESOD), autrefois qualifiées de nuisibles. Ce classement permet de les tuer par piégeage ou par tir, généralement sous condition, pour préserver des activités agricoles ou d'élevage.
L'arrêté est "annulé" en tant qu'il inscrit la martre, un petit mammifère carnivore, "parmi les espèces susceptibles d'occasionner des dégâts" à travers tout le pays, indique dans sa décision le Conseil d'Etat.
"Sort amélioré" pour le renard
La martre, un petit mammifère, est déclassée dans les 26 départements où elle était encore considérée comme "nuisible".Photo slowmotiongli/Istock.
La fouine, le renard, le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde, l'étourneau sansonnet et le geai des chênes échappent à cette classification dans certains départements seulement.
Pour motiver sa décision, le Conseil d'Etat détaille la présence jugée "significative" ou non des animaux localement, ainsi que leurs éventuels dégâts.
Dans les Alpes-Maritimes, le renard, jusqu'ici classé chassable et nuisible, voit son "sort amélioré", comme le précise l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Il ne peut plus être régulé par la méthode de vènerie sous terre ou déterrage, une pratique particulièrement cruelle.
Chaque année, 530 000 renards sont tués en France, comme le rappelle la LPO Paca. Toutes les formes de chasse sont utilisées: tir, piégeage, chasse à courre, battues administratives et vènerie sous terre.
Pourtant, comme l'explique la LPO, un renard est "capable de capturer jusqu’à 6.000 petits rongeurs chaque année, notamment des campagnols, qui détruisent les cultures et permet en ce sens d’éviter l’utilisation de produits toxiques couteux et néfastes à l’environnement".
Il limite également les risques épidémiques"en participant à l’élimination des animaux malades et des cadavres". La diminution de leur population a pour effet "de faciliter la propagation des maladies transmises par les tiques présentes sur leurs proies (campagnols, mulots, écureuils, etc.), telle que la borréliose de Lyme", précise l'association, en s'appuyant sur des études scientifiques.
Les ONG France Nature Environnement, Humanité et Biodiversité et Animal Cross ont salué, dans un communiqué commun, une décision "qui sanctionne des classements abusifs".
"Les petits prédateurs, comme la martre, sont des auxiliaires précieux de l'agriculture car ils contribuent à réguler les populations de rongeurs", soulignent-elles, appelant à revoir la réglementation.
One Voice s'est félicitée d'une "victoire historique", en dénonçant "le caractère infondé et absurde des critères utilisés pour fixer cette liste".
"Il est grand temps d'abandonner ces réflexes d'un autre âge et de prendre conscience de tout ce que nous apportent ces animaux, à l'image des renards, qui se nourrissent de surmulots et freinent la propagation de maladies", écrit l'association requérante, qui recevra 3.000 euros de l'État pour ses frais de procédure.
Cette décision est entrée en vigueur ce mardi 13 mai et devrait courir au moins jusqu’au 1er juillet 2026, date à laquelle devrait être adopté un nouvel arrêté triennal, précise l'Aspas.
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