La découverte donne envie de bramer d’émotion! Trouver, coup sur coup, deux paires de bois de cerfs à quelques mètres de distance, voilà qui ne se trouve pas sous le sabot d’un cervidé. C’est pourtant la belle double découverte faite par un jeune couple, dans la Gordolasque.
Guillaume et Charlène viennent de s’installer à Belvédère. Elle est aide-soignante à Roquebillière. Il a été cuisinier à Nice et à Saint-Jean-Cap-Ferrat et nourrit quelques projets à concrétiser. Tous les deux se promènent dernièrement, quelque part dans la Gordolasque. Sans but particulier. Sans l’idée de trouver un trophée quelconque. Soudain, là devant eux, deux bois de cerf. Magnifiques. Intacts. Posés l’un à côté de l’autre.
"Déjà, trouver deux bois comme ça, sur le sol, côte à côte, c’est très rare", commente Guillaume. Mais l’appel de la forêt ne va pas s’en tenir à une seule édition. À 50 mètres du lieu de la première découverte, rebelote: "Une seconde paire. Là encore, pareil, les deux bois posés l’un à côté de l’autre. Deux paires en même temps, ce n’est pas banal. J’en ai déjà ramassé, mais pas autant en même temps... C’est un signe de la nature. On était euphoriques..."
Une chute des hormones mâles
Ces bois, perçus comme une offrande magique, Guillaume et Charlène vont les garder. "En guise de décoration." C’est une chance, bien sûr, d’avoir mis la main concomitamment sur ces quatre organismes osseux couronnant la tête des cervidés, mais quelque part, c’est normal et de saison. "Ces bois étaient tout frais, un peu perlés de sang", rajoute Guillaume.
Ce phénomène, Jean-Pierre Caujolle, président départemental de la Fédération des chasseurs, nous l’a expliqué: "À la fin de l’hiver, à partir de fin mars, les cerfs perdent leurs bois, car cela correspond à une chute des hormones mâles. Cela commence fin mars et dure deux mois. Les bois tombent, tout seuls, et d’autres repoussent derrière en seulement trois mois!" C’est peut-être pour cette raison, que le cerf, superbe mélange équilibré de douceur et de détermination, est un symbole de fécondité et de résurrection.
Les cervidés perdent leur parure d’os à l’endroit où ils sont. Naturellement. "Quand on trouve un bois, conseille Jean-Pierre Caujolle, il faut chercher l’autre autour." Une perte douloureuse? "Non, cela ne leur fait pas mal. Ce qui est plus sensible, c’est le velours."
Armes de défense
Le velours? Oui. Entre mars et juillet, le cerf est qualifié de "cerf en velours". Durant la repousse, les bois sont irrigués de sang et sont recouverts d’une fine peau d’aspect velouté. Lorsque l’irrigation cesse, la peau meurt. Résultat: "Le cerf va se frotter aux branches et aux arbres pour accélérer la chute des lambeaux de velours." Une fois la peau enlevée, la sensibilité disparaît et le cerf peut alors de nouveau se servir de ses bois plus grands et plus vigoureux que les précédents comme armes de défense. "Cela coïncide aussi avec la période du brame du cerf au début de l’automne."
Il n’y a pas que les jeunes spécimens qui perdent leurs bois. Les plus vieux aussi, mais le processus est différent. "Quand les cerfs vieillissent, les bois n’arrivent plus à remonter normalement ou alors ils repoussent tordus."
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