"C'est un choc pour moi": après l'attaque de loup sur son troupeau, cet éleveur des Alpes-Maritimes a vendu toutes ses vaches

Denis Longfellow, éleveur à Sainte-Agnès, près de Menton, a récemment vendu l’entièreté de son troupeau de vaches, après 50 années d’élevage. Les dernières attaques en série du loup l’ont poussé à arrêter.

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Thomas Ribaud Publié le 16/07/2025 à 05:00, mis à jour le 16/07/2025 à 12:17
Sous le choc de la récente attaque de loup sur son troupeau, Denis Longfellow a pris la décision de vendre toutes ses vaches. DR

Pour la première fois de sa vie, Denis Longfellow se retrouve sans animaux. "C’est un choc pour moi."

Ces dernières semaines, ce paysan et éleveur de 72 ans a vendu son troupeau de 22 vaches à un jeune berger installé à la Madone de Fenestre, après pas moins de 50 ans de labeur au côté de bêtes, dont une trentaine à Sainte-Agnès. "Ces vaches sont de vrais bijoux, pures races, les mamelles hautes, qui vivent ici depuis 20 ans."

Qui d’autre que le loup pour pousser un éleveur à prendre une telle décision? "Les attaques devenaient incessantes et incontrôlables." Bien que Denis Longfellow soit un habitué de la difficile cohabitation avec le loup depuis plusieurs décennies, tout s’est accéléré ces dernières semaines. "Le 20 juin, vers 23h30, j’ai entendu une vache crier comme une mère qui perd son enfant. Le lendemain matin, elle m’a amené à son petit, qu’elle a passé la nuit à défendre. Il boitait lorsque je l’ai ramené à la maison. Le veau a survécu une semaine avant de cesser de téter. Il souffrait beaucoup. Je n’ai pas eu d’autre choix que de l’abattre."

"Un début de meute dans les parages"

Le lendemain de cette première attaque, des cris de désespoir ont à nouveau déchiré la nuit, d’après l’éleveur originaire des États-Unis. "Au petit matin, j’ai trouvé une petite vache morte, au pied de la falaise. Trois jours plus tard, le piège photo qui filmait le corps a enregistré le passage d’un renard, d’un sanglier, de ma chienne… et de deux loups! Il y a donc un début de meute dans les parages", affirme l’éleveur, avec son fort accent américain et ses yeux d’un bleu azur.

Enfin, le 30 juin, une nouvelle péripétie s’est ajoutée aux galères de Denis Longfellow. "Vers 20h, un voisin m’a alerté que mes vaches étaient en train de descendre la route en courant. En 40 minutes, elles étaient au village. Et j’ai appris que cette nuit-là, vers 4h du matin, un loup a laissé une crotte en plein centre de Sainte-Agnès."

"C’est l’État qui est responsable"

Le désormais ancien éleveur en conclut aisément que ces bêtes fuyaient l’animal. "Les vaches savent se défendre face au loup, sauf lorsqu’ils sont plusieurs à essayer de les séparer de leurs veaux. C’est ça qui change tout: il ne s’agit plus d’un loup solitaire", estime-t-il. D’autant que le septuagénaire estime que le prédateur n’a plus grand-chose à se mettre sous la dent, dans la vallée. D’où ces attaques répétées. "Il n’y a presque plus de sangliers. Le loup est fainéant, il va au plus facile!" Sa colère, Denis Longfellow ne la tourne pas contre le prédateur, mais contre le préfet du département, la chambre d’agriculture et plus globalement l’État. "Ce sont eux les responsables. C’est devenu incontrôlable et ils ne font pas leur boulot! Sous-prétexte de fausses vertus écologiques, le loup n’est pas assez régulé. Et les comptages sont faux", affirme-t-il.

"Un jeune qui arrive là-dedans, on le tue!"

L’éleveur critique également l’Office français de la biodiversité (OFB), dont un agent est venu constater les dégâts, à la suite des récentes attaques que ses vaches ont subies. "Je ne leur en veux pas, mais ils n’y connaissent rien au loup. Ils sortent tout juste de leurs études, ne viennent pas du milieu et ne connaissent que les livres. Moi ça fait 30 ans que je côtoie le loup, sur le terrain."

À l’avenir, Denis Longfellow va s’occuper de vendre ses immortelles communes, de petites plantes jaunes utilisées pour produire des huiles essentielles. L’éleveur espère vendre au plus vite son installation agricole à un repreneur. "Ça fait déjà 4 ans que j’essaie. Mais je veux que l’installation reste pérenne. Un jeune qui arrive là-dedans, entre le loup et les démarches administratives, on le tue! Le problème de fond, c’est que demain, il n’y aura plus d’éleveurs dans les Alpes-Maritimes. La souveraineté alimentaire est déjà très faible dans le territoire, et le sera encore plus si ça continue!"

Deux loups ont été filmés par un piège photographique, près de Sainte-Agnès, d’après l’éleveur. DR.

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