Quel est cet impressionnant navire militaire en escale en Principauté ?

Depuis samedi et jusqu’à ce mardi, un "chasseur de mines" français trône face au Yacht-club. Venu se ravitailler, il vient également célébrer l’amitié et la coopération franco-monégasque.

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Sacha Tisic Publié le 23/04/2024 à 10:52, mis à jour le 23/04/2024 à 11:19
Amarré depuis samedi en face du Yacht-club, le bâtiment militaire Pégase reprend la route ce mardi, direction l’Espagne. (Photo Dylan Meiffret)

Légèrement caché derrière la Capitainerie, au niveau du quai de l’hirondelle, il y a un navire qui détonne avec les autres yachts, super-yachts et pneumatiques plus ou moins luxueux. Depuis samedi et jusqu’à aujourd’hui, le bâtiment militaire de la marine française, le Pégase, est en escale en Principauté. Plus précisément en "relâche opérationnelle" et en représentation diplomatique.

Et c’est le commandant - souhaitant conserver l’anonymat - qui nous ouvre les portes de son imposant chasseur de mines pour en livrer tous les secrets.

Le Pégase est ce qu’on appelle un "chasseur de mines". Il agit dans le cadre de la "guerre des mines" que le commandant détaille.

"La menace des mines est double. C’est une menace historique d’une part avec les mines mouillées pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Et une menace plus moderne, avec la présence de mines mouillées de manière offensives ou défensives", assure le chef du bâtiment, dans sa cabine du commandement. D’autant qu’avec la multiplication des câbles sous-marins ces dernières années, la protection des fonds marins apparaît encore plus comme un enjeu de souveraineté.

De ce postulat découlent les quatre missions du Pégase. La dissuasion : "S’assurer que les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de Brest, le porte avion et les sous-marins nucléaires d’attaque puissent prendre la mer en toute sécurité."

(Photo Dylan Meiffret).

Le Pégase assure aussi la protection "de nos approches maritimes" dans tous les grands ports français, la surveillance « des fonds marins » dans ces mêmes ports et enfin, la sauvegarde maritime, "où on dépollue les munitions historiques mouillées pendant les deux guerres". Son dernier fait d’armes remonte au 2 avril dernier... le Pégase avait identifié et neutralisé - lors d’une opération de quadrillage - sept obus suédois de 40 mm, au large des côtes corses.

L’une des grandes forces du Pégase, du haut de ses 51,5 m de long et de ses 40 ans de service, c’est sa capacité de projection. "Il peut rester loin pendant longtemps. Tous les deux ans, on mène une mission dans le Golfe arabo-persique au large de Djibouti ou du détroit d’Ormuz. Le bâtiment peut rester quatre mois et demi en mer", affirme le commandant.

Son autre attribut majeur ? Sa composition en verre - résine. "C’est un matériau amagnétique. Les mines peuvent exploser selon plusieurs facteurs d’influence comme le magnétisme. Tout est construit selon ce principe. Même la moindre clef. Rien n’est en fer. Et c’est un bâtiment très silencieux qui déplace une faible masse d’eau afin d’être le moins vulnérable possible", explique-t-il.

(Photo Dylan Meiffret).

Le Pégase dispose en outre de deux caméras de surveillance situées à l’avant et à l’arrière, d’un caisson de décompression, et d’un armement défensif conséquent composé d’un canon avant de 20 mm, de deux mitrailleuses de 12,7 mm, deux mitrailleuses de 7,62 mm et deux drones PAP (poissons autopropulsés) 104. Et pour gérer tout ce matériel, ce sont 49 marins, dont 10 femmes et six démineurs qui sont sur le pont.

Pour plusieurs raisons. La première invoquée par le commandant est celle de la "relâche opérationnelle". Concrètement, le bâtiment fait le plein de vivres pour sa prochaine expédition et décharge ses déchets. Le navire se reconditionne car avant d’arriver samedi en Principauté, le Pégase a suivi 15 jours de manœuvres dans le cadre de l’exercice "Olive Noire" à Toulon - dans le cadre de la coopération maritime européenne "EUROMARFOR" mais sous commandement français - en présence de 13 autres pays alliés.

Mais si le Pégase stationne à Monaco, c’est aussi et surtout pour célébrer les 12 ans du traité de coopération franco-monégasque signé à Paris en 2002. Celui-ci dispose dans son article premier que "la République française assure à la Principauté de Monaco la défense de son indépendance et de sa souveraineté, et garantit l’intégrité du territoire monégasque comme le sien". Après ça, le navire militaire mettra le cap sur l’Espagne dès ce mardi, où de nouvelles opérations de mises en situation attendent l’équipage du Pégase dans le cadre de la mission "Spanish Minex".

(Photo Dylan Meiffret).

Déminage en mer, mode d'emploi

Dans son "central operation", le marin dispose d’un sonar avec deux types d’antennes. "Une qui détecte de loin mais qui voit mal, l’autre qui classifie très bien mais pas loin", résume le commandant.

Avec ces antennes, et l’œil aguerri des opérateurs, il est possible de déterminer si un écho peut s’apparenter ou non à une mine.

"Si ça ressemble effectivement à une mine, on l’identifie, puis on envoie un poisson autopropulsé (PAP) ou une équipe de démineurs. S’il s’avère que c’est bien un engin explosif, on renvoie un PAP ou des plongeurs avec des explosifs pour contre-miner. C’est un schéma qui est bien rodé aujourd’hui."

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