Robert Redford, l’homme qui murmurait à l’oreille du cinéma

Disparition Acteur iconique et réalisateur brillant, l’Américain Robert Redford s’est éteint à l’âge de 89 ans dans l’Utah et laisse derrière lui l’une des filmographies les plus abouties et complètes du septième art.

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Mathieu Faure Publié le 16/09/2025 à 16:40, mis à jour le 16/09/2025 à 16:40
Robert Redford avait 89 ans. Photo AFP AFP

"Il y a des copains qui disent que je ressemble plus à Robert qu’à Redford".

La blague est de Didier Bourdon, alors membre des Inconnus dans une parodie de Tournez Manège! au milieu des années 90. C’est plutôt cocasse de commencer une nécrologie par une blague. C’est vrai. On aurait aussi pu citer La classe américaine, le film parodique de Michel Hazanavicius dans lequel le duo formé par Robert Redford et Dustin Hoffman dans Les hommes du Président est affublé des pseudonymes Peter et Steven.

Quand on a eu droit à autant d’hommages, de son vivant, dans l’humour français c’est que l’on avait forcément tout d’un grand. Parce que oui, Robert Redford, qui s’est éteint à l’âge de 89 ans dans sa ville de Provo dans l’Utah, était un Monsieur. Avec un M majuscule.

Le mont Rushmore du cinéma

Acteur, réalisateur, créateur de festival et premier défenseur du cinéma indépendant (Sundance), le natif de Santa Monica, en Californie, rassemblait tous les prérequis pour figurer sur un mont Rushmore hypothétique du cinéma américain.

Redford était beau, classe, mèche blonde incroyable et regard malicieux.

Robert n’avait pas l’autorité naturelle, ni le conservatisme d’un Clint Eastwood ni la folie d’un Jack Nicholson mais il était doux, romantique, poétique.

C’était un acteur qui aimait sortir de son cocon, lui qui a découvert Paris et ses beaux-arts à l’âge de 20 ans et qui n’a jamais eu peur d’aller voir comment s’écrivait le monde loin des USA.

Rien d’étonnant à ce que son premier rôle soit celui d’un GI idéaliste en pleine guerre de Corée dans War Hunt en 1962. Physiquement mais aussi dans l’idéologie, il y a un peu de la famille Kennedy dans Redford, un subtil mix entre John et Bobby, ce souffle nouveau qui a porté le pays dans les années 60.

Paul Newman 2.0

D’entrée Redford ne rentre pas dans le moule, tiraillé entre la caste que représentent Hollywood et le laboratoire artistique qu’est New York.

A la place, il pose ses guêtres dans l’Utah, à Provo, où il se fait construire un ranch et commence son travail artistique. Il écrit, lit, réfléchit, sonde, s’interroge et puis arrive son premier coup d’éclat: Butch Cassidy et le Kid. Paul Newman, un parfait parallèle à la beauté magnétique de Redford, incarne Butch Cassidy quand Redford est le Kid. Certains y voient une passation de pouvoir alors que les deux acteurs n’ont que onze ans d’écart.

Mais l’essentiel est ailleurs, Bobby est dans la place. C’est une star lancée sur l’autoroute du succès. Dans la foulée de ce premier succès fou (40 millions de dollars de recette pour un budget de 6,5), Redford s’illustre dans L’Arnaque, Les Trois jours du Condor sous la caméra de son alter ego et fidèle ami Sydney Pollack, Les Hommes du Président, Un pont trop loin, Brubaker, Out of Africa, Proposition indécente, Spy Game et on en passe.

La filmographie est dense, hétéroclite, certains diront parfaite. Amoureux du cinéma et des cinéastes, Redford passe logiquement derrière la caméra et signe des chefs-d’œuvre: Et au milieu coule une rivière, L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, Quiz Show. Avec lui, le regard critique sur l’Amérique est subtil, pointu, rarement violent ni gratuit et sa capacité à sublimer des jeunes cracks est évidente (Brad Pitt, Scarlett Johansson).

Cette volonté d’indépendance va s’illustrer dans la création du festival et de l’institut Sundance, dans les montagnes de l’Utah, avec cette envie de promouvoir le cinéma indépendant et d’auteur comme personne à partir du début des années 80. L’accomplissement total d’un acteur qui l’était tout autant et qui, pourtant, n’aura jamais été consacré par un Oscar à l’exception de celui d’honneur reçu pour l’ensemble de sa carrière en 2002.

Mais Robert Redford n’est pas de ceux qui avaient besoin de breloques ou de statues pour savoir qu’il appartenait à la table des géants. Sur les réseaux sociaux, l’un des Gif les plus fréquemment employés reste son visage, barbu et hochant la tête, dans Jeremiah Johnson, sorti en 1972, quand il s’agit d’exprimer le sentiment d’approbation. Robert Redford c’était ça, c’était lui, un pan de la culture pop du début à la fin de son immense carrière.

Merci pour tout l’artiste.

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