La Ville de Cannes ciblée dans l’accident mortel du "petit train" qui avait coûté la vie à un enfant de 18 mois en 2020

Le parquet de Grasse a requis 80.000 euros d’amende contre la ville de Cannes pour homicide involontaire après la mort d’un garçonnet de 18 mois.

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Jean Stierlé Publié le 29/03/2025 à 12:01, mis à jour le 29/03/2025 à 12:37

C’est une mère dévastée par la douleur qui vient témoigner à la barre du tribunal judiciaire de Grasse.

Elle pleure son enfant décédé tragiquement et accidentellement sous les roues du petit train touristique, à Cannes le 4 août 2020, sur la promenade (le Parvis) Robert-Favre Le Bret.

Cinq ans après les faits, la voix étranglée par les sanglots, elle se rappelle avoir crié au chauffeur de l’engin "Arrêtez!"

Elle poursuit: "Voir encore et encore cette image me hante. Nous avions une relation quasi fusionnelle. Je suis détruite, anéantie. On ne m’a pas donné la chance de voir mon fils grandir".

Le petit N., 18 mois à l’époque des faits, n’a pas échappé à la vigilance de sa maman. Ce sont quelques secondes où il regarde en sa direction. Il fait chaud. Elle vient de lui ôter son tee-shirt. Il ne voit pas arriver le petit train et c’est le drame.

Il sera happé par la machine malgré la manœuvre d’évitement du chauffeur, et décédera à l’arrivée des secours.

Homicide involontaire

Poursuivi pour homicide involontaire, le conducteur aujourd’hui à la retraite était un professionnel expérimenté. Il conteste l’argument selon lequel sa vitesse était excessive lors du passage sur cette zone piétonne: "La vitesse était adaptée. On avait la consigne de rouler au pas, d’utiliser la cloche. J’ai passé la première, ce qui réduit la vitesse entre 6 ou 10km/h".

Selon lui, l’allure n’était pas celle rapportée par un expert, qui estime "que le train roulait vite par rapport à la configuration des lieux, à la vitesse d’une trottinette électrique".

Les cris de la mère ont-ils été couverts par le son de la cloche qu’il a actionnée? Les panneaux d’exposition de photos d’un célèbre animateur disposés le long du parcours ont-ils masqué l’enfant à sa vue lorsque celui-ci débouche sur la gauche?

Pour Me Jean Boudot, représentant la partie civile, ce petit train n'avait rien à faire sur cet axe piétonnier, bondé de vacanciers, à proximité des plages. Il s'insurge: "J’ai plus la mairie dans le collimateur".

Il constate davantage "la sincérité des témoignages de l’exploitant et du conducteur" qui ont fondu en larmes et en excuses pendant leurs témoignages.

Pour lui, "les choix de la défense [de la Ville] sont inaudibles", laissant entendre que chacun se renvoie la balle, commune et préfecture, suggérant même que la commune avait passé outre ces autorisations, et aurait donné un "bip" permettant d’accéder aux lieux du drame (bornes escamotables) "parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions, à part de passer par la chaussée", encombrée. Ce qui aurait réduit le nombre de rotations et la rentabilité de l’exploitant.

Aux intérêts du chauffeur, Me Émilie Lopez déclare: "Je ne crois pas qu’il y ait un coupable à tout prix. Il conduisait les petits trains depuis 2008 et n’a jamais eu d’accident" et demande la relaxe de son client.

Aux intérêts de l'exploitant, Me Zakaria Guerouabi s'insurge contre "toute tentative d’entente entre son client [l’exploitant] et la commune. Il n’y a pas de voyous sur ces bancs; [mais reconnaît que] la société a une responsabilité, il n'y a pas débat". Il demande la relaxe.

Aux intérêts de la mairie de Cannes, Me Denis Del Rio s'interroge de savoir "s’il serait la personne [représentée] la plus détestable de ce dossier et se demande a quelles obligations j'aurais [la commune] manquées".

Le ministère public avait requis trois ans de prison avec sursis pour le chauffeur, 50.000 euros d'amende pour l'exploitant et 80.000 euros d'amende pour la mairie. Le délibéré sera rendu le 18 avril 2025.

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